Les personnages sont nombreux et variés dans Tel-Kedar, petite ville israélienne en bordure du désert, plutôt harmonieuse entre son soleil de plomb et ses nuits fraîches.
Ils sont semblables à ce lieu, les uns font des promesses, d’autres s’agitent, d’autres se replient dans le silence. Ainsi Amos Oz décrit les multiples attitudes humaines sans le moindre jugement mais avec un tel réalisme que les travers des bonnes intentions finissent par percer. L’activisme permanent de Noa pour le moindre prétexte, tout en écartant l’intervention de Théo, célèbre urbaniste, ne camoufle-t-il pas son exaspération vis-à-vis de ce conjoint au corps vieilli, à l’œil gauche toujours à moitié fermé comme pour dissimuler un cœur qui bat encore trop fort ? Suite au décès d’un de ses élèves dû à une overdose, elle accepte de mener à bien la réalisation d’un centre de désintoxication. Le père du jeune défunt fait des promesses financières, l’agent immobilier du coin, coureur notoire de jupons, propose une offre exceptionnelle, le comité du projet voit dans ce centre d’accueil un creuset d’emplois.
Mais quand il s’agit de passer aux actes, d’accueillir des délinquants et d’ouvrir son compte bancaire, tout le monde se rétracte sauf celui auquel on ne pensait pas. Théo, alter-ego d’Amos Oz, fait preuve tout le long de son livre d’une douceur indéniable. Certes à l’altercation, il préfère se faire oublier dans le silence, convaincu qu’« on meurt plus par amour qu’à cause de la drogue ». Livre à trois voix, celle de Noa, celle de Théo et celle d’un narrateur omniscient, fin psychologue qui parvient à déceler l’accomplissement de l’être humain quand celui-ci aime tout simplement, sans chercher à briller…
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