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L’innovation sanctionnée dans le marché du livre

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Promulguée le 10 août 1981, la loi sur le prix unique du livre est entrée en vigueur le 1er janvier 1982 en France : toute personne qui publie ou importe un livre est tenue de fixer pour ce livre un prix de vente au public. L’essor de l’e-commerce a rendu cette loi «Lang» moins opérationnelle. Conscient des difficultés des librairies indépendantes, le Président Emmanuel Macron avait souhaité en 2021 : «un prix unique de tous les livres, le livre qu’on va acheter à la librairie comme le livre qu’on reçoit à la maison».

Partant du principe que les difficultés du marché du livre ne pouvaient venir que de la concurrence du modèle économique d’Amazon, sans pouvoir simplement admettre que les habitudes de consommation ont changé et que les gens lisent moins, le ministère de la Culture a décidé de suivre les recommandations de l’autorité indépendante chargée des postes et des télécommunications (Arcep). Seront donc instaurés, à partir de l’été prochain, un tarif minimum de 3 euros pour les frais d’envoi et le relèvement du prix plancher de commande, de 25 euros à 35 euros, à partir duquel il est possible pour les distributeurs de quasiment offrir les frais de ports (qui peuvent être facturés 0,01 centime d’euro). Dans l’optique de lutter contre le géant américain, les consommateurs français auront, en conséquence, à payer plus cher leurs livres pour sauver les librairies indépendantes.

Théorisée par Joseph Schumpeter, la destruction créatrice est un processus de disparition d’activités productives obsolètes, remplacées par des activités nouvelles du fait des innovations réalisées par l’entrepreneur innovateur. On peut comprendre qu’Amazon puisse concentrer les oppositions de corporations qui ne veulent pas se réinventer ni s’adapter et qui font du géant américain la source de tous les maux. Mais il est étonnant que les pouvoirs publics puissent servir les intérêts de concurrents qui ne sont plus en adéquation avec les évolutions d’un marché au détriment de l’intérêt des consommateurs. C’est faire preuve d’aveuglement sur l’état du marché du livre en France et reprocher à un concurrent d’être meilleur.

On oublie un peu vite qu’Amazon est libraire, certes, mais aussi éditeur et boutique sur laquelle les particuliers comme les professionnels peuvent vendre et acheter des ouvrages. Il arrive même que l’entreprise sauve des commerçants, comme Alexis, et qu’elle participe pleinement à soutenir les auteurs, les lecteurs et les autres acteurs du secteur.

En décidant de pénaliser Amazon pour aider les libraires indépendantes, l’Etat a tout faux. Une fois de plus, les seuls qui seront punis seront les consommateurs.

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1 commenter

Obeguyx 27 septembre 2022 - 9:46

L’innovation n’a jamais été la bienvenue en France et ce, depuis Giscard. On estime qu’environ 50 % des découvertes innovantes de la planète viennent de cerveaux Français. Mais notre Etat, avec son aveuglement coutumier, laisse tout filer hors de nos frontières. Pour mémoire, je rappelle, sous Giscard, l’histoire du code barre. Plus tard de la carte à puces et j’en passe. Je n’évoque pas le nucléaire, ni l’armement de toute nature, ni l’aérospatiale, ni la recherche médicale, ni l’informatique, etc…

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