La mobilisation syndicale contre la réforme des retraites aurait revigoré les syndicats. Ils auraient enregistré une vague d’adhésions sans précédent et vu leur popularité progresser dans l’opinion. Qu’en est-il vraiment ?
Ils y sont tous allés de leur petite musique : « nous engrangeons les adhésions ». Dans les longs mois de la pseudo-réforme des retraites, les syndicats ont affirmé avoir eu un nombre d’adhésions sans précédent. La CFDT parle de plus de 40 000 à la fin juin 2023, soit 30 % à 40 % de plus qu’en 2022. La CGT affirme connaître une progression de ses adhérents qu’elle n’avait pas vécue depuis bien longtemps, avançant un chiffre de près de 30 000. FO estime avoir recueilli 50 % d’adhésions nouvelles de plus qu’en 2022 (qui n’étaient que de 5 000). L’UNSA assure avoir eu trois fois plus de demandes sur les six premiers mois de l’année 2023 que sur la même période en 2022. Au total, 100 000 travailleurs auraient pris leur carte dans l’une des organisations qui se sont mobilisées contre la réforme des retraites.
Confiance accrue dans les organisations syndicales ?
De là à conclure que les Français reprennent confiance dans les organisations syndicales, il n’y a qu’un pas. Un pas vite franchi par les premiers intéressés, en tête desquels la CFDT qui a commandé un sondage pour le confirmer.
Réalisée par Kantar Public à l’occasion du congrès de la CFDT en juin 2023, l’enquête révèle, en effet, que 59 % des salariés feraient confiance aux syndicats pour défendre leurs intérêts. Un chiffre en forte augmentation par rapport à 2018 où il était de 48 %, et à 2015 où il était de 41 %.
Ce bon résultat est cependant à relativiser. En effet, les salariés interrogés ne sont que 13 % à faire « tout à fait » confiance aux syndicats. Les autres 46 % leur font « plutôt » confiance. On est donc loin du plébiscite !
Les autres questions du sondage confirment d’ailleurs cette tendance. Par exemple, 53 % des salariés affirment s’être sentis proches des syndicats lors du mouvement contre la réforme des retraites, dont 18 % « très proches » et 35 % « plutôt proches ». Ce qui signifie que 47 % des sondés ne s’estiment « pas proches », dont 20 % « pas du tout proches ». Et 51 % des travailleurs jugent que la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites a été « inutile, car la loi a été votée et promulguée ».
Reconnaissons donc que ce n’est pas l’amour fou entre les Français et les syndicats.
Amour et preuves d’amour
Le poète Pierre Reverdy disait « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Le moins que l’on puisse dire est que les Français sont avares en preuves d’amour envers leurs « chères » organisations syndicales.
Si 100 000 adhésions ont enregistrées par les syndicats lors du premier semestre de cette année, comme nous l’avons dit plus haut, cela ne change pas fondamentalement la donne. En 2019 lors de la dernière mesure de la représentativité syndicale, il n’y avait que 2,5 millions de syndiqués sur les 25 millions et quelques de Français qui occupaient un emploi salarié. Soit un tout petit 10 % ! Dans le seul secteur privé, le taux était de de 7,8 %, contre 18,4 % dans le secteur public, selon le ministère du Travail. La proportion ne serait que de 5 % dans les entreprises de moins de 50 salariés et encore inférieure dans les très petites entreprises (TPE).
Et, selon une étude publiée avant les vacances, 60 % des adhérents à un syndicat disent ne pas participer ou peu participer à ses activités. Un engagement du bout des lèvres… confirmé par les manifestations du début d’année 2023.
En effet, les fameuses mobilisations contre la réforme des retraites n’en étaient pas vraiment. Comme nous l’avons montré, au plus fort des grèves, il y avait environ 1,3 million de personnes dans la rue, soit la moitié des syndiqués. Ou si l’on préfère 2,6 % du corps électoral !
Et la pétition en ligne lancée par l’intersyndicale en janvier de cette année contre la réforme des retraites est restée bloquée à moins de 1,2 million de signataires, soit 4 % des personnes ayant un emploi en France.
Les salariés ne se mobilisent pas plus pour voter. Lors des élections professionnelles dans le secteur privé qui se sont déroulées entre 2017 et 2020, le taux d’abstention a été de 62 %. Et en avril 2021, lors des élections spécifiques aux TPE (moins de 11 salariés), il était de 94,6 % !
En finir avec la dictature des syndicats
Si les salariés français avaient vraiment confiance dans les syndicats, ils y adhéreraient et voteraient pour eux en masse. Ce n’est pas le cas !
La faiblesse des syndicats français a plusieurs raisons : ils sont politisés ; ils se mêlent de tout, et surtout des sujets qui ne les concernent pas ; ils empoisonnent la vie des Français en multipliant les grèves dans le secteur public ; ils détournent les fonds publics en toute impunité ; etc.
Il est plus que temps de briser cette dictature syndicale en commençant par supprimer le financement public des syndicats, par mettre fin au monopole syndical et par réformer le droit de grève, comme l’IREF s’échine à le réclamer depuis des années.