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Les enjeux de la sécurité avec Emmanuel Macron : des hausses des budgets qui cachent un système juridique défaillant

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Depuis 2017, si les différentes lois de finances du quinquennat d’Emmanuel Macron ont « concrétisé » le réarmement des missions régaliennes de l’État, comme le montrent les hausses du budget alloué à la justice (+ 700 millions) et à la sécurité (+ 1,4 milliard) en 2022, l’insécurité et la délinquance n’ont cessé de croître. Pour enrayer ce phénomène, les moyens financiers comptent moins que les dysfonctionnements dus aux institutions et aux mécanismes tant juridiques qu’économiques de notre pays. Il faut s’atteler à les réduire si l’on veut réduire aussi les crimes et les délits.

Le bilan sécurité Macron est alarmant

Aujourd’hui, en matière de sécurité, 60 % des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête par Ipsos-Sopra Steria jugent que la situation en France est « mauvaise ». Pour un Français sur deux, elle se serait même aggravée depuis 5 ans[1]. Cette perception est avérée et s’inscrit dans le long terme, les violences étant reparties à la hausse depuis le début des années 2010. Elles semblent s’être amplifiées avec Emmanuel Macron, dont on peut dire que le bilan est catastrophique, comme le confirme un premier état des lieux chiffré portant sur 2021.

Un bilan plus complet, dressé par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), sera publié en juin 2022, dont on peut attendre un constat similaire, voire aggravé. Selon cette analyse quantitative sur l’insécurité et la délinquance en 2021, les chiffres sont en hausse sur : les violences sexuelles enregistrées par les services de police et gendarmerie (+ 33 % en 2021) ; les escroqueries (+ 15 %, venant après + 1 % en 2020 et + 11 % en 2019) ; le nombre de personnes mises en cause pour trafic de stupéfiants (+ 13 %) et pour usage de stupéfiants ( + 38 %) ; le nombre de victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus (+ 12 %, venant après + 1 % en 2020 et + 8 % en 2019) ; dans le détail sur ce dernier point : + 14 % pour les victimes de violences intrafamiliales et + 9 % pour les victimes d’autres coups et blessures volontaires[2]. La seule chose positive est la baisse significative des atteintes aux biens entre 2017 et 2021, mais elle doit être écartée de l’analyse, car le confinement a naturellement empêché les cambriolages…

*résultats provisoires. 

Tableau : Vie-publique.fr/DILA – Source : SSMSI, bases des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. Récupérer les données créées avec Datawrapper

 

Un système juridique qui favorise l’insécurité ?

Même si l’importance des moyens financiers alloués à la lutte contre l’insécurité et la délinquance est fondamentale pour assurer la pérennité d’une société libre, il ne faut cependant pas s’en tenir à cette dimension. D’un point de vue strictement économique, les délinquants et criminels font un arbitrage rationnel entre les gains qu’ils espèrent de leurs crimes (vol, escroquerie) et les pertes potentielles (risque d’aller en prison, dédommagements financiers). Le système institutionnel doit donc être fortement dissuasif envers des comportements répréhensibles, ce qu’il n’est pas suffisamment aujourd’hui. Durant le quinquennat Macron, aucune mesure significative destinée à renforcer les peines pour délits volontaires graves sur les personnes tels que meurtres, empoisonnements, infractions avec violence, etc.  n’a été décrétée, pas plus que pour les infractions sur les biens (vols et recels, escroqueries et abus de confiance).

Pire encore, on pourrait même affirmer que le quinquennat Macron a favorisé l’insécurité, notamment avec la loi Justice de Nicole Belloubet de 2019[3] qui a fait de « la libération sous contrainte une étape normale du parcours d’exécution de la peine », plaçant de facto des criminels en « semi-liberté » ! Cette loi, qui a encore davantage poussé les juges à éviter le recours à la prison, est à l’image du quinquennat, c’est-à-dire un « en même temps » permanent : d’un côté, une hausse des budgets alloués à la sécurité et de l’autre, un laxisme juridique croissant envers les délinquants et criminels. Dans ce contexte, on ne voit pas comment le fait d’embaucher 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires tout en gardant le système juridique actuel pourrait réduire significativement l’insécurité.

Plus de moyens financiers pour traquer… qui ?

