On le croyait retiré quelque part, plein de regrets, culpabilisant après avoir truqué ses statistiques. Eh bien non, Thomas Pikett revient comme si de rien n’était. Dans une longue interview accordée au magazine Challenges (14 décembre), il reprend sa charge contre les riches, à l’occasion de la publication d’un nouveau rapport sur les inégalités dans le monde. « La captation de la croissance par les plus riches est inquiétante », soutient-il péremptoirement sans se soucier des éventuelles critiques qui pourraient lui être adressées. Il sait que les journalistes n’en feront pas et pour ce qui est des autres, il a pris l’habitude de ne pas y répondre.
Il n’y a pas si longtemps, début octobre, un article scientifique paru dans la revue Social Science History (Cambridge University Press) mettait clairement en doute les conclusions de son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle. Selon l’économiste Richard Sutch, les données seraient lourdement retravaillées pour les 1% les plus riches ; on remarque aussi l’absence de preuve empirique pour appuyer l’évolution de la richesse des 10% les plus aisés, tandis que la documentation est insuffisante et que les erreurs sur les feuilles de calcul seraient plus qu’ « ennuyeuses ». Les données sur l’évolution des inégalités entre 1810 et 2010 telles qu’elles sont présentées par Piketty semblent totalement fausses.
83 % des 1 % les plus riches sont des entrepreneurs !
Déjà, en août 2016, un économiste du FMI, analysant 19 pays sur une période de 30 ans, trouvait que, contrairement à ce que soutient Piketty, le taux d’épargne n’est pas stable et que les inégalités ont tendance à s’estomper. Les résultats obtenus par l’économiste du FMI vont à l’encontre des théories de Piketty sur toute la ligne. A la même période, la Cornell University publie aussi une étude qui contredit les thèses de Piketty concernant les riches. Alors que pour celui-ci les riches sont des héritiers qui ne cessent d’accumuler des richesses tout la vie, l’étude montre que la mobilité parmi les 10 % les plus riches est absolument impressionnante. Ainsi, environ 50 % des Américains ont fait partie durant leur vie, pour au moins une année en moyenne, des 10 % les plus riches ! Environ 11 % des Américains ont même fait partie pour au moins une année du 1 % des plus riches !
Dans un essai qui vient de paraître – A century of Wealth in America (Harvard/Belknap) – Edward N. Wolff, économiste (Yale, Harvard) considéré comme plutôt proche des idées de Piketty, infirme pourtant l’une de ses thèses principales. Pour Wolff, les riches ne sont pas des héritiers. Au contraire. Ses statistiques sont imparables : entre 1989 et 2013, 77 % des fortunes sont nouvelles et seulement 23 % peuvent être considérées comme provenant d’héritages. Et parmi le 1 % des plus riches, 83 % sont des self-made-men et seulement 17 % des héritiers ! C’est exactement le contraire de ce que soutient Piketty pour lequel les fortunes seraient figées et auraient tendance à s’accroître indéfiniment.
Au lieu de s’en prendre aux riches et leur souhaiter une – encore – plus forte taxation, il faudrait comprendre qu’ils sont indispensables à la croissance économique car ce sont pratiquement tous des entrepreneurs. Les statistiques le montrent parfaitement. Mais M. Piketty préfère l’idéologie aux faits.