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Etats-Unis : les républicains promettent de copier les méthodes des démocrates pour faire voter leurs partisans à l’avance

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Lassés de perdre des élections locales et fédérales en raison d’un taux de participation plus faible que celui de leurs adversaires, les républicains proclament un revirement complet de stratégie. La direction du parti, le Republican National Committee (RNC), promet qu’en 2024, eux aussi mettront en pratique les méthodes visant à accumuler les bulletins de vote des semaines à l’avance. Ils renoncent ainsi à la tradition privilégiant le vote le jour même de l’élection, norme des autres pays démocratiques.

La principale critique adressée au « vote avancé » est qu’il fait voter des millions d’Américains qui ne sont pas tous informés de manière égale

Voilà des années que les républicains dénoncent, comme sources évidentes de fraude potentielle, au moins trois tactiques efficaces chères aux activistes en vue de doper la participation dans les quartiers et circonscriptions qu’ils savent être sociologiquement favorables à leur cause. A savoir : le vote anticipé à grande échelle, le vote par correspondance systématisé et encouragé, et la « récolte de suffrages » (ballot harvesting) par des tiers. Dans le détail, les règles varient, puisque les lois électorales relèvent des États et non du Congrès, même pour des consultations fédérales. Ces formes de vote sont limitées en Europe précisément par qu’elles suscitent de légitimes contestations.

La première pratique est simple : « le jour de l’élection » est en quelques décennies devenu  « le dernier jour de l’élection ». Il tombe pratiquement toujours le premier mardi de novembre. Dans de nombreux États, les bureaux de vote sont ouverts plusieurs semaines avant « Election Day ». On ne peut plus proclamer que les « Américains qui travaillent » n’ont pas le temps de se déplacer pour voter le mardi. La rengaine des longues files d’attente devant les bureaux de vote qui prétendument affecte la participation des pauvres, des minorités et des handicapés, n’a plus lieu d’être.

La principale critique adressée au « vote avancé » (early voting) est qu’il fait voter des millions d’Américains qui ne sont pas tous informés de manière égale. En Pennsylvanie par exemple, plus de 500.000 bulletins ont été mis dans les urnes avant le grand débat télévisé opposant le 26 octobre 2022 le Démocrate John Fetterman au républicain, Mehmet Oz. Or les trois quarts de ces suffrages avancés étaient en faveur du démocrate.

Même la presse démocrate prête à tout pour priver Oz, choisi par Donald Trump, du poste de sénateur, a dû reconnaître que la prestation de Fetterman s’est révélée catastrophique. Au lendemain du débat, les sondages ont du reste montré une remontée du millionnaire politiquement inexpérimenté. Si tous les Pennsylvaniens avaient voté le même jour, l’issue de l’élection le soir du 8 novembre aurait très bien pu être favorable au républicain. Fetterman a finalement gagné avec une marge de seulement 263.505 voix sur un total de 5.361.212 votants.

L’arrivée au Sénat de Mehmet Oz aurait certainement compliqué la seconde partie du mandat de Joe Biden. Peu importe que Oz ait reçu davantage de voix que Fetterman le jour du scrutin, car durant les cinquante jours précédents, les démocrates, bien organisés pour tirer parti du vote avancé, avaient eu le temps de remplir les urnes en toute légalité. Dans un pays où la presse, particulièrement les chaînes de télévision, sont clairement biaisées en leur faveurdéocrates, le vote anticipé profite généralement aux démocrates.

L’autre grand reproche fait au vote par correspondance est l’acceptation des milliers de bulletins reçus plusieurs jours après le mardi électoral

Le vote par correspondance est l’autre moyen, cher à la gauche, pour doper la participation de ses électeurs. En faisant voter des semaines à l’avance par exemple les retraités âgés, moins mobiles, mais ciblés pour leur résidence dans des zones sociologiquement favorables aux démocrates, les activistes syndicaux et autres zélés militants ont trouvé un bon moyen de renforcer leurs chances. Les républicains protestent depuis des années, arguant que le vote par correspondance est suspect puisque le contrôle des bulletins envoyés par la poste échappe à la surveillance des scrutateurs.

L’autre grand reproche fait au vote par correspondance est l’acceptation des milliers de bulletins reçus plusieurs jours après le mardi électoral, simplement sur la base du cachet de la poste. La possibilité de fraude sur ce point crucial de la chaîne de contrôle des suffrages, est évidente. Malgré cela, en raison des confinements et de la psychose à la contagion du covid nettement plus forte dans les États dominés par les démocrates que dans les États républicains, comme le Texas, le vote par correspondance a pris une grande ampleur. Ce sont quelque 42 millions de votes qui ont été enregistrés avant le mardi 8 novembre, date des élections de mi-mandat, sur un total de 112 millions.

Des sacs de bulletins « perdus » ou devenus illisibles car tombés dans l’eau, oubliés dans le coin d’un centre de tri, sont certes régulièrement retrouvés miraculeusement juste avant la fin des décomptes officiels. Il est impossible de prouver une malveillance partisane derrière ces bavures. Mais le soupçon, lourdement entretenu par Donald Trump, demeure.

La méthode de vote la plus controversée reste celle du « ballot harvesting ». Elle consiste à faire récolter des milliers de cahiers adressés à la résidence, toujours valide ou périmée, d’électeurs inscrits. Ces cahiers de plusieurs pages sont en fait les bulletins de vote sur lesquels les Américains répondent aux dizaines de questions qui leur sont posées lors d’une élection : choix de sénateur, représentant, gouverneur, sheriff, juges, référendum…

Les cahiers sont alors théoriquement remplis par les électeurs, collectés et  envoyés par paquets aux bureaux de vote prescrits par des activistes. Ces derniers sont censés être pétris de sentiments civiques et dénués de toute intention partisane. Sauf que… personne ne peut vraiment vérifier si les cahiers ont bien été remplis et signés par les vrais électeurs. Dans certains États les gracieux volontaires peuvent n’avoir aucun lien de parenté avec les électeurs et ne même pas les connaître. Personne ne peut vérifier s’ils n’ont pas déménagé dans un autre État, car les fichiers électoraux des États ne sont pas comparés. Il n’existe pas de fichier fédéral central. Pas plus qu’il n’existe de carte fédérale d’identité. Le potentiel pour des abus massifs est colossal. Par exemple lorsque des activistes démocrates raflent des centaines de cahiers abandonnés dans les résidences universitaires…

On peut ajouter à cela l’incroyable généralisation des lois locales autorisant de s’inscrire sur les registres électoraux le jour même de l’élection, quelques minutes avant de voter, sans qu’aucune vérification effective de résidence soit possible. Cette pratique est maintenant autorisée dans 21 États dont de très grands comme la Californie, l’Illinois, le Virginie et le Maryland.

En novembre dernier, le candidat républicain Adam Laxalt a perdu les sénatoriales dans le Nevada par 8000 voix. L’État compte 654.145 électeurs inscrits comme « républicains ». Or seulement 490.388 d’entre eux ont voté. Ils disposaient pourtant d’un bulletin 20 jours avant le 8 novembre. Ils auraient pu voter par correspondance. Mais le Parti républicain dénonçait alors les modes alternatifs de vote et insistait pour privilégier le vote du 8 novembre. Ce jour-là, une tempête de neige a empêché des milliers de républicains d’aller aux urnes… Résultat : la démocrate sortante Catherine Cortez Masto a été réélue. Le RNC affirme avoir tiré les enseignements de cette énorme erreur.

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