Le programme du candidat Macron parlait d’une « privation de droits civiques pour ceux qui s’en prennent aux dépositaires de l’autorité publique. » Les plus sceptiques, les plus pessimistes, s’interrogeront : si la Justice, comme nous avons quelque raison de le craindre, ne se montre pas plus sévère, à quoi serviront ces forces de l’ordre doublées sur la voie publique, ces deux cents nouvelles brigades de gendarmes dans les régions rurales ?  S’agit-il de courir après les voleurs de pommes, les champions du saut de tourniquets, les fous de vitesse à 115 au lieu de 110km/h, les contrevenants à toute mesure que le Gouvernement aura décrétée pour nous « protéger » ? Ou de repérer, pourchasser les délinquants et prévenir les actes dangereusement délictueux ? La réponse n’est, pour le moment, pas évidente.

[1] IPSOS, 2022. Présidentielle 2022 | L’insécurité ternit le quotidien d’une large majorité de Français. [En ligne]

Disponible : https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/presidentielle-2022-linsecurite-ternit-le-quotidien-dune-large-majorite-de-francais

[2] INSEE, 2021. Insécurité : les chiffres de la délinquance en 2021. [En ligne]

Disponible: https://www.vie-publique.fr/en-bref/283521-insecurite-les-chiffres-de-la-delinquance-en-2021

[3] Ministère de la justice. d. l., 2021. Loi du 23 mars 2019 : la libération sous contrainte. [En ligne] Disponible: http://www.justice.gouv.fr/justice-penale-11330/loi-du-23-mars-2019-la-liberation-sous-contrainte-33970.html

 

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8 commentaires

jean-paul lutun 13 mai 2022 - 5:22

Bonjour,

Un immense MERCI de part ce sublime article de rétablir la vérité !!!

En effet : Prévention de la corruption des magistrats : la France rappelée à l’ordre par le GRECO

Selon le récent bilan publié par le groupe anticorruption de Conseil de l’Europe, le GRECO, les mesures prises par la France pour se mettre en conformité avec ses recommandations en matière de prévention de la corruption des juges et des procureurs restent insuffisantes
https://www.coe.int/fr/web/greco/-/france-publication-of-the-addendum-to-the-2nd-compliance-report-of-4th-evaluation-round
Le GRECO rend public aujourd’hui son Addendum au Deuxième Rapport de Conformité du 4e cycle d’évaluation sur la France, traitant de la prévention de la corruption des parlementaires, des juges et des procureurs. Ce rapport a été adopté par le GRECO lors de sa 90e réunion plénière (Strasbourg, 21-25 mars 2022).
https://rm.coe.int/quatrieme-cycle-d-evaluation-prevention-de-la-corruption-des-parlement/1680a5fe0d

ET…de rappeler https://www.dalloz-actualite.fr/sites/dalloz-actualite.fr/files/resources/2017/07/cnpr_livre_noir_propositions_justice_2017_juin_28_1.pdf
LE LIVRE NOIR
CONFÉRENCE NATIONALE DES PROCUREURS DE LA RÉPUBLIQUE

https://www.la-croix.com/France/Justice/Justice-milliers-daffaires-classees-sans-suite-chaque-annee-faute-moyens-2017-07-05-1200860555
Justice, des milliers d’affaires classées sans suite chaque année faute de moyens
Dans son livre noir, la conférence des procureurs évoque le cas d’un commissariat d’une ville moyenne des Hauts-de-France où pas moins de 2 100 procédures délictuelles et criminelles ont ainsi été « déstockées » en 2016. Combien de dossiers sont ainsi injustement clôturés ? Impossible de le dire. Des milliers, voire des dizaines de milliers.
Une pratique à la limite de la légalité ?
Classer une affaire sans suite n’a rien d’illégal en soi. En cas d’insuffisance de preuves ou en cas de prescription, les enquêteurs n’ont d’autres choix que de le faire. « Ce qui est contraire à l’esprit de la loi en revanche, c’est de classer sans avoir commencé à enquêter sur l’affaire faute de temps et de moyens, explique un magistrat du parquet. Or c’est bien ce qu’on fait lorsqu’on apure le contentieux. »
Quid des victimes ? « On déstocke en priorité les dossiers ne comprenant pas de victimes », poursuit l’intéressé. Mais pas exclusivement. Comment réagissent-elles ? « Elles ignorent les vraies raisons du classement, renchérit le magistrat. On clôture l’affaire en invoquant le ´manque de preuve´ alors qu’en réalité on n’a jamais mis les moyens nécessaires pour les chercher ».

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Daniel 1945 13 mai 2022 - 7:33

Il était comique d’entendre, récemment, Rachida Dati dire qu’il fallait réformer notre Justice.

