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La chimie européenne sacrifiée sur l’autel des normes ?

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L’industrie chimique européenne fait face à des défis majeurs qui risquent de nuire à sa compétitivité. En 2023, la production chimique en Europe a chuté de 8,7 % en volume  sur notre continent. Un déclin largement attribuable à la hausse des coûts énergétiques, qui sont trois fois plus élevés qu’aux États-Unis, selon le rapport Draghi. La concurrence internationale se fait de plus en plus pressante. Cette même année 2023, la production des Etats-Unis n’a chuté que de 1,9% et celle de la Chine… a augmenté de 9,5.

Cette dynamique mondiale met en lumière l’agressivité croissante de la Chine dans le secteur chimique. Aujourd’hui, elle accapare 40% du marché mondial de la chimie, contre 6,4 % en 2000. À titre de comparaison, les chiffres pour l’Europe étaient de 27% en 2002 et 14% en 2022. Ils illustrent une tendance inquiétante, où l’Europe a déjà perdu sa position dominante.

La pression réglementaire croissante, notamment les exigences du règlement REACH, impose des coûts et des restrictions considérables aux entreprises. Dans un article du Figaro publié le lundi 5 mai 2025, le PDG d’Arkema, Thierry Le Hénaff s’alarme de la situation européenne : « Le coût de la réglementation dans la valeur ajoutée d’une entreprise de la chimie a été multiplié par 3 sur les 15 dernières années ». Il ajoute : « Il y a mille normes et réglementations qui sévissent sur la chimie européenne. C’est le cas, par exemple, de la deuxième phase du règlement REACH ».

Selon une évaluation menée par le cabinet indépendant de recherche économique Ricardo Energy & Environment, l’action réglementaire dans le cadre de la révision de REACH consistant à étendre l’article 68, appelé approche générique de gestion des risques (GRA), pourrait affecter jusqu’à 12 000 substances, indispensables dans certains domaines, et l’industrie chimique européenne pourrait perdre environ 12 % net de son portefeuille de produits d’ici 2040.

Selon Reuters, qui reprend un rapport du CEFIC (Conseil européen de l’industrie chimique), les réglementations strictes de l’Union européenne imposent aux entreprises chimiques mondiales plus de 20 milliards de coûts annuels. Il est aussi indiqué que dans les dépenses d’investissement d’une entreprise en Europe, jusqu’à 10% sont consacrés à la rendre réglementairement conforme. Un autre rapport du CEFIC pointe la complexité des règles qui encadrent l’utilisation des substances chimiques : plus de 40 textes législatifs différents, plusieurs autorités, directions générales et agences, un véritable labyrinthe. Le cas du Chrome VI est un exemple frappant : : le nombre élevé de demandes d’autorisation a engendré un retard important auprès des autorités et une incertitude majeure pour l’industrie. La Commission européenne a dû examiner et statuer sur plus de 90 demandes d’autorisation en 2024, contre seulement 9 en 2016.

Face à une concurrence mondiale de plus en plus féroce et une réglementation devenue un fardeau, l’industrie chimique européenne se trouve à un tournant crucial. Il est urgent de libérer le modèle économique et réglementaire pour restaurer la compétitivité de ce secteur si stratégique.

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1 commenter

Christiane Chavane 7 mai 2025 - 11:20 am

Cet article omet aussi le coût de l’énergie qui plombe la rentabilité de l’industrie chimique, en plus de la sur-réglementation.

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