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On tue les chrétiens du Nigéria

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Cathédrale de la Sainte-Croix de Lagos©Wikimedia

Avec ses 230 millions d’habitants, le Nigeria est le géant démographique du continent africain mais ses pieds sont façonnés d’une bien faible argile : insécurité chronique, tensions ethniques, rivalités religieuses et incurie d’un gouvernement aux abois alimentent une crise qui pénalise – tout particulièrement – la communauté chrétienne. Selon l’ONG Open Doors, les chrétiens nigérians sont les plus persécutés au monde : entre octobre 2022 et septembre 2023, plus de 3 000 croyants ont été tués en raison de leur foi (soit  80 % des chrétiens assassinés dans le monde). Et rien n’indique que ces violences puissent faiblir ; bien au contraire, le pays s’étant enflammé  au cours de la dernière Semaine sainte.

 La géographie explique en partie les origines du drame. La Middle Belt (allant de l’Etat de Taraba à celui de Kwara), zone de tous les conflits, est une bande de transition entre les populations musulmanes situées plus au nord et les terres agricoles du sud majoritairement peuplées de paysans chrétiens. Dans cette région « tampon », où l’autorité de l’Etat ne se manifeste guère, les affrontements se sont progressivement durcis et des attaques de bandits armés sont venues s’ajouter aux représailles entre communautés qui se déchirent pour l’eau et le bétail.

Enjeux de survie

La désertification progressive des territoires du nord a fait de l’accès aux terres arables un enjeu capital pour la survie des populations. Les peuls (population musulmane du nord), peu à peu chassés de leur domaine, se retrouvent avec leur bétail sur des parcelles cultivées par les chrétiens. Accusations mutuelles de destruction des cultures et de vol de bétail, absence d’une propriété privée pleinement reconnue, prolifération incontrôlée d’armes : les tensions montent, les rivalités se terminent dans le sang. Selon l’International Crisis Group, 300 000 personnes ont été tuées dans des conflits fonciers depuis les années 2000. Les groupes criminels, qui s’attaquent – de fait – à toutes les communautés, ciblent en particulier les chrétiens ruraux puisque, isolés, ils sont particulièrement vulnérables.

Un « génocide lent »

A ces deux problèmes s’ajoute celui de l’islamisme galopant. Depuis 2009, 52 000 chrétiens ont été tués, 18 000 églises  incendiées et près de 2 200 écoles chrétiennes détruites. Pour la seule année 2023, l’Aide à l’Église en détresse (AED) dénombre 38 enlèvements de prêtres et 13 assassinats. Ces chiffres confirment l’évidence : les figures religieuses sont des cibles particulièrement visées. Mgr Matthew Kukah, évêque de Sokoto, n’hésite pas à parler d’un « génocide lent » tout en soulignant que ces violences s’inscrivent dans le cadre d’une criminalité qui n’épargne pas toujours les populations musulmanes. Cela dit, on ne peut le nier : Boko Haram et sa faction dissidente de l’ISWAP (l’État islamique en Afrique de l’Ouest) cherchent bien à établir un califat dans le nord-est du Nigéria et sont responsables de plus de 34 000 décès.

Depuis 2022, plus d’un million de chrétiens ont été obligés de fuit leurs parcelles agricoles à cause de conflits impliquant Boko Haram ou l’ISWAP. Cette situation dramatique provoque une crise alimentaire qui menace désormais la vie de 8 millions de personnes. Dans l’État du Plateau, si les affrontements entre communautés chrétiennes et musulmanes ne datent pas d’hier (les prémices remontant à 1953), l’introduction de la charia en 1999 dans 12 États du nord exacerbe les haines, la peur  et les rancœurs.

Le gouvernement n’est pas à la hauteur

Le gouvernement nigérian tente de répondre à ce climat d’insécurité par des opérations militaires (Whirl Strike ou encore Golden Dawn) mais la réponse étatique reste trop faible et elle est jugée peu dissuasive. Le président Tinubu a pourtant promis une enquête indépendante mais Amnesty International juge sa réaction trop molle, insuffisante pour faire véritablement bouger les choses, et regrette qu’il n’exerce pas de poursuites à l’encontre des responsables.

Le titan nigérian risque de continuer à longtemps vaciller sur ses pieds d’argile si l’Etat ne parvient pas à ramener la paix dans ce pays en pleine dislocation.

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5 commentaires

Jojo 2 mai 2025 - 7:51 am

Complicité discrète du gouvernement pour l’établissement de la charia et donc d’une dictature totale ? Et que fait la chrétienté pour défendre ses frères spirituels au Nigéria ou en Syrie ? Rien. La chrétienté, à l’image de sa terre traditionnelle, l’Europe, molle et faible de caractére, est en déclin.

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Duhamel 2 mai 2025 - 2:11 pm

Feu le Pape a rapatrié des migrants musulmans dans don avion mais ignore totalement led victime chrétiennes au Nigeria

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poivre 2 mai 2025 - 8:25 am

Un sujet qui préoccupait fort peu feu notre bon pape si je ne m’abuse, du moins officiellement.

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Blondin 2 mai 2025 - 9:35 am

On note également que toutes les grandes consciences de notre pays sont décidément bien sélectifs dans les causes qu’ils disent défendre.
“Génocide lent” au Nigéria, massacres au Soudan, atrocités au Kivu…. dès qu’il s’agit de l’Afrique, on n’entend plus personne.

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lemen,t b ons à rien tout comme lui. 2 mai 2025 - 9:37 am

On sait que l’islam est une religion pourrie d’africains dégénérés, prônant un Allah qui n’existe pas, réduisant la femme, interdisant musique, peinture représentant des humains, et dans plein de sourates, incitant à tuer les non croyants à leurs niaiseries. Et le gouvernement voudrais que l’on admire cette pourriture! Vive l’islamophobie!

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