Ces dernières semaines, plusieurs journaux français en ont fait un portrait élogieux. Il s’agit de Pascal Saint-Amans, directeur du centre de politique et d’administration fiscale de l’OCDE. On le considère comme le pourfendeur de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux. Il s’est aussi battu contre le secret bancaire et aujourd’hui, il consacre son activité à traquer les multinationales voulant échapper aux impôts. Mais a-t-il les atouts moraux et professionnels pour le faire ?
paradis fiscaux
Jean-Philippe Delsol, président de l’IREF, est intervenu (13/11) dans la Matinale de RMC sur les 3 députés UMP qui n’ont pas déclarés leurs comptes en Suisse.
Depuis longtemps la France a pris l’habitude de condamner le commerçant qui se défend contre ses agresseurs plutôt que d’accuser ces derniers. La Justice protège ainsi le coupable contre les excès éventuels des réactions de la victime, au nom de l’équilibre nécessaire requis par la légitime défense. Mais désormais, c’est dans la mentalité publique que se répand cette attitude qui sévit au niveaux social comme économique.
Les prêteurs sont les voleurs, les créateurs de richesse et d’emplois sont les exploiteurs, les épargnants sont les profiteurs, les pays vertueux sont les fauteurs de troubles.
Voici lancée une nouvelle et grande offensive contre les paradis fiscaux. Mais il y aura exil fiscal aussi longtemps que l’impôt sera confiscatoire et arbitraire, comme c’est le cas en France. Ne ferait-on pas mieux de proposer une amnistie fiscale? Beaucoup d’exilés y seraient sensibles compte tenu de la police fiscale qui s’organise au niveau européen.
Pas de consensus européen ni mondial, échec de la taxe appliquée par les Suédois, diminution des facultés d’emprunt pour les Etats : trois raisons au moins pour ne pas appliquer cette taxe dont Nicolas Lecaussin rappelle qu’elle avait été critiquée par Nicolas Sarkozy… en 1999.
Les attaques des Hommes d’Etat contre les hedge funds ou les paradis fiscaux, sont d’autant plus déplacées que d’une part ce sont bien les « spéculateurs » qui ont révélé la faillite des finances publiques (comme en Grèce), et que d’autre part les marchés financiers internationaux sont bien la seule source de liquidités pour les Etats en difficulté. C’est le point de vue de Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF.
Après Washington, l’Europe hausse le ton contre le secret bancaire
« Le secret qui permet aux gens d’abriter leur fortune sans payer d’impôts comme il se doit, on ne peut pas le tolérer. C’est injuste pour ceux qui n’ont pas d’autre choix que de payer. C’est l’une des choses que la Suisse doit régler. Si (la Suisse) veut faire partie de la communauté internationale, elle doit être ouverte », a-t-il déclaré.
Le Professeur James Tobin est devenu bien malgré lui le fer de lance des anti-mondialistes avec la taxe qui porte son nom. Une taxe synonyme de « charité obligatoire » des (pays) « riches » (à l’origine de plusieurs milliards de transactions financières quotidiennes) vers les (pays) « pauvres » (victimes de la « loi du plus fort »). Le principe consiste en une taxation systématique de toutes les transactions boursières qui commencerait par un taux peu élevé. Un principe simple et éthique? Pas si sûr.
La France annonce des sanctions à l’égard de 3000 initiateurs de transferts supposés irréguliers à l’étranger figurant sur une liste fantôme dont l’origine et le contenu sont celés. Le ministre Eric Woerth espère ainsi inciter, à défaut de pouvoir contraindre, les détenteurs d’actifs étrangers non déclarés à se rendre à Bercy, comme les bourgeois de Calais, la corde au cou et les clés de leur coffre sur un coussin, pur régulariser leur situation.
L’offensive sans précédent menée par quelques dirigeants de pays à forte taxation contre le secret bancaire aura certaines des conséquences qu’ils en attendaient. Explications de Thierry Afschrift