Nombreuses sont les raisons qui inspirent Dominique Decherf à faire revivre Ponce Pilate dans sa toge rouge, en train de débattre du sort de Jésus avec le grand prêtre Caïphe, tout de noir vêtu. Certes, ce préfet romain en Judée, connu pour sa droiture, a un rôle déterminant dans la passion du Christ. Sans lui, rien de ce qui était annoncé dans les Ecritures ne serait arrivé. Face au Crucifié qui apportait au monde ce dont il avait besoin, une autre dimension que la laïcité, le temporel et « la vérité extérieure », à savoir le religieux, le spirituel, la vérité intérieure, le fonctionnaire était dépassé par sa mission. Et c’est en cela qu’il nous ressemble et qu’il reste, peut-être, la personne des Ecritures la plus proche de nous. Car ce préfet de Judée, voué à la raison d’Etat, voulait éviter un désordre à l’Empire autant qu’aux autorités juives.
Comment alors prendre parti ? Le cœur du problème n’est pas l’attribution de la responsabilité, mais la connivence implicite du Romain et du Juif, qui optent pour la mort d’un seul homme au profit de la paix. L’auteur dénonce cette complicité comme un adage fondamentalement faux et criminel, éternellement présent dans les grandes tragédies humaines. Ainsi Pilate demeure toujours d’actualité, témoin faible et impuissant entre politique et religion. D’où ce nouveau livre qui lui est consacré, lui qui sans doute ne fut « pas dénudé d’affect » quand il se lava les mains…
2 commentaires
Sauf que Jésus est un personnage mythique (inventé par les écritures et réactualisé par Paul). Ponce Pilate est un personnage historique qui n’a évidemment jamais joué le rôle que décrivent des évangiles parus au milieu du deuxième siècle.
@rouchaville
Il me semble que nous avons des tas de preuves de la vie de Jésus Christ. Il est évident par ailleurs que les écritures sont de nature plus symboliques qu’historiques.