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La France et le négationnisme économique

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En France il est de bon ton, particulièrement en période de campagne électorale, de nier les réalités économiques.

Les politiques ignorent les faits économiques

Nous préférons largement, à longueur de débats publics, philosopher sur des sujets creux, croyant ainsi prendre de la hauteur par rapport aux enjeux. Cette arrogance face au concret se trouve même théorisée sous le concept dit de « restauration du primat du politique ». Toute la noblesse des dirigeants serait, parait-il, de parvenir à s’extraire du réel au nom d’une posture présentée comme ambitieuse, volontariste et visionnaire. L’économique, le budgétaire, tiendraient de la simple intendance. Ils ne constitueraient qu’un moyen au service d’une action gouvernementale perchée dans les sphères supérieures de la pensée. Ainsi, nous pouvons longuement discuter sur l’intérêt d’employer le pronom « Yel », ou sur la définition fine de la laïcité, plutôt que de raisonner sur les causes profondes de nos déficits publics, de notre sous-investissement chronique en matière d’innovations, des très mauvais résultats de notre commerce extérieur, ou encore de notre beaucoup trop faible taux d’emploi.

Pourtant les faits économiques sont par nature têtus. Ils se vengent toujours lorsqu’on les tord ou les méprise. Notre pays se refuse manifestement à voir sa situation, pensant qu’il suffit de tourner la tête et de regarder ailleurs pour éviter les difficultés. Nous sommes en train de rater la 3ème révolution industrielle, celle notamment de la robotique, et si nous ne réagissons pas très vite le retard deviendra irréparable. Mais nous n’en parlons pas.

Notre manque de compétitivité industrielle ne repose d’ailleurs pas tant sur des facteurs coûts, tels que nos niveaux de salaires, que sur des facteurs « hors coûts » tenant à nos excès bureaucratiques et réglementaires, à notre structure d’imposition fiscale, et surtout aux mauvaises performances de notre système de formation professionnelle, que celui-ci concerne l’école, les études supérieures ou la formation continue des salariés.

Cependant, au lieu de nous confronter avec réalisme à cette situation pour rechercher des issues, nous fuyons les débats économiques. Au mieux, nous nous réfugions derrière une litanie d’idées creuses en invoquant la révolution verte ou le protectionnisme intelligent, pensant que de telles banalités, servies sous la forme de l’art de « tarte à la crème » politique, vont nous permettre de résoudre, par magie, nos difficultés.

La croissance ne se décrète pas à grands coups d’augmentation des tarifs douaniers.

La transition écologique, si elle se déploie, n’interviendra pas pour des raisons de rationalité économique, mais pour des motifs idéologiques tenant aux questions environnementales. Cette mutation ne s’appuie sur aucune innovation technologique entraînant un bond de productivité permettant de la rentabiliser. Elle prendra la forme, durant de très longues années, d’une destruction du capital productif existant, au motif qu’il serait polluant, afin de le remplacer par un autre dont le développement ne pourra être financé que sur fonds publics. Loin de représenter une production de richesse, cette transition écologique va d’abord constituer un coût important pour nos sociétés. Ce n’est par conséquent pas la révolution écologique qui produira de la prospérité, mais notre prospérité qui sera mise à l’amende pour payer la mutation verte. L’idée d’un « green deal » générant pour nos économies un nouvel âge d’or digne de la période des trente glorieuses, forme un mythe. La réalité est plutôt que, faute au préalable d’un redressement industriel et budgétaire suffisant, la France ne pourra pas financer la transition écologique. Elle décrochera alors définitivement par rapport aux nations prospères, ce qui nous enfermera dans une situation durable d’appauvrissement et même dans une forme de sous-développement relatif.