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TAILLY 13 mai 2022 - 8:19

C’est avant les élections présidentielles qu’il fallait parler de tout cela, haut et fort, car maintenant il est trop tard !!!!!!!!

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Astérix 13 mai 2022 - 9:28

E. Macron ne fera RIEN pour régler les problèmes de l’insécurité en France. Il a laissé, pendant 5 ans, se dégrader une situation déjà dramatique et il continuera puisqu’il se moque des français depuis son Palais bien protégé !
Mais quand les français auront enfin compris, il sera trop tard, le Pays sera à feu et à sang.
La hausse des budgets ne sert strictement à rien. Les policiers continueront à arrêter les délinquants qui seront immédiatement relâchés par la justice !
Il s’agit d’un problème de fond que personne ne veut regarder en face et surtout pas les français, complètement abrutis. ils viennent de le prouver en réélisant ce crétin de Macron pour 5 ans !???
Pauvre France !

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Rachid ELAÏDI 13 mai 2022 - 12:23

Oui c’est une questipn comment embaucher 10000 policier avec un système caduc car cette embauche est nulle et non avenue au niveau de l’absorption du chômage tant qu’à faire augmenter les allocations chômage. Car il faut encore mieux raisonnet et que l’Etat n’encourage pas cette demarche car à supposer il y a trop de délinquants de criminels…et l’arsenal juridique est tellement faible qu’on voit plus de jurisprudences de trop …et donc il faut y penser que est-ce la prison est nécessaire et donc on construit plus de prisons que d’immeubles. Et si la prison ne peut être que la dernière option pour un juge assidu qui réfléchi sur l’évolution des lois à se conjuguer avec un monde moderne avec yne société qui se cherche avec une évolution des mentalités et des moeurs. Il semble que le bracelet est un moyen propre qu’il faut développer ou configurer un mode plus libre des détenus car la prison est un monde obscur qu’il n’y a pas d’accompagnement et finalement le nombre des récidivistes observe une courbe exponentielle. Cela n’est pas seulement du ressort du législatif mais de toute une société et surtout du monde des immigrés (maroczins algériens égyptiens subsahariens…) et quoi gaire avec ce monde qui ne comprend même pas la langue française et encore moins la culture française en sus du blocage politique au niveau de l’exécutif qui ne peut expulser ces détenus ces prisonniers du droit commun…car leur pays d’origine n’en veut pas non plus de ses propres citoyens et donc d’engager une réflexion dans ce sens . La Granda Bretagne vient de sceller un accord avec le Rwanda…et puis si guerre civile se déclenche et il y a une forte probabilité et que Poutine travaille dans ce sens aucune force d’ordre n’est capable de neutraliser ses détenus ces jugés ou non par une institution judiciaire qui souffre de trop fe lacunes dans les textes des lois et d’aucune évolution en perspective

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Michel Raoust 13 mai 2022 - 3:01

IL faut développer les peines de substitution en les rendant suffisamment dissuasives mais éviter de mettre en prison les jeunes primo-délinquants car la prison est une véritable « école de la délinquance »: les jeunes apprennent de leurs aînés comment devenir de véritables caïds. Selon les statistiques du Ministère de la Justice, 61% des personnes condamnées à une peine de prison ferme sont re-condamnées à une peine de prison ferme dans les cinq ans. Ce taux n’est que de 34% pour les peines de travaux d’intérêt général. Ce n’est pas de « l’angélisme », c’est du « réalisme » et dans ce domaine il ne faut pas être dogmatique.

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Picot 13 mai 2022 - 4:24

Macron n’a rien fait en cinq ans et il ne fera strictement rien de plus avec cinq ans supplémentaires. En réalité le sort des Français ne l’intéresse pas

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JR 16 mai 2022 - 4:16

Bonjour Picot, dans le cirque mondial et dans l’objectif d’une gouvernance mondiale, Macron à 80 km/h, malus à 50 000 € et inaction énergétique, n’a que faire de la France qu’il ne cesse d’entrainer dans le déclin (3 ème à la 7 ème place) et des Français qu’il déclasse. En tant que bon petit Young Global Leader, seules les directives de Klaus Schwab l’intéresse. Son deuxième quinquennat est placé sous très haute surveillance, le 1 er ministre sera forcement provisoire. L’association de l’extrême gauche et de l’extrême centre (état profond) laisse augurée beaucoup d’agitation anti démocratique et anti économique. L’heures est grave, la regression est en Marche. Bien à vous

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