Le modèle néerlandais est performant grâce à une architecture tripartite fondée sur une dose importante de capitalisation. Avec un taux de pension supérieur pour des cotisations moins élevées qu’en France, les Pays-Bas démontrent qu’il est possible de garantir un haut niveau de pension tout en maîtrisant les dépenses publiques. Ce modèle souligne la nécessité, pour la France, d’engager une réforme structurelle orientée au minimum vers une part de capitalisation.
En 2024, le Mercer Institute a classé le système de retraite néerlandais comme étant le meilleur au monde, lui attribuant une note de 84,8/100. Cette reconnaissance internationale résulte de la solidité de ce système, qui n’a cessé de faire ses preuves depuis de nombreuses années. Le bon fonctionnement de ce système est en majeure partie dû à sa part de capitalisation.
Trois piliers pour une retraite solide
Le système néerlandais repose sur trois piliers principaux. Le premier pilier (AOW) est la partie de ce système de retraite financée par les cotisations sociales des actifs, assurant un montant d’environ 1 500 euros pour les personnes célibataires, et un montant d’environ 1 000 euros pour les personnes en couple ou mariées, au 1er janvier 2025.
Le deuxième pilier est un système de pension complémentaire, qui fonctionne comme un système par capitalisation. Cette structure hybride repose sur une forte implication du secteur privé. En 2022, environ 90 % des employeurs néerlandais proposaient un fonds de pension via ce pilier à leurs salariés, adaptés à la profession, ce qui contribue à l’efficacité du système. Les actifs totaux des fonds de pension aux Pays-Bas s’élevaient à 1 500 milliards d’euros en 2023, soit près de deux fois le PIB des Pays-Bas, faisant du système néerlandais le plus important de l’Union européenne.
La performance de ce pilier repose sur l’existence d’environ 150 fonds de pension aux Pays-Bas, répartis en quatre catégories distinctes. D’abord, les fonds de pension sectoriels, qui organisent des pensions pour l’ensemble d’un secteur ou pour plusieurs secteurs, au nombre d’environ 50. Ensuite, les caisses de retraite d’entreprise, créées par les entreprises elles-mêmes, sont au nombre d’environ 110. Les caisses de retraite professionnelles concernent des groupes spécifiques de travailleurs indépendants, tels que les médecins généralistes, et sont au nombre de 9. Enfin, les fonds généraux de pension (FPG) mettent en œuvre un ou plusieurs régimes de retraite, avec des pots distincts pour chaque régime, contrairement aux fonds de pension sectoriels qui regroupent tous les fonds des employés d’un secteur dans un seul pot. Les FPG, eux, gèrent plusieurs pots pour les différents régimes de retraite qu’ils administrent, au nombre de 5.
Le troisième pilier est un système volontaire de retraite individuelle par capitalisation, où les individus peuvent souscrire à des produits d’épargne retraite afin de compléter leurs pensions de base.
Un taux de pension supérieur à celui de la France, avec des cotisations moindres
En 2022, un retraité néerlandais touchait en moyenne une pension équivalente à 93,2 % de son salaire précédent, contre seulement 71,9 % en France. Cette disparité met en lumière la robustesse du système néerlandais, qui garantit un niveau de vie plus élevé pour tous, avec des cotisations obligatoires de 17,9 % du revenu, contre 28 % en France.
De plus, en 2022, les individus de 65 ans et plus représentaient 20 % de la population néerlandaise. En ce sens, les Pays-Bas ont anticipé et pris en compte très tôt l’évolution démographique car depuis 2010, l’âge légal de départ à la retraite est relevé progressivement. Fixé à 65 ans avant cette date, il est passé à 66 ans en 2020 et à 67 ans en 2025. En 2028, il pourrait être porté à 67 ans et 3 mois, sous réserve de l’évolution de l’espérance de vie.
