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La mondialisation au secours des emplois français

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Entre 1976 et 2007, seulement trois grandes entreprises ont vu le jour en Europe, contre plus d’une vingtaine aux Etats Unis. Et sur ces trois entreprises, deux sont imprégnées de la culture anglo-saxonne puisqu’elles sont nées en Angleterre et en Irlande.

Le contraste est saisissant. Joie et profits chez les constructeurs asiatiques d’automobiles. Tristesse et banqueroutes chez leurs confrères français. Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif et héraut de la « démondialisation », s’est pris les pieds dans le tapis du libre échange. Les lois économiques sont comme la gravité, impitoyables envers ceux qui prétendent les contourner.

M. Montebourg dévoilait fin juillet un plan de sauvetage de la filière automobile. Le gouvernement veut orienter les choix des consommateurs, et aussi ceux des acheteurs publics vers des modèles dits à énergie propres. Le système du bonus-malus est donc renforcé, ainsi que les primes à l’achat pour de tels véhicules. Mais ces mesures profiteront d’abord aux Japonais, Coréens et Chinois. Alors que M. Montebourg tente tout ce qu’il peut pour redresser la situation, le Ministre doit faire face à une déconvenue supplémentaire. Le Canard Enchaîné (14/08) rapporte que « sur 15 970 voitures électriques ou hybrides vendues en 2011, plus de 80% ont été fabriquées par une marque étrangère (essentiellement les japonais Toyota et Mitsubishi). » À vous dégouter du protectionnisme.

Pas d’inquiétude, notre Ministre de l’industrie ne se décourage pas et remet en cause l’accord de libre échange signé avec la Corée du Sud en 2010. Les importations en provenance de ce pays augmentent à un rythme effréné. Et M. Montebourg n’aime pas la concurrence, même si les véhicules hybrides sud coréens sont meilleurs marchés et que cela profite au porte-monnaie des Français. Selon le communiqué du ministère, « La mise sous surveillance des flux de commerce d’automobiles ?…? conduit à imposer aux importateurs l’obtention d’une autorisation de la Commission européenne préalablement à toute importation.

Ces données permettront d’apprécier l’effet réel de l’accord de libre échange entre l’Union européenne et la Corée sur le secteur automobile, et d’envisager de nouvelles dispositions si les relations commerciales s’avèrent trop inégales. »

Mais ce plan de la dernière chance ne rendra pas les emplois aux milliers d’employés licenciés par Peugeot. Et si l’on voulait vraiment sauver Peugeot, il faudrait affronter la réalité : faire en sorte que l’entreprise gagne plus de parts de marché dans les pays émergents. Son concurrent Renault l’a bien compris, au grand dam des hommes politiques qui voient d’un mauvais œil l’internationalisation d’une entreprise dont 15% du capital appartient encore à l’Etat. Pourtant, au premier semestre 2012, la marque au losange annonçait un résultat net de 746 millions d’euros, Peugeot, une perte de 819 millions. 47% de la production de Renault est vendue hors Europe, contre 33% pour Peugeot. La plus forte présence de ce dernier sur un marché saturé a donc un impact négatif sur son chiffre d’affaire. Quand Renault conclu un partenariat avec Nissan, Peugeot s’y résout des années plus tard. La marque au Lion est trop européenne, pas assez mondialisée.

Un plan qui ne permettra pas non plus à l’industrie automobile française de retrouver sa superbe. Si les milliards d’euros de R&D engloutis par les constructeurs automobiles n’ont pas suffit à peser sur le marché international, on voit mal comment des aides de l’Etat qui s’élèvent au maximum à 600 millions d’euros pour toute une filière – de l’équipementier sous traitant au constructeur – pourront y changer quelque chose.

Bien évidemment, le gouvernement a raison lorsqu’il souligne que l’un des problèmes, c’est le manque d’innovation. Car le mal de la France, et de l’Europe en générale, c’est la pénurie d’industries innovantes capables de devenir des groupes d’envergure internationale. Entre 1976 et 2007, seulement trois grandes entreprises ont vu le jour en Europe, contre plus d’une vingtaine aux Etats Unis. Et sur ces trois entreprises, deux sont imprégnées de la culture anglo-saxonne puisqu’elles sont nées en Angleterre et en Irlande. Nos PME restent des PME, elles ne se développent pas suffisamment pour devenir des entreprises globales. Et c’est ce point essentiel que le gouvernement semble ignorer.

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