« Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison », cette observation, au XVIème siècle, de Philippus Aureolus Theophrastus Bombast von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse, est encore vraie au titre des dépenses sociales. Efficaces à petites doses, les dépenses sociales empoisonnent un pays à dose plus élevée. Pourquoi ?
Parce qu’au-delà du secours nécessaire à ceux qui, pour des raisons physiques ou psychologiques, ne peuvent pas être responsables d’eux-mêmes, les aides publiques déresponsabilisent facilement, et malgré eux, ceux qui les reçoivent, en même temps qu’elles peuvent les humilier, les démotiver, les enfermer dans une logique d’assistanat. Quand trop de prélèvements publics pèsent sur l’économie, ils entravent la croissance, appauvrissent les plus pauvres. Dans une économie atone, ceux-ci n’ont d’autre recours que de tendre la main vers l’Etat qui pour leur en donner plus, en prélève plus. Certes, ce ne sont pas toujours les mêmes qui payent les impôts et charges et qui reçoivent les subsides, mais tous sont affaiblis quand le pays souffre. De même que c’est la vigueur de la croissance économique qui est l’arme la plus efficace pour lutter contre la pauvreté, c’est sa faiblesse, voire la décroissance, qui nuit le plus aux plus démunis.
La Covid a porté les dépenses publiques à près de deux tiers de la richesse nationale
Or la France a dépassé depuis longtemps le seuil au-delà duquel le poison de la dépense publique tue. Et les responsables politiques ne cessent de l’amplifier. Ils se font une gloire d’en droguer les Français. La Covid qui a porté les dépenses publiques à près de deux tiers de la richesse nationale en 2020 n’en est qu’un accélérateur. La France en était déjà championne de l’OCDE. La politique est devenue une course à la dépense publique en faveur des uns ou des autres. C’est sans doute le risque de la démocratie, identifié déjà dans la Grèce antique, que de tomber dans la démagogie. Mais il semble ne plus y avoir aucun frein. Que les partis politiques des franges extrêmes, de droite ou de gauche, se nourrissent d’un populisme dévastateur autant que dépensier est dommageable mais habituel. Que les partis de gouvernement y succombent est funeste.
Certes, le gouvernement a eu le courage de dire non aux demandes socialistes de « minimum jeunesse » qui auraient habitué les jeunes à vivre de subsides dès la sortie de l’école, mais c’est pour poursuivre et élargir le plan « 1 jeune, 1 solution » qui octroie des primes à l’embauche et propose de nouvelles aides « à tous les jeunes diplômés qui sont en recherche d’emploi et qui étaient boursiers au titre de l’année universitaire 2019-2020 ». Sans compter bien sûr cette mesure phare pour financer les serviettes périodiques des étudiantes au prix d’une immense discrimination par rapport aux étudiants dont il ne finance pas la mousse à raser et les rasoirs ! Au demeurant Les Républicains se livrent pour leur part à une surenchère ridicule avec leurs Quinze propositions pour lutter contre la pauvreté « galopante » incluant un chèque carburant, une nouvelle aide alimentaire de 150€ par mois pour les étudiants bénéficiaires des APL et à certains indépendants, des mini PGE de 50 000€, des « jobs pour la nation » au SMIC pour les étudiants, qui ressemblent à ceux des Ateliers nationaux de sombre mémoire… En arrière fond se trame l’idée d’une allocation universelle que certains Les Républicains avaient soutenue et qui est portée par la gauche rouge-verte.
C’est pourtant l’allocation universelle qui est sans doute le poison le plus fort
Ainsi, d’ores et déjà, la métropole de Lyon a décidé d’expérimenter un RSA Jeune permettant d’accorder un revenu mensuel de 300 à 400 euros aux jeunes de 18 à 25 ans. La mesure sera proposée au Conseil métropolitain du 15 mars prochain. En même temps, il leur offrira un abonnement aux transports publics pour 25 euros par an. Il n’est pas certain que la Métropole ait le droit de délivrer une telle allocation, mais elle en fait un coup politique que l’opinion dopée à l’argent public appréciera peut-être. C’est pourtant l’allocation universelle qui est sans doute le poison le plus fort, capable de faire basculer définitivement toute une partie de la population dans une assistance léthargique complète et définitive.
Le retour à la croissance et à une dynamique des esprits et des comportements, entraînant celle de l’économie et de la société, est, à l’opposé, dans la réduction progressive des doses d’argent public, une sorte de dé-mithridatisation en quelques sorte. Il s’agit de recréer un cercle vertueux permettant aux Français de reprendre la maîtrise de leurs vies, de décider de l’école de leurs enfants, de disposer de leur salaire complet (charges sociales patronales et salariales incluses) et de retrouver le choix de leurs assurances sociales, sur le prix desquels ils pourront sans doute gagner ainsi beaucoup. Il s’agit de permettre aux entrepreneurs de pouvoir licencier aisément pour pouvoir embaucher plus volontiers. Il s’agit de réduire les réglementations inutiles et perverses, d’arrêter les dépenses pseudo écologiques aussi onéreuses que démagogiques… Il faut qu’une droite libérale ose dire son nom et sache dire non à la complaisance politique.
3 commentaires
Dépenses publiques : c’est la dose qui fait le poison
Beau sujet, bravo
Cependant pour un politique porter un tel programme pourtant logique et salvateur ne serait-il pas son propre suicide ?
Dépenses publiques : c’est la dose qui fait le poison
Certes certes, j’approuve entièrement et depuis longtemps votre analyse. Mais, je me pose aussi depuis longtemps la question : la réduction de la dépense publique est-elle possible ? Vous parlez de poison : ne faudrait-il pas parler de drogue. Certes, il y a des drogués qui s’en sortent mais ce qu’il faut considérer sur le sujet de la dépense publique, c’est le nombre. Sans être connaisseur des statistiques sur la question, je parie qu’il y a de plus en plus de drogués qui se droguent et de moins en moins de drogués qui s’en sortent. Notre démocratie va sombrer dés lors qu’elle donne le pouvoir au plus grand nombre. C’est, je pense, la raison pour laquelle Charles Millon, en son temps, pensait qu’on ne s’en sortirait pas sans « troubles »
Dépenses publiques : c’est la dose qui fait le poison
Partager un gâteau sans l’avoir confectionné revient à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Simple question de bon sens que nos « décideurs » semblent avoir perdu.
Cette « redistribution » censée réparer des injustices… assortie d’impôts et taxes toujours plus lourds QUI TOUCHENT TOUT LE MONDE permet toutes sortes d’ abus et fait oublier le train de vie d’un état Français vivant largement au dessus de ses moyens.
Trop de bureaucratie, trop de fonctionnaires pour une France qui fonctionne mal.
Dans le même temps une industrie étouffé… quand elle existe encore et un chômage de masse… avec des formations ne correspondant pas toujours aux besoins.
Plutôt que de transformer nos jeunes en « assistés » sans doute vaudrait-il mieux leur donner des outils pour travailler et faire revivre notre industrie.
Si elle ne protège pas la planète, l’écologie politico-doctrinaire qui prévaut tue également notre économie. et notre industrie.