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Primaires : une convergence libérale en demi-teinte

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La première confrontation des candidats à la primaire de la droite et du centre ne fut pas un pugilat. Elle a même été empreinte d’une certaine tenue. L’un des constats est que les propos des candidats sont désormais globalement moins allergiques au libéralisme qu’ils ne l’étaient en début de campagne, voire parfois favorables.

Ils restent pourtant très technocratiques à bien des égards. Indépendamment de Frédéric Poisson qui s’affiche clairement et fièrement anti-libéral, les autres professent le plus souvent un libéralisme contrôlé par l’Etat, pire parfois, concédé par lui.

Certes, François Fillon a sans doute raison de vouloir réduire la pression des prélèvements obligatoires d’abord sur les entreprises dans le cadre d’une politique de l’offre. Lui, Bruno Le Maire, Jean-François Coppé et NKM et même parfois Fillon n’hésitent pas à dire qu’il faut libérer la société de nombreux carcans administratifs, sociaux et fiscaux. Mais pour le reste, le débat s’en tient à des querelles de chiffres, de seuils et de taux plutôt qu’à un échange en profondeur sur les moyens de libérer l’économie. Bien sûr, celle-ci a besoin que l’individu retrouve des marges de manœuvres, mais à cet effet il faut des réformes structurelles plus que des ajustements techniques.

Oui à la fin du statut pour les fonctionnaires territoriaux !

En ce sens, NKM et Bruno Le Maire, pour la fonction publique territoriale, sont les plus innovants en remettant en cause le statut de la fonction publique et en voulant encourager le développement du travail indépendant. Et tous convergent sur la nécessité d’alléger le droit du travail et de revenir sur les 35 heures, y compris pour les agents publics, même si F. Fillon est sans doute le plus clair et le plus offensif sur ce point. Par ailleurs, l’idée commence à percer que l’impôt sur le revenu proportionnel serait une bonne solution. NKM le soutient. François Fillon, Alain Juppé, Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy le proposent pour les revenus mobiliers.

Ils souhaitent l’égalisation des régimes, et c’est bien. Mais pour le reste, la question de savoir s’il faut reporter tout de suite la date de départ à la retraite ou un peu plus tard et jusqu’à 64 ou 65 ans ignore les vrais enjeux. Certes NKM évoque la liberté de chacun de partir à l’âge de son choix dans un système de retraite à points mais qui resterait par répartition. Aucun n’évoque la capitalisation dont seule l’introduction, peu ou prou, peut sauver nos retraites ! Et en matière de cotisations sociales, la baisse des charges proposée par les uns ou par les autres apparaît dérisoire tant que le système ne sera pas libéré en permettant la concurrence et la liberté de choix de son assurance et de son assureur par qui le souhaite. En l’état, la réduction des charges sur les uns ou sur les autres se fera toujours comme une niche de plus au profit de quelques uns et au détriment de tous les autres qui paieront pour les bénéficiaires de nouvelles mesures d’exception.

Non au revenu universel et aux mesures électoralistes

Malheureusement NKM, qui se prétend la plus libérale, est aussi celle qui a le lourd passé d’avoir renforcé à tout va les mesures de coercition environnementales. Et désormais elle prône le revenu universel, peut-être pour permettre à tous de s’acheter du cannabis dont elle veut la dépénalisation : deux mesures qui inciteraient assez surement la jeunesse française à se perdre un peu plus dans une indolence éternelle, comme un programme pour la mort annoncée de l’avenir. Elle se place ainsi aux cotés de Macron avec lequel elle veut conserver l’ISF pour obliger ses redevables à investir dans les entreprises. Elle ne veut ainsi garder de Sarkozy que les fausses bonnes idées qui conduisent chaque année des milliers de contribuables à investir dans de mauvaises entreprises pour échapper à l’impôt honni, favorisant ainsi le mal investissement et une forme de concurrence déloyale.

Macron d’ailleurs veut à peu près la même chose, lui qui n’a de libéral qu’une prétention infondée, lui que François Hollande qualifie, dans le recueil calamiteux de ses états d’âme incongrus, inconvenants et souvent débiles, d’ « authentiquement de gauche ». Un Macron qui n’a rien trouvé de mieux la semaine dernière de proposer que les salariés puissent toucher le chômage après avoir démissionné, ce qui contribuera un peu plus également, dans l’esprit NKM, à la déresponsabilisation du plus grand nombre aux frais de quelques uns.

La seule politique qui vaudra sera celle qui, à l’inverse, érigera la responsabilité individuelle comme mesure de toute réforme et le respect de la liberté individuelle comme objectif suprême et référence de toute disposition légale. Tant que les individus ne réapprendront pas à s’assurer, à négocier leurs contrats, à épargner, à se loger sans attendre l’aide de l’Etat, à choisir l’école de leurs enfants …, nous ne rétablirons pas l’esprit d’une société libre, dynamique et tournée vers son futur plutôt que repliée sur ses petits avantages gagnés sur le dos des autres.

Jean-Philippe DELSOL

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2 commentaires

Teisserenc 18 octobre 2016 - 5:23

Oui
Des rectifications, des modifications, souhaitables, mais insuffisantes. D'abord un coup de pied rageur dans tout ce fatras. Ensuite un axe d'orientation libérale pour redessiner l'ensemble, avec diverses orientations, et… les moyens d'y parvenir. Le détail on s'en fout, tout ça n'est que langage techno-administratif.
Mais personne ne semble avoir l'envergure, l'aura nécessaire à une telle mise en œuvre. Rien que des fonctionnaires, doués, mais sans imagination!

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VIBES 18 octobre 2016 - 7:24

miser sur le fond plutôt que sur la forme
Certes, François Fillon n'a pas l'aisance ni l'effet d'entraînement de celui que "poussent" les sondages -sans pour autant dénigrer la valeur de ce "egg-head" de serviteur de l'Etat- mais j'aurais aimé employer l'expression d'aimable détermination sereine pour le député de la Sarthe…

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