Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Une méconnaissance du libéralisme en France

Une méconnaissance du libéralisme en France

par
149 vues

En novembre 2020 est paru, pour l’Opinion et la Fondation Concorde, un sondage IFOP sur la popularité d’un certain nombre de valeurs, dont le libéralisme, auprès des Français. Les résultats sont étonnants : ils montrent une confusion générale sur le libéralisme et une perception négative, souvent illogique, de certains éléments majeurs liés à cette philosophie, entretenue à bien des égards par les faiseurs d’opinions. Une tendance d’autant plus inquiétante que le pays traverse une crise profonde qui va être récupérée par les étatistes de tous bords.

Des paradoxes dans la perception du libéralisme par la population française

Selon le sondage, 55% des Français disent aimer le libéralisme et 56% l’économie de marché. Pourtant, seulement 28% approuvent le capitalisme, 34% la mondialisation et 35% les privatisations. S’il est possible d’avoir du capitalisme sans libéralisme (par exemple du capitalisme de connivence comme en Russie ou un capitalisme contrôlé comme en Chine), le libéralisme ne peut pas exister sans le système capitaliste. Des valeurs comme l’initiative (92%) et le mérite (91%) sont plébiscitées, tout comme l’entreprise (83%) et l’auto entreprenariat (79%), mais les services publics le sont aussi avec 74%. Si ce dernier point peut être interprété comme un soutien aux fonctions régaliennes de l’Etat qui font partie d’un pays libéral, la vision de l’Etat par la population française est là aussi paradoxale.

L’Etat évoque quelque chose de positif pour 58% des Français (soit un peu plus que le libéralisme) mais l’Etat providence est globalement rejeté avec uniquement 36% de la population jugeant cette valeur positive. Pourtant, 50% des Français voudraient que l’Etat intervienne plus dans l’économie et 32% souhaitent que le niveau d’interventionnisme actuel se maintienne. Un résultat incohérent compte tenu que le système actuel français est déjà cet « Etat providence » qu’ils rejettent, comme en témoigne le taux des prélèvements obligatoires dans le PIB, le plus élevé de l’OCDE.

Une vision plus proche du « libéralisme américain » que du libéralisme classique

On peut en partie expliquer ces résultats, en apparence paradoxaux, par la confusion qui s’est installée entre le libéralisme classique et le « liberalism » au sens américain du terme. Comme le rappelait Alain Laurent dans son livre paru en 2006 « Le Libéralisme americain : Histoire d’un détournement », le « liberalism » s’est écarté du sens originel pour se rapprocher des idées socialistes, devenant un synonyme de social-démocratie. Le « libéralism » se montre plus que sceptique envers la suprématie de l’individu, préférant une démarche plus collectiviste. Cela se traduit par un interventionnisme et un poids étatique dans la sphère économique et sociale qui peut s’avérer extrêmement important (le New Deal du président Franklin Roosevelt avait augmenté l’impôt sur le revenu jusqu’à un taux de 75% pour les personnes gagnant plus de 500,000 dollars). Ce « libéralism » s’oppose donc au libéralisme classique que l’on peut qualifier d’authentique, qui, lui, prône la propriété privée, une intervention limitée de l’Etat, le libre choix du consommateur sur un marché concurrentiel, et une fiscalité réduite.
Le problème, en France (comme dans un nombre croissant de pays occidentaux), est que seul le « liberalism » est jugé acceptable médiatiquement, le second étant honni, qualifié d’ultra-libéralisme ou de néolibéralisme. Ironiquement cette dernière expression est apparue lors du colloque de Lippmann en 1938 pour désigner un « libéralisme » hostile au laissez-faire : le néolibéralisme est ainsi, dans son sens véritable, un synonyme du « libéralism américain », à l’opposé donc de la signification méprisante qui lui est couramment donnée aujourd’hui. C’est ainsi que Macron a pu être considéré comme un libéral, alors qu’il est surtout social-démocrate.

Des faiseurs d’opinion hostiles au libéralisme ?

