On pouvait s’attendre à ce que, défait pour la seconde fois à l’élection présidentielle et déjà âgé, Jean-Luc Mélenchon disparaisse du paysage politique français, d’autant plus qu’il avait laissé entendre que ce seraient ses dernières élections à la candidature suprême. Mais il faut croire que les places sont bonnes. Le sourire carnassier lors de la soirée de dimanche, le meneur de l’extrême gauche s’est positionné pour le « troisième tour » et il entend devenir non plus seulement député pour un nouveau mandat, mais le Premier Ministre d’Emmanuel Macron à la suite des prochaines élections législatives (il ne s’agira évidemment pas d’« élire » le Premier Ministre comme il l’a déclaré par prétérition, mais de gagner les élections générales et d’obliger le chef de l’Etat à le nommer Premier Ministre).
Les opinions de Jean-Luc Mélenchon sur les sujets cruciaux se doivent donc d’être scrutées. Or, si ses idées constitutionnelles sont bien connues, sa pensée juridique l’est beaucoup moins.
L’élection présidentielle est propice aux questionnaires et autres oraux organisés par diverses institutions pour recueillir les opinions des candidats dans un domaine précis. A l’initiative du Conseil national d’évaluation des normes, de LexisNexis et de l’Université de Créteil, les candidats à l’élection présidentielle ont été invités à présenter leurs propositions pour améliorer la « qualité du droit ». Parmi les six candidats qui ont fait droit à la demande, les réponses de Jean-Luc Mélenchon retiennent l’attention.
Le fondateur des Insoumis s’est distingué des autres candidats en ne soutenant pas de manière convenue et souvent simpliste l’amélioration de la qualité du droit. Il part d’un postulat édifiant : « Les normes sont politiques ». Autrement dit, il partage une conception purement positiviste de la règle de droit qui opère une confusion entre la législation et le droit.
« Moins de droit, c’est moins d’Etat », s’effraie-t-il. Pour l’extrémiste de gauche, il n’y a donc aucune autonomie de la société civile. Le droit est un construit, et non pas une pratique spontanée qui émerge de l’action des hommes pour trouver le juste. « On ne saurait laisser une « main invisible » autoréguler les relations humaines », ajoute-t-il. Dans son esprit, le droit, c’est la volonté des hommes politiques traduite dans les règles qui s’imposent aux citoyens.
Avec, il faut le reconnaître, une grande cohérence, Jean-Luc Mélenchon rejette une simplification des normes qui aboutirait à une libéralisation et par voie de conséquence à un retranchement de la sphère de l’Etat. La séparation entre la société civile et l’Etat s’évanouit et avec elle la liberté puisque la volonté du « peuple » décide de tout dans tous les domaines. C’est que, pour le populiste, le droit n’est jamais neutre. Ainsi que le pensait déjà Karl Marx, le droit n’est autre qu’une superstructure qui traduit la lutte des classes et qui témoigne d’une opposition d’intérêts irréconciliables. Laisser l’autorégulation du droit ne pourrait aboutir qu’à l’écrasement du « peuple » au profit des riches et du « système ». En effet, le droit spontané ne profiterait, soutient Jean-Luc Mélenchon, qu’à « de petits groupes de puissants pour appuyer les avantages de classe ». Le droit s’analyse donc comme un combat qui doit être remporté par les défenseurs de la volonté populaire à l’encontre de la minorité capitaliste, autrement dit par les défenseurs du « peuple » à l’encontre des « riches » (qui, donc, ne font pas partie du peuple).
Nous avons déjà subi comme Premier Ministre de Jacques Chirac un ancien trotskyste fier de l’avoir été et mal repenti. Il serait bon, dans les semaines qui viennent, de se garder d’un crypto-marxiste à Matignon qui œuvrerait à la politisation du Droit et par voie de conséquence à l’abaissement de notre civilisation.
2 commentaires
Vu le niveau de patrimoine financier de cet homme qui toute sa vie n’a dépendu que de fond publics et d’une place d’alu, ses remarques et sa philosophie me laisse pantois…un peu comme ces dirigeants de l’ex URSS, ou de nouvelle russie, qui étaient ou son parmi les plus grosses fortune de leur pays…
Un danger public pour le droit ? Aucun danger, le droit va de travers depuis des décennies et ça ne dérange, à priori, personne à part moi. Votre état de droit me fait vomir et le droit de l’extrême gauche ne sera pas très différent de celui qu’on subit aujourd’hui. Il aurait mieux valu sanctionner aux élections, mais le français est un trouillard « invertébré » et complètement « décérébré ». Alors Mélenchon, Macron ou Le Pen, où est la différence ? Tous même combat !!!