Quant à la stratégie du retour de la croissance par le protectionnisme et la relocalisation forcée des activités productives, elle s’avère tout aussi illusoire. La croissance ne se décrète pas à grands coups d’augmentation des tarifs douaniers. Nous ne nous réindustrialiserons qu’en rétablissant notre compétitivité « hors coûts ». Or ceci représente un effort considérable, car la restauration de nos facteurs de production « hors coûts » nécessite des actions profondes que notre société ne semble absolument pas décidée à mettre en œuvre. Retrouver un système de formation performant oblige en effet à redresser le fonctionnement de l’éducation nationale, en rehaussant le niveau général, ainsi qu’en dynamisant les formations d’excellence particulièrement dans les filières techniques et technologiques. L’école française doit par conséquent être fortement reprise en main. Elle doit sortir du pédagogisme qui a lourdement échoué depuis tant d’années, comme le démontre le très mauvais classement PISA de notre pays concernant la mesure du niveau scolaire de nos élèves. Il faut aussi rompre avec la démagogie éducative visant à distribuer en masse des diplômes sans valeur, démagogie qui nous conduit à abaisser sans cesse le niveau d’exigence. Il est par ailleurs indispensable de remettre en ordre toute une série d’universités et de centres de formations dits supérieurs, qui sont devenus des usines à produire les délires et les chimères idéologiques d’un gauchisme en perdition. Il y a lieu, enfin et surtout, de se décider à sérieusement restructurer le domaine de la formation professionnelle des salariés, secteur totalement perverti car servant de pompes à finances aux organisations syndicales.

Le redressement économique de la France ne s’accomplira pas au son des gaudrioles vertes ou des chimères d’un souverainisme de salon. L’obscurantisme économique qui a envahi notre débat démocratique nourrit toutes les démagogies les plus mortifères. Il s’agit là d’un véritable négationnisme, d’une sorte de nihilisme collectif. Les plus optimistes pensent que nous sommes trop gros pour tomber, que l’Europe nous soutiendra toujours, que l’Allemagne paiera. Il faut pourtant craindre que non.

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15 commentaires

THIERRY C. 31 mai 2022 - 5:30

Le sujet est intéressant
mais j’abandonne la lecture car elle est IMPOSSIBLE.
« On (…) méprisent » « entrain » … Comment faites-vous pour massacrer le français ainsi ?
Triste, triste, triste …

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Nicolas Lecaussin 31 mai 2022 - 6:09

Corrigé…Désolé, une (très) petite équipe, rythme quotidien…
Merci de nous lire
NL

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GG 31 mai 2022 - 8:49

Alors ça excuse tout?

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JR 31 mai 2022 - 1:55

Bonjour, je pense que l’équipe restreinte de l’IREF, comme nous les intervenants, faisons de notre mieux mais au plus vite. Les médias subventionnés, eux, sont relus et malgré tout, nous y trouvons aussi des coquilles. Me concernant, j’interviens sans me relire, pendant les longues réunions ou le soir après une longue journée d’une semaine de 70 heures. La liberté est à ce prix, cela ne me dérange pas plus, ce n’est pas l’essentiel. Merci. Bonne journée

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Carlier 31 mai 2022 - 7:15

Très bon article que je partage.
Même si Macron doit être d’accord avec ces observations, il est difficile en France de faire les réformes nécessaires.
Comment le ‘’programme d’opposition’’ de Mélenchon puisse ne pas être démoli dans la presse et recevoir la signature de 160 économistes (enseignants pour un grand nombre)!
Si les facteurs extérieurs négatifs continuent , il est à craindre que la population supporte des actions démagos. Et adieu les réformes…..

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Obeguyx 31 mai 2022 - 9:31

Un politique d’aujourd’hui n’est pas un économiste et ne le sera jamais. Tant que le politique se mêlera d’économie, nous irons droit dans le mur. Il n’est déjà pas foutu de s’occuper correctement de ses fonctions régaliennes et des annexes importantes telles que la santé et l’instruction, alors comment voulez-vous qu’il puisse s’occuper du reste. Et puis n’oublions JAMAIS que ce monde est constamment à la « gamelle ». La France : il s’en fout !!!

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Jacques Peter 31 mai 2022 - 9:54

Oui, la prospérité passe par la compétitivité. Et la compétitivité suppose moins d’État. Mais quel homme politique s’intéresse à la prospérité ?

