Samedi 13 février 2021, Mario Draghi a prêté serment comme président du Conseil italien. Qu’est ce que les Italiens peuvent attendre de leur nouveau chef du gouvernement, composé de membres issus d’une large coalition, par nature instable ?
A 73 ans, plus d’un an après son départ de la présidence de la BCE, Mario Draghi reprend des fonctions officielles, pour le meilleur, ou pour le pire.
L’ancien vice-président Europe de la banque d’affaire américaine Goldman Sachs a passé l’essentiel de sa carrière au service d’institutions publiques nationales (Trésor italien, Banque d’Italie) et internationales (Banque mondiale, Banque centrale européenne).
Le poste le plus important de Mario Draghi fut évidemment celui de président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019. Au cours du 20e siècle, les banques centrales avaient pour fonction d’assurer la stabilité des prix et d’être un prêteur en dernier ressort pour les banques privées. Mario Draghi a détruit cet ancien schéma, au profit d’un interventionnisme étatique toujours plus important et au détriment de l’épargne de centaines de millions d’Européens.
Dans un tweet du 28 octobre 2019, le président Macron a encensé M. Draghi pour avoir, rien de moins, « sauvé l’Europe du naufrage, assuré et fortifié la protection de l’Europe et de ses citoyens. » Par ailleurs, l’économiste keynésien Paul Krugman a affirmé que Draghi était « peut-être le meilleur banquier central des temps modernes. » Derrière ces éloges se cache en réalité des atteintes sans précédent aux traités européens et à la liberté économique.
Celui que certains appellent « Super Mario » restera célèbre pour avoir annoncé en juillet 2012 que la BCE ferait « whatever it takes » pour préserver l’euro. Ce quoi qu’il en coûte [aux citoyens européens] a entravé le fonctionnement normal d’une économie de marché. Le taux directeur de la BCE a été réduit à 0% et le taux de dépôt a été fixé à un niveau négatif (-0,5% quand Draghi a quitté ses fonctions en octobre 2019). Déjà, c’est un contre-sens économique et moral d’imposer des taux d’intérêt négatifs, qui visent à spolier et décourager l’épargne ; mais en plus, Mario Draghi a lancé la BCE dans des pratiques de « quantitative easing », pudiquement qualifiées de « non conventionnelles » par la Banque de France. Il s’agit de rachat de dettes publiques et d’obligations d’entreprises privées avec de la masse monétaire créée ex nihilo par la BCE, en violation des traités internationaux.
L’inflation cumulée durant les 8 ans de mandat de Mario Draghi à la tête de la BCE a été de 8% d’après les sources officielles. C’est dire que ceux qui ont dû placer leur argent à des taux d’intérêt nuls, voire négatifs, ont été spoliés à due concurrence. Dans le même temps, l’endettement des Etats s’est envolé avec son concours et à la charge des générations futures.
Si Mario Draghi a essayé “whatever it takes” de sauver l’euro, il n’est pas certain qu’il ait réussi, pas plus que de sauver l’Europe qui dérive de plus en plus vers une centralisation entièrement étrangère aux objectifs de ses Pères.
Arrivé à la tête du gouvernement Italien, il doit maintenant faire face à une économie nationale exsangue et en déclin. L’endettement public officiel frôle 160% du PIB. Les Italiens devraient se rappeler qu’en 1992, alors que Mario Draghi était directeur général du ministère du Trésor public, le gouvernement a instauré une taxe sur l’ensemble de leurs dépôts bancaires.
Peut-être devraient-ils acheter des pièces d’or au lieu de conserver des dépôts bancaires en euros, afin de se mettre à l’abri du « whatever it takes » de leur nouveau chef du gouvernement.
A bon entendeur…
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Super Mario
Bonjour,
Je suis très étonné de voir la manière de qualifier l'action de Draghi vis à vis des épargnants.
Pour les épargnants français, l'explosion de l'€ et le retour du Franc aurait conduit à perdre au moins 40%.
La volonté de tout dénigrer a des limites qui sont dans ce cas franchies et cela porte atteinte à la crédibilité de l'IREF.
C'est triste,