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Jacques Chirac, le symbole de la droite antilibérale

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Tout le monde est d’accord pour dire qu’il a été quelqu’un de très sympathique. Il en avait l’air, avec ses blagues et ses remarques souvent drôles. Probablement, il était quelqu’un de très agréable, la personne qu’on aime inviter régulièrement aux dîners parce qu’elle détend l’atmosphère et raconte des histoires marrantes. Mais en tant que politique, Jacques Chirac a été la représentation parfaite de la soif du pouvoir et de sa conquête par tous les moyens. Il n’y a pas lieu de passer en revue tous ces faits, il faudrait un livre. Mais résumons-nous à l’aspect qui nous semble essentiel.

Exception faite des années 1986-88, lorsqu’il était Premier ministre, Jacques Chirac est le symbole de la droite étatiste et antilibérale. Par ses déclarations et ses prises de position contre le libéralisme, il est même arrivé à culpabiliser les politiques de droite pour lesquels prononcer le mot libéral était devenu LA faute à ne pas commettre. Je me souviens de la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives de 1997. J’étais au sein du mouvement Idées-Action lancé et dirigé par Alain Madelin et le mot d’ordre a tout de suite été d’éviter toute allusion à des « réformes libérales ». Créé en catastrophe pour essayer de ne pas perdre les élections législatives, le duo Séguin-Madelin devait prouver aux Français que la droite n’était surtout pas libérale ou, au pire, qu’elle était social-libérale.
Bien entendu, les élections ont été perdues. C’était après les grandes grèves de 1995 quand il était juste question, non pas de la moindre réforme libérale, mais de trouver une parade pour essayer de résorber un peu l’énorme déficit de la Sécurité sociale. Il n’a jamais été question de privatisation ou d’ouverture à la concurrence et d’ailleurs la prétendue réforme n’a jamais eu lieu. On a juste augmenté les cotisations, thérapie classique et typiquement française.

Dans une interview accordée au Figaro le 16 février 1996, Jean-François Revel parlait de la France de Chirac comme d’un « pays sur-étatisé mais sous-gouverné ». Chirac a été l’exemple même du politique carriériste qui n’a jamais fait de réforme et qui a vécu toute sa vie grâce à l’argent public. Il a considéré que la fonction de l’Etat était uniquement de pourvoir impunément aux besoins des politiques et une machine à distribuer. La dette publique a doublé entre 1995 et 2006. Déjà, il a considéré la mairie de Paris comme sa propre maison. Il a été condamné dans la fameuse affaire des « frais de bouche » : 1.5 millions d’euros entre 1987 et 1995, soit 514 euros par jour. Il y a eu aussi l’affaire des « emplois fictifs » au RPR pour laquelle il a été condamné à deux ans de prison avec sursis ; ainsi que celle du marché des HLM.

Parmi les autres faits d’armes, on peut rappeler l’abandon du CPE (Contrat première embauche) et l’introduction du principe de précaution dans la Constitution pour faire plaisir à un autre antilibéral notoire, Nicolas Hulot. Ce principe est une vraie balle tirée dans le pied de la France de l’innovation et de la recherche scientifique. Anti-américain, il a été pourtant obligé (on a oublié cela ces jours-ci…) d’appeler Bill Clinton à l’aide pour mettre fin à une guerre en pleine Europe, que les Etats membres étaient incapables d’éteindre. Et cela pour, quelques années plus tard, s’opposer à la guerre en Irak sans en tirer le moindre avantage pour la France (« Debout devant Bush, couché devant la CGT »). Le pays a toujours été par la suite la cible du terrorisme islamiste.

Chirac a été le représentant de cette droite antilibérale, celui qui a osé affirmer que « Le libéralisme est une perversion de la pensée humaine », entre autres citations telles que « Je ne crois pas au libéralisme qui est à mon avis une forme de déviance » et même « Le libéralisme, ce serait aussi désastreux que le communisme ». La droite française lui doit l’immobilisme, l’étatisme et l’antilibéralisme. Tout ce qui fait mal à la France.

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5 commentaires

Teisserenc 1 octobre 2019 - 10:51

Chirac, le honteux ‘bluffing actuel’
Trois matins de suite et quatre pages chaque fois pour honorer cet homme. Non et non, le F***, par exemple, n’a pas à se livrer à cette comédie.
Mais pour votre article qui remet les choses dans l’ordre, bravo à pleines mains !