Cette situation n’est pas le fruit du hasard : elle résulte de l’hostilité à certains aspects du libéralisme qu’affiche une majorité de faiseurs d’opinion, personnes privées ou professionnels qui influencent le grand public. Or, comme le démontre l’étude « Que pensent les penseurs ? Les opinions des universitaires et scientifiques français » d’Abel François et Raul Magni-Berton (2015), l’économie de marché est vue de manière négative par la majorité des universitaires : 57% considèrent que la concurrence est source de problèmes plus que de bienfaits (page 57). De plus, si 96% d’entre eux considèrent que la libre circulation des personnes est une bonne chose, seulement 53% sont favorables à celle des capitaux (page 86). Enfin, du coté des médias, l’ancrage socialiste des rédactions de la presse française a été mis en avant par une étude d’Harris : en 2012, ils auraient été 74% à voter pour François Hollande au second tour.
Dès lors, les laboratoires d’idées et les partisans du libéralisme classique ont plus que jamais un rôle à jouer afin de promouvoir un libéralisme authentique et montrer ses bienfaits, tout en se battant contre l’usurpation du terme et la destruction des valeurs fondamentales qu’il recouvre.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

5 commentaires

gaston79 14 décembre 2020 - 8:43

réformer l'Etat
On se demande bien comment promouvoir le libéralisme, ou tout simplement le défendre, au regard des obstacles cognitifs qui l’accompagnent : son histoire, ses origines, son contenu sont quasi inconnus de nos contemporains ; son intitulé est majoritairement l’objet d’ opinions ou de contresens a priori négatifs décourageant même de l’étudier ; et quant aux libéraux eux-mêmes, ils sont souvent divisés en de nombreuses chapelles proportionnelles à la part d’Etat que chacun accepte de faire entrer dans le système qu’ils défendent .
Pour ajouter à la confusion, les ennemis a priori du libéralisme, les socialistes, n’hésitent pas à revendiquer un certain libéralisme cantonné à certaines revendications sociologiques : les libertés d’opinion, les libertés comportementales (cannabis, avortement , mariage gay.. etc) , tout en s’opposant violemment à toute forme de liberté économique, exigeant l’ administration par l’Etat de tous les moyens de production !
On mesure ainsi le nombre d’obstacles que les libéraux ont à franchir pour espérer convaincre un jour leurs contemporains du bien fondé de leur système !
Il existe pourtant un ressentiment majoritaire dans le pays contenant en germe l’un des principes fondateurs du libéralisme, c’est l’opposition contre l’absolutisme d’un Etat envahissant, bureaucratique, autoritaire, centraliste, irresponsable, éloigné de plus en plus de ses « administrés » tout en voulant cependant s’occuper de tout.
Tous les courants libéraux ne s’entendent pas sur la dose acceptable d’Etat dans leur système, mais tous sont d’accord pour commencer par en diminuer le poids.
Ce n’est pas à mon avis en changeant de nom le libéralisme mais en désignant comme cible la réduction du poids de l’Etat tous azimuts et l’amélioration de son efficacité, quand bien même il ne s’agirait que d’un objectif stratégique, qu’on amènera nos contemporains à introduire progressivement dans leur logiciel intime des ressorts libéraux.

Répondre
Jean-Michel THUREAU 14 décembre 2020 - 9:15

DÉMOCRATIE DIRECTE POUR LA FRANCE
LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, UNE “DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE“

La cinquième République Française, en place depuis plus d’un demi-siècle, s’est discréditée par un bilan catastrophique : chômage de masse, pauvreté, exclusion, crise du logement, crise de l’agriculture, crise de la pêche, crise de l’industrie, crise de la médecine, crise de l’enseignement, crise de l’aménagement du territoire, crise de l’immigration, insécurité, prélèvements obligatoires excessifs, surendettement de l’État, corruption, gaspillages etc.

Tous ses gouvernements successifs, de droite ou de gauche, compétents ou incompétents, honnêtes ou malhonnêtes, sympathiques ou antipathiques, ont, à peu près également, contribué à la descente aux enfers de notre Pays. La continuité remarquable des principaux indicateurs économiques en est la preuve.

Il serait donc faux de croire que la personne des gouvernants et leur orientation politique, ont pu jouer un rôle central dans cette faillite. Il serait également illusoire de penser qu’un homme providentiel ou un parti nouveau auraient pu (ou pourraient à l’avenir) obtenir de meilleurs résultats.

Le problème est essentiellement structurel :

Techniquement, la Constitution de 1958 attribue le monopole du pouvoir politique au Président élu s’il est également le chef du parti majoritaire à l’Assemblée Nationale (c’est le cas général).