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JR 31 mai 2022 - 2:03

Bonjour, Lemaire m’a déçu par ses positions  » suivistes », voire même son attitude de peigne-culs vis-à-vis de la Macronie. Il est dans le déni, bien que je pense qu’il soit réaliste de la situation désespérée que ce gouvernement calamiteux nous fait vivre. Il cherche juste à ne pas être dans l’opposition, c’est juste un opportuniste. L’idéologie politico-verte nous conduit à la catastrophe économique, puis alimentaire. Les ingredients d’une guerre civile sont réunis. Le pays fait clairement sécession. Voici un bon billet de Jean Jean de Kervasdoué qui résume simplement, mais réalistement la situation ubuesque que la Macronie associée à U.V.D. Leyen nous fait vivre: https://www.climato-realistes.fr/la-discordance-des-temps/ . Merci. Bien à vous

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Mesnil 31 mai 2022 - 3:05

Je suis plutôt d’accord avec ce que vous écrivez, malheureusement ‘

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gali 31 mai 2022 - 3:33

Je suis sorti du lycée avant le bac (le premier bac, à l’époque) et j’ai découvert peu à peu comment fonctionnait le monde en travaillant et apprenant sur le tas. J’ai compris plus tard, quand j’ai commencé « à m’en sortir » qu’on perd des années d’enseignement à s’occuper l’esprit de tout autre chose que de comprendre la monnaie, l’entreprise, la création des richesses, la gestion des biens. La faute n’est point aux enseignants: ils ne sont pas sorti de l’école et ne connaissent que de façon lointaine l’univers privatif, le monde de l’entreprise… qui est pour eux celui honni de la marchandise, la concurrence, la loi du marché. Tant que nous seront enseignés par des fonctionnaires qui ignorent tout de la façon dont ils sont rétribués par cette loi du marché qu’ils vomissent, ce sera foutu pour la jeunesse, qui ne sera inspirée que par « le revenu universel » tombé du ciel et qui pour l’instant ne serait que le revenu de la Dette!

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JR 31 mai 2022 - 7:33

Bonjour Gali, je prône depuis toujours que pour enseigner il faut un minium de 20 ans d’expérience en entreprise. On ne devrait pas pouvoir être enseignant avant l’âge de 40 ans.
Merci. Bien à vous

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JR 1 juin 2022 - 8:29

Bonjour, encore un repenti de l’escroquerie climatique déferlant en bande organisée sur notre pays, B. Lemaire ferait bien d’en faire de même : https://climatetverite.net/2022/05/27/jean-pierre-sauvage-prix-nobel-de-chimie-2016/ . Cette chasse inutile et ruineuse au bienfaisant C02 nous ruine, mais n’est-ce pas l’objectif du Great Reset (Greta Recette $$$🤑) . Merci. Bien à vous

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Fred 2 juin 2022 - 1:26

Vous voudriez faire une étude comparative avec la Suisse?

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AlainD 2 juin 2022 - 10:37

Voilà : tout est dit, nous vivons dans un monde qui pense que tout va s’arranger avec les bateleurs de foire, les camelots qui nous gouvernent à grands coups de taxes diverses et variées et nous abreuvent de slogans et bonnes paroles, des syndicats qui ne pensent qu’à bloquer le pays, surtout les salariés du public qui sont les plus protégés et n’ont pas de souci de rentabilité, comme nos politiques d’ailleurs qui ne voient pas plus loin que le prochain parc marin d’éoliennes ! Pauvre France, ton industrie est peu à peu remplacée par des activités tertiaires, les verts sous des apparences douces dictent leurs lois, les enseignants sont contestés dans leurs classes(certains y sont peut être pour quelque chose) les diplômes sont distribués plutôt que mérités (voir le classement Pisa) quelques imbéciles se sont engouffrés dans l’absurdité de l’écriture inclusive qui va nous conduire à un nombre encore plus grand d’illettrés. Quant à la formation professionnelle, les séminaires bidons qui en tiennent lieu et permettent de faire vivre quelques petits malins? Et quid de l’apprentissage qui a été très longtemps déprécié ? Certes, dans certains domaines, les « maîtres » sont peut être de bons professionnels mais de mauvais pédagogues : le balayage de la sciure n’a jamais été formateur…

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Astérix 4 juin 2022 - 8:14

Il faut inscrire dans la constitution la mesure suivante: Les fonctions gouvernementales sont interdites aux fonctionnaires et aux énarques qui sont incompétents pour gérer un Pays.

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