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thomaspi 1 octobre 2019 - 12:15

republique exemplaire
Bonjour,
tout le monde regrette Chirac! pas moi, on nous bassine à longuer d ejournée la république exemplaire, le comportement "citoyen" mais au niveau de s politiques… Pour moi un ancien président condamné par la justice n'a pas à avoir d'hommage national ni d eplaces à son nom! pas plus qu'un ancien premier ministre condamne ne devrait avoir ele droit de sieger au conseil constitutionnel! nos voisins sont plus cohérents
Quel exemple veut on donner?
On parle pour des raisons de "politiquement correct" de débaptiser des lycées Colbert, des rues Faidherbes et on donnerait des noms Chirac??
Bien sûr à chaque fois le leitmotiv, "il n'y a pas eu d'enrichissement personnel" mais c'est faux, certes l'argent n'est aps entré dans sa poche MAIS grace à ces détournement d efond un parti a pu avoir l'argent nécessaire pour tenter d egagner des élections, imaginons un instant que sans cet argent le RPR (mais le PS a fait de m^me) n'a pas le sliquidites necessaire pour "fluidifier" les élections, peut être que C et d'autres n'auraient pas ete elus, donc pas d'indemnite sparmlementaires, pas d'indemnites d emaire et donc pas de salaire!!! n'est ce pas d'une certaine façon un enrichissement?

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Christian 1 octobre 2019 - 1:22

Chirac : Ambitieux et sans vision
Avec Chirac le gaullisme perd ses ailes. La paix sociale plutôt que des réformes. Le contraste est encore plus marquant avec Schroeder : Chirac regardera l'Allemagne se réformer comme une vache voit passer les trains. Et son refus de l'Europe n'illustre que son manque de caractère. Notre Chirac/Panurge nous a aisément noyés dans l'immobilisme.
Pour cette cérémonie d'enterrement par contre je n'ai rien à dire. Même les rois fainéants ont eu droit à leur petite cérémonie. Il s'agit de la France, c'est dans l'ordre des choses.
Mais on sentait bien que les commentateurs n'avaient pas grand'chose à se mettre sous la dent!

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John 1 octobre 2019 - 5:28

Chirac
d'accord pour l'essentiel
sauf pour notre "abstention", à mes yeux, tout à fait justifiée, lors de la guerre d'Irack sous Bush fils
En revanche vous auriez pu ajouter son "anti-britannisme" très primaire…

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Gilbert Claret 1 octobre 2019 - 6:27

Jacques Chirac, symbole de la droite antilibérale
Un non évènement ! Tel a été ma première pensée à l'annonce du décès de l'ancien président. Comme je n'ai jamais été un intime de Jacques Chirac et n'ai donc jamais pu apprécier en privé son entrain, sa nature sympathique et chaleureuse que tous ceux qui l'ont connu intimement lui reconnaissent, le souvenir concret que je garde de lui repose uniquement sur l'homme politique qu'il a été publiquement et pour lequel j'ai plusieurs fois voté.
A l'exception de son action comme Maire de Paris et de ses deux années comme Premier Ministre en cohabitation avec François Mitterrand, Président de la République, durant le premier mandat de ce dernier (7 ans) où il a montré une détermination à agir dans le sens que ses électeurs et soutiens attendaient de lui (reprivatisation des entreprises publiques nationalisées en 1981, abrogation de l'impôt sur les grandes fortunes -l'impôt désastreux de la haine des riches ou IGF, etc., parmi les réformes les plus emblématiques), ses actions comme Président de la Républiques durant douze années, ont été, après une brève tentative courageuse de réforme des régimes sociaux et de retraites conduite par son Premier Ministre Alain Juppé, malheureusement suivie d'une reculade pitoyable et démoralisante pour le pays à la moitié du chemin parcouru, après des semaines de grève du Tout Secteur Public arcbouté à ses privilèges injustes et ruineux pour les contribuables, ont été une suite d'évitements de toute confrontation avec les forces d'opposition pourtant minoritaires et de revirements (même après une réforme votée par sa majorité et adoptée à l'Assemblée, tel l'instauration du contrat première embauche) qui au final se sont traduits par un immobilisme fataliste de tous les renoncements comme si une volonté politique reposant sur une majorité de soutien à l'Assemblée ne pouvait rien contre les manifestations de rue.
J'aurais encore beaucoup d'autres sujets de déception à évoquer mais ceci prendrait trop de temps dans le cadre de ce simple message.

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