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Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes

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Les féministes aiment se plaindre du sort du ministère du Droit des femmes : il n’a pas assez de moyens, n’est pas assez considéré par le gouvernement… En se penchant un peu sur ses actions et son fonctionnement, on comprend : le ministère ne se préoccupe pas du droit des femmes mais des nouvelles idéologies.

Le ministère des femmes ne s’occupe pas d’elles

La lutte pour les droits des femmes peut, à certains égards, être incluse dans les pouvoirs régaliens de l’Etat. Il peut s’agir, par exemple, de lutter contre les violences conjugales et sexuelles ou contre la prostitution, puisque les femmes en sont les victimes majoritaires. Malheureusement, cela ne semble pas être la première préoccupation du ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances (en raccourci : du Droit des femmes). Dans l’onglet « politiques publiques » de son site internet, on trouve les combats suivants : les nouveaux noms à donner aux rues, les « dispositifs pour les personnes LGBT+ », l’égalité professionnelle, le droit à disposer de son corps, la lutte contre les discriminations et l’égalité entre les femmes et les hommes… Ce dernier poste rassemble tout ce qui concerne les violences faites aux femmes. Ce foisonnement de sujets explique pourquoi, en 2018, le gouvernement dépensait 18 millions d’euros pour l’accès des femmes au sport, 21,14 millions pour des prêts aux « femmes entrepreneures », 2,6 millions pour l’aide alimentaire au profit des femmes et quatre millions pour le « repérage des femmes à la recherche d’emploi ». De l’argent qui serait utilement employé dans les fonctions régaliennes ou laissé dans les poches du contribuable, qui pourrait alors payer l’inscription au sport de sa fille.

Les préoccupations du ministère expliquent pourquoi Elisabeth Moreno, la ministre, est si prompte à promouvoir les dérives bioéthiques ou l’écriture inclusive, et si peu à combattre les agressions subies par les femmes dans certains quartiers. Mais le ministère ne se contente pas de se concentrer sur des causes secondaires : il s’y concentre de façon déplorable. Le Sénat a constaté au début des années 2000 que « le service des droits des femmes ne connaît pas le nombre exact des associations qu’il subventionne ». L’argent du contribuable était donc à l’époque littéralement jeté par les fenêtres, et bon courage à celui qui veut prouver que tel n’est plus le cas : le site du ministère ne mentionne pas ses dépenses, il se contente d’actions de communication. Le service fautif avait pourtant pris acte de ses manquements et annoncé la mise en place d’un groupe de travail « pour réaliser un outil de remontée d’informations rénové et fondé sur des indicateurs permettant d’alimenter un système d’information adapté au suivi d’indicateurs au niveau central ». Une grande phrase pour, a priori, peu de résultats. Le manque de transparence du ministère ferait probablement hurler s’il était le fait d’une entreprise privée.

Les femmes n’ont pas besoin d’un ministère à elles

Les féministes s’offusquent souvent des moyens prétendument insuffisants attribués au ministère du Droit des femmes, qui bénéficiera d’une enveloppe de cinquante millions d’euros en 2022. Pour appuyer leur propos, elles comparent ce budget avec celui d’autres ministères comme la Défense ou l’Intérieur. Cependant, d’après le rapport sénatorial de juillet 2020 concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, les sommes allouées à cette cause viennent essentiellement du ministère de l’Intérieur, qui y a consacré 230 millions d’euros en 2020, notamment pour l’hébergement d’urgence des victimes de violences à leur domicile ou pour des stages pour la prévention et la lutte contre les violences conjugales. Au fil de ce rapport, preuve est faite que les devoirs de l’Etat envers les femmes n’ont pas besoin d’un ministère spécifique pour être remplis. Les associations et les ministères régaliens suffisent.

La lutte pour le droit des femmes justifie désormais toutes sortes d’usines à gaz, telle cette délégation de l’Assemblée nationale qui demandait « une adaptation des systèmes d’information budgétaire de l’Etat, afin de disposer plus systématiquement de données genrées ». Une femme doit avoir les mêmes droits que les hommes, c’est entendu. Elle doit pouvoir mener les projets qui lui plaisent, dans la limite de la légalité et de la liberté d’autrui, c’est entendu également. En revanche, ces droits ne demandent pas nécessairement l’intervention d’un ministère ou de toutes sortes de groupes de travail coûteux et peu efficaces. Ainsi, les entreprises paient leurs employés, quel que soit leur sexe, en fonction de leur investissement, de leurs compétences et de leur ancienneté. Les établissements de santé veillent à accueillir leurs patients le mieux possible, en fonction de leurs besoins et non en fonction de leur sexe. Le devoir de l’Etat est avant tout de garantir que tous, hommes comme femmes, peuvent accomplir leurs projets sans craindre qu’on attente à leur propriété ou à leur intégrité physique ou morale. C’est pour cela qu’il est légitime, par exemple, que le gouvernement mette des moyens financiers dans les bracelets anti-rapprochements ou dans le dispositif « téléphone grave danger » qui permet à la police de tracer rapidement la personne qui appelle.