Mais, ce monopole n’est pas un monopole absolu. Dans toute société humaine, il existe, à côté du pouvoir politique, des pouvoirs de fait, mouvements politiques d’opposition, syndicats, églises, organisations non gouvernementales, monopoleurs, business men en position dominante, bureaucraties, médias etc.

Le pouvoir politique est donc, en permanence, obligé de composer avec des minorités qui défendent des privilèges ou cherchent à en acquérir. Sollicités, bousculés, attaqués, débordés, les gouvernants n’ont ni le temps, ni le désir, de s’occuper des sans pouvoir qui représentent pourtant la majeure partie de la population.

Les bras de fer ou luttes ouvertes entre pouvoir officiel et pouvoirs de fait se terminent inévitablement par des compromis dont le peuple est la victime finale. Le système fonctionne automatiquement comme une machine à écraser les petits.
Si les arbitrages se font au détriment des simples citoyens, c’est tout simplement parce qu’ils sont les seuls à n’avoir aucun pouvoir pour se défendre. Dans ce contexte, un dirigeant politique qui souhaiterait sincèrement favoriser le peuple se heurterait automatiquement à l’hostilité d’une (ou plusieurs) minorité(s) à fort pouvoir de nuisance. C’est ainsi que l’exploitation des sans pouvoir empire inexorablement au fil du temps et que les nations gouvernées par des régimes non démocratiques sont les plus violentes et les plus pauvres.
Pourtant les hommes de pouvoir et les médias qu’ils contrôlent, ne manquent aucune occasion de rappeler que la “Cinquième“ est une démocratie ou, plus précisément, une “démocratie représentative“. L’article 3 de la Constitution le proclame : “La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum“.

En réalité, les rares référendums n’ont lieu qu’à l’initiative des gouvernants et sur des thèmes imposés par eux. Et, quand le résultat ne leur convient pas, ils le font simplement annuler par un vote des élus en sens contraire.
Le 29 mai 2005, les Français ont été appelés à voter pour ou contre la ratification d’un traité établissant une Constitution pour l’Europe. 54,68% des votants ont répondu NON. Pourtant, dès février 2008, on a déjugé les électeurs et mis en place un traité proche de celui qu’ils avaient refusé en 2005.
Finalement, le seul pouvoir qui soit accordé aux Français de base est d’élire leurs représentants. Ces élections au suffrage universel sont présentées par le monde politique comme une preuve suprême de démocratie. En fait, l’électeur n’a le choix qu’entre des candidats issus de partis politiques qui vivent tous du système. Et, à l’intérieur des partis, les candidats sont désignés par un processus qui tient plus de la cooptation maffieuse que du libre choix des militants. Les Français l’ont bien compris qui s’abstiennent massivement lors des élections.
Quoi qu’il en soit, le mode de désignation des responsables n’est qu’un aspect secondaire des systèmes politiques. Seul, le pouvoir de décision est essentiel, si le peuple en est privé, un régime ne peut pas être démocratique. C’est le cas de la Cinquième République Française et aussi de tous les régimes qui l’ont précédée (Républiques, Empires, Royauté). Contrairement à la version officielle (Démocratie, Droits de l’Homme, Révolution) rabâchée à longueur de journées, la France est un pays sans la moindre tradition démocratique.
Comment la France se compare-t-elle aux autres pays ?
Il existe un classement des pays par “indice de démocratie“ publié par “The Economist“. Dans ce classement, la France hérite, en 2019, de le 29° place sur 167 et du statut de “démocratie imparfaite“, ce qui la place en queue du peloton des pays développés. Sans entrer dans le détail, un tel classement et une telle qualification ne paraissent pas inexacts.
Assez logiquement, un sentiment de révolte s’est répandu en France qui se manifeste par des explosions politico-sociales de plus en plus violentes. Le Pays est en situation pré révolutionnaire. Les Gilets jaunes et les Black blocs, une majorité désespérée et une minorité qui veut tout casser, ne sont qu’un avant goût de ce qui nous attend.
On peut aussi craindre qu’un gouvernement, par trop affaibli, se lance dans une fuite en avant pour faire diversion et précipite le Pays dans des aventures sanglantes. Ce genre d’aventure est malheureusement assez classique dans l’Histoire des nations.

