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Les Mémoires de Revel pour mieux comprendre l’actualité

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Jean-François Revel a publié ses Mémoires en janvier 1997 sous le titre Le voleur dans la maison vide (Plon). Grâce à son ancien éditeur et ami, Laurent Theis, ce volume est à nouveau publié (collection Bouquins chez Robert Laffont) dans une édition intégrale comprenant plusieurs textes inédits ainsi qu’une série d’entretiens avec Revel. Résistant, normalien, d’abord marxiste, ensuite libéral, candidat socialiste à Neuilly avec la bénédiction de Mitterrand, défenseur de la révolution conservatrice américaine (qu’il a d’ailleurs anticipée), romancier sans le moindre succès, critique et historien d’art, spécialiste en gastronomie, philosophe et pamphlétaire surtout, Revel a été une véritable encyclopédie.

Au-delà de la qualité de l’écriture qui allie les méthodes et les artifices d’un conteur (Revel voulait sous-titrer son livre « roman de mémoire ») avec la précision des faits d’un vrai journaliste (grand lecteur de journaux, Revel a été directeur de l’Express et éditorialiste pratiquement jusqu’à sa mort, en 2006), l’ouvrage est une mine d’informations sur les soubresauts du monde à partir des années 1930 (il est né en 1924). Le (re)lire nous aide à comprendre ce qui se passe aujourd’hui et à se méfier de nombreuses tentations idéologiques… Même à l’époque où il était envoûté par les odeurs du marxisme, il avait compris l’essence criminelle du communisme. Il détestait l’autocratie et l’étatisme qu’il a pu voir à l’œuvre en Amérique latine où il a passé plusieurs années.

Très tôt, il fut pour une démocratie libérale qui s’appuie sur l’individu et la société civile comme aux Etats-Unis où il avait remarqué la vitalité d’un régime présidentiel contrôlé par un Congrès puissant. D’où sa critique du régime de la Ve République mise en place par de Gaulle – devenu aujourd’hui le modèle politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite – qui « considérait que le suffrage universel lui conférait les pleins pouvoirs ». La France de la Ve république est comme une « nation où la monarchie se cache sous la forme de la république ». Après avoir mis en place une « démocrature », le général de Gaulle allait développer, dans ces années difficiles sur le plan international, un anti-américanisme (anti-atlantisme) obsessionnel (« Il n’y a aucune différence entre la façon dont les Etats-Unis ont traité la France et la façon dont l’Union soviétique a traité la Pologne », disait de Gaulle) qui allait de pair avec un rapprochement perfide avec l’URSS (ce qui explique en partie le « poutinisme » actuel de la droite française).

En économie – on l’a trop vite oublié -, de Gaulle détestait l’entreprise privée et la Bourse (« La politique de la France ne se fait pas à la corbeille »). Les milliards jetés par les fenêtres dans des entreprises comme Bull, le Plan calcul, c’était bien de Gaulle…

Peu d’analystes ont saisi aussi bien que Revel la vraie nature de Mitterrand et du mitterrandisme qui allaient pourrir la République : « Jamais président de la République française ne se vautra avec autant de placide vulgarité et de tranquillité goulue que Mitterrand dans les avantages et commodités de sa fonction pour ses plaisirs personnels et ceux de ses parasites, flatteurs et courtisans. A la confiscation politique du pouvoir, encore aggravée par rapport à l’égocentrisme gaullien, il ajouta la confiscation financière de l’argent public et les profits mal acquis, dus à la corruption et à la plate délinquance, sous haute protection de l’Etat ». La France paye encore la catastrophe de l’Etat mitterrandien.

Sur l’Europe les mots sont durs aussi mais, ô combien, visionnaires. « L’Europe a été tellement détournée de ses fins initiales, écartelée entre les intérêts catégoriels et paralysée d’impuissance collective qu’on peut redouter, en ce crépuscule du siècle, qu’elle ne s’étouffe elle-même ».

On devrait prêter aussi plus d’attention aux pages consacrées à l’Ecole des cadres d’Uriage. On a tendance à critiquer et à vouloir supprimer (à juste titre) l’ENA mais avant elle, l’Ecole d’Uriage a formé de nombreux cadres (politiciens, journalistes, hauts fonctionnaires…) de la gauche et de la droite nourris de haine à l’égard de l’économie de marché, de l’individu et, bien entendu, de l’Amérique. Le journal Le Monde et la revue Esprit après la guerre ont très bien incarné cette mentalité marxisante et anti-libérale.

Revel a saisi, probablement mieux que Raymond Aron, l’impact du libéralisme économique et la faillite inévitable de l’économie dirigée. Il a souligné le phénomène de l’anti-américanisme et de l’antilibéralisme français. Car « ce phénomène d’hostilité au libéralisme, baptisé tantôt néo-, tantôt ultralibéralisme, est un phénomène européen et plus particulièrement français ». Le Pen et Mélenchon ont le même discours antilibéral et antimondialisation. Et pourtant, écrit Revel avec malice, c’est bien l’économie libérale qui a accompli les promesses du socialisme : sortir les gens de la pauvreté.

D’une lucidité rare et bénéficiant d’une culture encyclopédique, Revel s’appuyait toujours sur les faits dans ses analyses. Il nous manque énormément, mais même des années après sa mort, ses écrits nous aident à comprendre la marche du monde.

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1 commenter

MÜLLER 13 mai 2018 - 5:01

PAUVRE FRANCE
JE SUIS ENTRE DANS CE BEAU ET RICHE PAYS A L’AVÈNEMENT DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE
UNE LICENCE IV POUR 76 HABITANTS
13800 MORTS SUR LES ROUTES
ET JE ME SUIS A MILITER POUR FAIRE D'ALGER UN HONG KONG FRANÇAIS…

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