Dans un pays où les femmes ont maintenant les mêmes droits que les hommes, excepté dans certaines communautés ou groupes toxiques et hors-la-loi, l’obsession gouvernementale des « droits des femmes » participe d’une société d’exclusion, ou chacun appartient à une communauté et ne peut pas communiquer avec l’autre. Si l’Etat se préoccupe particulièrement d’un groupe, ce doit être parce que ce groupe est particulièrement fragile, non parce qu’il est particulièrement bruyant. En quoi le combat pour l’écriture inclusive permet-il aux femmes de mieux vivre au quotidien ? Il s’agit là d’une lutte idéologique qui ne peut avoir sa place que dans une association non subventionnée, pas dans un gouvernement.

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6 commentaires

FEDYCKI 25 novembre 2021 - 8:09

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
pas lu mais absolument LES IDEOLOGIES
restons dans le VRAI
n’oublions pas nos vaillantes reines, n’oublions pas nos troubadours pour ceci il faut nous rendre NOS HOMMES HUMAINS RESPECTUEUX DE LA VIE !!!
a titre indicatif LE REEL et bien
quand des métiers de qualité et a responsabilité deviennent accessibles aux femmes et bien les salaires diminuene !!! et ça constat fait en réunion Européenne il y a déjà quelques années !!!

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Jean-Louis SYREN 25 novembre 2021 - 9:04

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
A propos des salaires des femmes qui seraient « scandaleusement » inférieurs à ceux des hommes et ce, même à poste identique, on ne cite jamais les enseignants et les fonctionnaires qui, à indice égal, on exactement le même salaire à l’euro près indépendamment de leur sexe. Et ça fait beaucoup, beaucoup de monde!

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Gilles 25 novembre 2021 - 9:45

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
A force de créer des droits spéciaux c’est l’état qui crée ou accentue les discriminations.

L’action de cette administration en roue libre est pitoyable quel que soit le domaine.

On devrait se soucier de leur reclassement/formation professionnel et les orienter vers Pôle emploi sorti des ENA, Science po, hautes écoles patin couffin…

Bien à vous

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JR 25 novembre 2021 - 6:43

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
Bonjour, le culte de la ségrégation sévit, à quand une ministère des grands, des petits, des trans, des barbus, des chauves, etc… Cela frise le tribalisme, voila ou passe les impôts des contribuables… C’est certain, il y a des économies à faire, euh pardon, il a y des gaspillages ineptes à stopper, et ceci, sans léser quiconque. Merci.

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Geoffroy 26 novembre 2021 - 11:57

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
Bonjour,
J’aimerais tant que l’un de vos contributeurs, dont j’apprécie beaucoup les articles, nous expliquent comment il se fait qu’on n’arrive pas à sortir du système ubuesque dans lequel nous sommes plongés depuis un moment déjà… Derrière ces idéologies défiant le simple bon sens, n’y a-t-il pas aussi des intérêts, beaucoup plus concrets ?
Au plaisir de vous lire à nouveau, surtout si cela pouvait porter sur ce sujet

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AlainD 28 novembre 2021 - 7:17

Le ministère du Droit des femmes, un ennemi pour les femmes
Si la ministre n’a pas d’autres idées que promouvoir l’écriture inclusive elle ne mérite certainement son portefeuille. Cette nouvelle manie, il faut bien l’appeler comme cela, est une ânerie aux même titre que « les françaises et les français » dont on nous rebat les oreilles à longueur de discours et autres verbiages alors que c’est bien au peuple tout entier que s’adressent les « seigneurs ».
Quant à l’utilité d’un ministère du Droit des Femmes, est il réellement utile? A quoi sert il ? Faudrait il créer un ministère du Droit des Hommes, de celui des Enfants ? Et pourquoi pas du droit des Animaux ?
Le gouvernement est pléthorique, Macron aurait été bien inspiré de respecter sa promesse d’un gouvernement resserré. C’est vrai que pour ce qui est des promesses il en a oublié beaucoup !

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