Les Pays-Bas s’illustrent également par une maîtrise continue de leurs dépenses. La part des dépenses des pensions est passée de 12,3 % en 2017 à 11,1 % du PIB en 2022, tandis qu’en France, cette part est restée relativement stable, passant de 15 % à 14,7 % du PIB sur la même période.
La réforme de 2023 : une transparence renforcée
Le 1er juillet 2023, la Future Pensions Act est entrée en vigueur, visant à moderniser le deuxième pilier du système de retraite néerlandais. La réforme met fin aux pensions garanties (prestations définies) et les remplace par des pensions calculées en fonction de ce que chacun a réellement cotisé (cotisations définies). Chaque actif dispose désormais d’un compte individuel où ses cotisations sont investies. La pension finale dépend donc des sommes versées et des rendements générés, et non plus d’une promesse de montant fixe à la retraite. Ce nouveau système est plus transparent, car chacun peut suivre l’évolution de son épargne.
Grâce à son modèle hybride, avec sa part de capitalisation, le système de retraite néerlandais ne cesse de faire ses preuves. Alors que, selon Elabe, 59% des Français sont favorables à une part de capitalisation dans le système de retraite, le modèle néerlandais constitue un exemple que pourrait suivre le système français, même s’il est envisageable de passer à un système de retraite fondé sur des parts plus importantes de capitalisation et sur la liberté de choix de l’âge du départ à la retraite.
Indicateur | Pays-Bas | France |
Taux de pension moyen (2022) | 93,2 % | 71,9 % |
Taux de cotisation obligatoire (2025) | 17,9 % | 28 % |
Part des dépenses de retraite dans le PIB (2022) | 11,1 % | 14,7 % |
Évolution des dépenses de retraite (2017-2022) | 12,3 % → 11,1 % | 15 % → 14,7 % |
9 commentaires
En Belgique, retenues sur salaire brut 11,1 % et je perçois 36 % de mon dernier salaire net…. Un vrai racket pour ceux qui ont bossé 45 ans…
Et le modèle “bon sens”, qui consiste à ne pas verser de retraite à ceux qui n’ont pas cotisé ? (Investit pour la capitalisation, elevé deux enfants pour la repartition)
Le chiffre pour la France n’ est exact que pour les fonctionnaires et le service public.
Pour les retraités du privé, le chiffre est bien plus faible : moyenne des 25 années. On arrive difficilement à 50%.
D’ailleurs, quand on leur cite le chiffre, les ENA n’y croient pas.
En France, au 1er janvier 2012, 444 avoués ont été expropriés, quasi sans indemnité, et remplacés par 77.190 avocats. De surcroît, les avoués âgés de plus de 65 ans ont été contraints de faire liquider leur retraite, à peine de fiscalisation de l’indemnité d’expropriation. Résultat: une retraite représentant le tiers du revenu d’activité, et surtout l’impossibilité de transmettre aux jeunes générations le fruit de 2.475 ans d’expérience. Quel gâchis !
Je me demande où ce monsieur trouve un taux de près de 72 % de pension moyenne en France.
Dans le privé il est de l’Ordre de 50 à 55% cela voudrait dire que la fonction publique attendrait des sommets supérieures à 100%
Je souhaite une réponse.
Ce sont les taux officiels, OCDE, COR…
Il ne faut pas idéaliser un système. Ce système néerlandais offre plus de revenus aux retraités… moins longtemps (âge départ, espérance de vie).
Le système français est plutôt efficace dans son principe mais pénalisé par un gaspillage burocratique ( multi-regimes) et par un odieux prélèvement de l’état sur les ressources (exonérations). Il serait équilibré sans ce pillage.
Comme d’habitude les gens du Plat-Pays ont été judicieux. Du reste ils avaient voté contre l’Europe eux aussi.
Il manque des chiffres : qu’ont cotisé en euros cumulés les retraités pour quelles retraites ? Ou autrement, courbes d’évolutions en % au cours des 80 dernières années des taux de cotisations et des retraites en % du salaire précédent.