Iran : le retour de la police de la moralité

Après plusieurs mois d’accalmie, la féminité des Iraniennes est de nouveau prise en chasse. La police de la moralité reprend ses patrouilles pour s’assurer que les femmes respectent les codes vestimentaires musulmans. En vertu de la loi basée sur la charia, elles doivent recouvrir leurs cheveux avec un hijab et porter des vêtements longs et amples pour dissimuler leur silhouette. L’Iran a eu plusieurs formes de « police de la moralité » depuis la révolution. Cette dernière version, connue officiellement sous le nom de « patrouille d’orientation » (Gasht-e Ershad), est opérationnelle depuis 2006. Nul ne sait combien d’hommes et de femmes y travaillent, mais ils ont accès à des armes et à des centres de détention, ainsi qu’à ce qu’on appelle des « centres de rééducation ».

Après la mort en détention d’une jeune Iranienne kurde qui portait mal son voile en septembre dernier, de nombreuses manifestations avaient agité le pays. Des policiers lui avaient frappé la tête avec une matraque avant de la cogner contre leur véhicule ; elle est morte dans le coma. En réaction, la Grande-Bretagne, l’Union européenne, le Canada et les Etats-Unis ont pris des sanctions contre les islamistes iraniens, essentiellement quelques gels d’avoirs et des interdictions d’entrer dans le pays. Des messages publics, même chaleureux, quelques sanctions supplémentaires, paraissent de bien faibles signaux aux yeux des opposants. Cependant, aucune figure de proue ne se distinguant pour le moment dans leurs rangs, il ne semble pas qu’aucun pays occidental soit actuellement prêt à rompre les liens diplomatiques avec l’Iran. Les démocrates américains, inquiets des éventuelles conséquences sur les négociations sur le nucléaire iranien, n’ont pas soutenu un projet de loi présenté par les républicains visant à sanctionner le guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei, et son président, Ebrahim Raisi. En France, les réseaux fréristes ont réussi à faire du port du hijab une revendication féministe. Soutenue par les féministes occidentales, la soumission des femmes dans les pays musulmans a de beaux jours devant elle.