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« La liberté ne se discute pas »

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Les belles lettres, 2018, présenté par Alain Laurent

Nous sommes le 26 janvier 1978. Plus de 150 personnalités (intellectuels, artistes…) publient dans plusieurs quotidiens nationaux un long texte condamnant l’idéologie communiste et le marxisme. Parmi les signataires, Raymond Aron, l’un des instigateurs du texte, Jean-François Revel, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean d’Ormesson, Eugène Ionesco, François Fejtö, Jean-Marie Domenach, Jean-Louis Barrault, Jean-Claude Brialy, Claude Chabrol, Gérard Depardieu. L’originalité du Manifeste – car il s’agit bien d’un appel – provient du fait qu’il s’agit non seulement d’une condamnation forte du totalitarisme communiste, mais aussi d’un éloge des vertus du libéralisme et de l’individualisme. « La tâche des intellectuels, aujourd’hui, est d’exiger et de défendre chacune de ces libertés, en veillant à ce qu’elles ne soient pas parodie, dénaturation, mais ressaisissement et accomplissement de l’indivisible liberté… ». On annonce la constitution d’un Comité des Intellectuels pour l’Europe des Libertés qui remportera très vite un énorme succès. L’assemblée générale aura lieu le 21 février à l’hôtel Lutetia et choisira Eugène Ionesco comme président en titre du Comité.

Le C.I.E.L. connaîtra deux grandes périodes. La première s’étend de 1978 à 1981 et c’est une période de combat anticommuniste nourri par la dissidence soviétique, les événements en Pologne et les drames provoqués par le communisme asiatique. En 1979 paraît aussi le premier bulletin du CIEL ; des assises sont organisées en décembre où l’on réaffirme les fondements libéraux du comité : « Le libéralisme politique… est la seule conception et la seule pratique compatible avec la dignité de la personne humaine ». Le meeting organisé le 23 février 1981 à la Mutualité afin de soutenir les Polonais révoltés est digne des plus grands rassemblements politiques : plus de 1 000 personnes se déplaceront pour écouter Aron, André Bergeron, Jean Ellenstein ou Maurice Duverger.

L’élection de François Mitterrand en 1981 rebat un peu les cartes au sein du CIEL. Certains, comme Jacques Henric, quittent le navire, d’autres, comme Florin Aftalion et Pascal Salin, montent à bord ne serait-ce qu’en signant l’appel pour dénoncer la présence au gouvernement de membres du parti communiste. Les activités continuent sous forme de colloques et une véritable publication, La Lettre du CIEL, remplacera le bulletin. Tirée à 3 000 exemplaires, elle paraîtra douze fois jusqu’en 1986. Toutefois, à partir de l’automne 1983, la mort de Raymond Aron porte un coup fatal au CIEL. Il représentait non seulement la principale caution morale et intellectuelle du Comité mais aussi l’un des plus actifs membres. Tant bien que mal, les débats, les rencontres et les colloques continuent, organisés en fonction des thèmes proposés par ses différents membres : Ionesco (« La liberté fait-elle horreur ? »), Sollers (« La liberté en voyage »), le général Méry (« La liberté, oui, mais ça se défend »), Jacques Garello (« La liberté, premier levier de l’efficacité économique »). Le 27 avril 1985 se tient à la Maison de la chimie toute une journée consacrée à l’Individu et en octobre 1986 paraît la dernière Lettre du Ciel. Ce dernier numéro est rédigé presque exclusivement par A. Ravennes qui se réclame moins du libéralisme que du gaullisme dirigiste. L’idée libérale est déjà morte et avec elle le CIEL aussi.

Quarante ans après, une semblable initiative intellectuelle serait-elle encore possible ? C’est la question que se pose, à juste titre, Alain Laurent, membre fondateur et secrétaire général adjoint du CIEL, rédacteur en chef de La Lettre du CIEL. Face aux tentations protectionnistes, au dévoiement du libéralisme et à une Europe attirée par la bureaucratie, il est toujours nécessaire de rappeler l’importance de la liberté et de l’individu dans une démocratie. Le CIEL avait bien raison : « La liberté ne se discute pas ».

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4 commentaires

LEXXIS 12 février 2018 - 6:40

UNE LIBERTÉ QUI S'ÉTIOLE
Le problème essentiel de notre triste époque tient non pas à ce que la liberté ne se discute pas, mais qu'elle ne se discute plus. Les droits légitimes de l'individu reculent sans cesse devant la meute agressive et associative des bien pensants, la doxa des médias, les empiétements croissants de la puissance publique, ou le totalitarisme de la mémoire officielle. Le tout fait de l'histoire un sinistre catéchisme, où la propagande idéologique a remplacé la recherche obstinée et honnête de la réalité des faits et des actes.Mais, il faut le reconnaître, aujourd'hui encore, chacun reste libre d'obtempérer aux injonctions de tous ceux qui pensent pour lui ou d'aboyer avec la meute.

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p.pagès 27 février 2018 - 10:27

…Ou l'illusion de la liberté…
Tout à fait d'accord avec vous.

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rose6ris 5 septembre 2020 - 10:07

oraison funèbre de la civil occidentale qui a piétiné le dieu en l'homme
J'AI PUBLIé CETTE ORAISON SUr AMAZON FR la révérence pour l'autorité zmpêche de s'estimer soi-même l'être le plus fascinant sur la terre c'est soi-même et cette civilis qui meurt ..ça DEVRAIT NOUS ReJOUIR cette société punitive mérite de périr

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Rose-Iris 5 septembre 2020 - 2:35

je ne comprends pas votre demande,si vous voulez savoir ce que j'écris le mieux est de me lire ,écrire des mails pour moi est un supplice les mails c'est bon pour les prisonniers du possible je suis une pionnière de l'impossible cad une intempestive j'ai besoin de grands espaces et cette boite mail m'horrifie rose-iris

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