DÉMOCRATIE DIRECTE
Le mot “démocratie“ a été tellement utilisé par la propagande pour désigner des régimes non-démocratiques que l’on est obligé d’utiliser l’expression “démocratie directe“ pour désigner une démocratie réellement démocratique.
En démocratie directe une partie du pouvoir politique est attribuée aux simples citoyens. Plus précisément, les démocraties directes donnent le pouvoir de décision ultime à la population.
Alors la géométrie des rapports de force entre gouvernement, pouvoirs de fait et population, est complètement modifiée :
Une minorité qui souhaite conserver ou acquérir un privilège aux dépens de la Collectivité Nationale est prise en tenaille entre les gouvernants et la population. Et, dans le cas où le pouvoir serait tenté de favoriser cette minorité, les simples citoyens ont la possibilité de s’y opposer avec succès.
C’est ainsi que les démocraties tendent à devenir de plus en plus démocratiques au fil du temps et que les pays démocratiques sont les plus pacifiques et les plus prospères.
La démocratie directe n’est pas une idéologie, c’est le seul schéma organisationnel qui permette d’optimiser la gestion d’un pays. C’est le seul régime qui offre un espoir sérieux d’améliorer le sort de la masse des victimes de la Cinquième République (chômeurs-exclus-pauvres et leurs familles, un quart environ de la population française).

Répondre
Astérix 14 décembre 2020 - 9:41

Le vrai libéralisme !
Mon commentaire ci-après adressé et publié dans vos colonnes le 3 décembre 2019, il y a 1 an !!
"Doctrine économique qui défend la libre entreprise, la non intervention de l'Etat dans le secteur économique."
Le livre de Monsieur Pascal SALIN devrait être en bonne place dans toutes les écoles, universités et grandes écoles.
Depuis la mort du Président POMPIDOU, les socialistes de tout poil, les enseignants, ont endoctriné les élèves sur l'excellence du collectivisme …..!!? et de l'intervention de l'état…!? En un mot du communisme !
Résultat, la France est en faillite avec 2 400 milliards de dettes (zéro sous le Président POMPIDOU) 4 000 milliards d'engagements hors bilan et 110 milliards de déficit budgétaire cette année au lieu de 85 l'année dernière !
Et ces fonctionnaires qui bénéficient en plus de tous les avantages (aucun risque, régimes spéciaux etc….)
Ils ont oublié que c'est le secteur privé qui les fait vivre !
Or le secteur privé est désormais à terre, écrasé par les charges, taxes sur taxes et prélèvement hallucinants…!
A bon entendeur …..
Il est trop tard pour pleurer.
La FRANCE est cuite."

Il y a lieu d'ajouter les chiffres suivants, 1 an après !!
Dette de la France 2020 : 2600 milliards
Engagements hors bilan : 5000 milliards
Déficit 2020 : 250 milliards
Continuons à nous enfoncer dans une gestion irresponsable de notre Pays…!? L'incompétence atteint jour après jour des sommets ..!!!
Françaises, Français vous préférez vous mettre la tête dans le sable !!?
Il est loin le temps de la résistance..!!
Vous n'imaginez même pas ce qui nous attend ???

Répondre
montesquieu 14 décembre 2020 - 5:33

A qui la faute….
A qui la faute?
Qui enseigne l'économie en France?
Quelle est l'idéologie des médias étatiques, des enseignants, des politiques clientélistes?
Le tout état, la "dictature" même soft de ses agents,l"idéal" colberto-marxisant imprégnant la société, l'infantilisation des citoyens et leur croyance en cet État déifié en sont la cause.
A croire que la grande majorité des français rêvent de naître fonctionnaires!
Pourquoi pas un référendum leur posant la question:Voulez vous naître fonctionnaire?
Si la réponse est non, abolition immédiate du régime en place et mise à l'écart des anti-libéraux.
Si la réponse est oui, période transitoire pour permettre à tous ceux qui refusent ce régime collectiviste de quitter corps et biens le pays et de demander asile à des pays plus sensés.
Pour les remplacer,les volontaires ne manqueront pas!

Répondre
Maellys93 19 décembre 2020 - 11:42

Un référendum pour les fonctions "non essentielles" de l'Etat
Plutôt que de demander si les français sont OK pour lutter contre le réchauffement climatique, il serait plus judicieux de leur demander s'ils sont OK pour que l'Etat se focalise uniquement sur les fonctions régaliennes et se dégage des fonctions "non essentielles". En définitive plutôt que de vouloir TOUT "mal faire", ne serait-il pas plus avisé de "bien faire" ce qui lui est imparti et non contesté!

Répondre