Selon le sous-titre de cet ouvrage, le climat a connu « une histoire bien chahutée ». Olivier Postel-Vinay n’est pas scientifique, mais, longtemps rédacteur en chef du magazine scientifique La Recherche, il a une excellente connaissance des travaux à partir desquels il nous conte allègrement cette aventure du climat depuis les origines de l’homme.
Depuis que Sapiens est né en Afrique, les températures du globe ne cessent de changer. Dans ce contient où il vivait depuis quelques dizaines de millénaires, les immenses lacs Tanganyika et Malawi ont perdu à deux reprises 95% de leur eau. Les âges glaciaires et interglaciaires ont alterné. Il y a 127 000 à 114 000 ans avant notre ère, il faisait plus chaud qu’aujourd’hui dans la majeure partie du globe. Mais une nouvelle période glaciaire s’est installée à partir de 73 000 ans avant notre ère jusqu’à un nouvel âge interglaciaire qui s’est ouvert il y a 12 000 ans et jusqu’à aujourd’hui avec de sensibles variations. Les changements climatiques ont parfois été soudains et très prononcés : « de 5°C à 16°C en quelques décennies, donc sans commune mesure avec celui que nous connaissons et envisageons pour le prochain siècle ». Si tant est qu’il se confirme car Olivier Postel-Vinay rappelle aussi qu’au milieu du siècle dernier une majorité de scientifiques du climat craignait un refroidissement.
Au demeurant, l’humanité semble avoir plus profité des réchauffements que des refroidissements. Ceux-ci réduisaient le niveau des mers et favorisaient les migrations des petites bandes humaines chassées par le froid qui pouvaient traverser à sec bien des isthmes. Mais ce sont les environnements chauds, comme ceux qu’a produit le Bolling à partir du 12ème millénaire avant notre ère, qui ont favorisé la naissance et le développement des premières civilisations. Le désert saharien était vert alors. Au demeurant, rien n’est durable. Après 1500 ans de chaleur une nouvelle ère glaciaire, le dryas, refroidit la Terre pendant plus d’un millénaire avant qu’un nouvel optimum climatique s’instaure et favorise la naissance de l’agriculture dans plusieurs régions du monde sans lien entre elles. Il y eut des époques de l’holocène récent, entre 9 000 et 5 000 ans avant notre ère, où les températures furent plus élevées qu’aujourd’hui, où la calotte glaciaire du Groenland fut de 60 mètres moins élevée qu’actuellement et les glaciers plus courts qu’ils ne sont, tandis que le niveau des mers était plus haut. Le froid revint encore avant la chaleur qui favorisa encore la prospérité agricole, les villes, les échanges. Alors, note l’auteur, au Moyen Orient, « la notion de propriété se renforce, avec des techniques de marquage et de comptage ».
Les peuples et les dynasties se font et se défont sous les effets du climat sans que celui-ci en soit la cause unique. Rome a sans aucun doute profité d’un climat favorable. De 100 ans avant notre ère à 200 ans après elle, le climat méditerranéen a été stable et chaud : « La période 21/50 a représenté les trente années les plus chaudes de notre ère jusqu’aux années 2000 ». Mais les deux derniers millénaires ont connu aussi leurs alternances, déjà décrites brillamment par Emmanuel Leroy Ladurie, abondamment cité, entre l’optimum médiéval (900/1300) et le petit âge glaciaire qui a suivi. Ces changements induisent des évolutions et parfois des révolutions. Mais c’est souvent une chance, une occasion de réagir. Le philosophe et historien des sciences Pascal Acot notait dans son Histoire du climat (2004), dont l’analyse est proche de celle d’Olivier Postel-Vinay, que même à l’occasion des pires variation climatiques, quelles qu’en soient les causes, « tout se passe toujours comme si la catastrophe représentait une chance, un nouveau départ pour le vivant ».
Pour satisfaire à un certain déconstructionnisme ambiant, qu’il critique au demeurant, il a remplacé dans une partie de son livre la datation d’avant Jésus-Christ par une autre d’avant Socrate. On s’y perd un peu et cette soumission à la doxa n’était ni utile ni bienvenue. Mais l’essentiel est que son ouvrage, d’une lecture agréable, permet à chacun de comprendre aisément combien il faut se méfier des prophètes de malheur qui voudraient imposer au monde de revenir à l’âge des cavernes ou pour le moins à l’ère préindustrielle pour lutter contre le réchauffement. Le climat est une mécanique extrêmement compliquée à laquelle l’homme a sans doute sa part, mais peut-être bien peu au milieu de bien d’autres déterminants tels que les variations de l’orbite de la Terre autour du Soleil et celles de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre, les vacillations et les incertitudes des cycles orbitaux, les « interactions mal comprises entre le volume des glaces terrestres, les cycles végétaux, le stockage de la chaleur par l’océan profond, le cycle du CO2 » , ou encore El Nino qui interfère avec les oscillations des différents océans et des pôles, les éruptions volcaniques, les taches solaires… « Pour la première fois de sa longue carrière, conclut l’auteur, Sapiens vit une crise climatique par anticipation ». Pourtant, l’homme a déjà su s’adapter à de si nombreuses et importantes variations climatiques ! Au surplus, l’histoire témoigne que les périodes chaudes ont toujours été favorables à l’humanité. Ne soyons donc pas dogmatiques.
2 commentaires
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Bonjour, il semble que l’apologie de la supercherie climatique soit en leger déclin, pas un jour ne passe sans lire un billet qui dénonce cette escroquerie en bande organisée: https://climatetverite.net/2022/11/30/la-radicalisation-rampante-du-militantisme-climatique/ Merci. Bien à vous