Il ne pouvait pas y avoir meilleure occasion que la création d’une Convention citoyenne pour le climat. Tirés au sort, à partir de 255.000 numéros de téléphone générés automatiquement, les participants ont été triés en fonction de différents critères, selon leur sexe (stricte parité), leur âge, leur niveau d’études, leur situation socioprofessionnelle et leur lieu de vie. Ils viennent de communes rurales ou de grandes agglomérations, de toutes les régions y compris l’Outre-mer. Ils sont agriculteurs, fonctionnaires, médecins, ingénieurs, et un quart d’entre eux n’a pas dépassé le niveau du collège. Tous les âges sont représentés à partir de l’adolescence (3% ont 16 à 17 ans,18% ont plus de 65 ans).Ce sont les 150 citoyens qui devront se prononcer sur le climat, faire des propositions, une soixantaine. La démarche semble originale et louable pour de nombreux observateurs et journalistes. Mais n’est-elle pas un bel exemple de populisme et une initiative dangereuse ?
Macron
Dans une « Opinion » du 11 septembre publiée dans L’Express, Laurent Alexandre dénonce, à juste titre, « L’hystérisation amazonienne de Macron ». Le président prépare déjà sa réélection en menant une très agressive campagne « écologique ».
Rapidement et sûrement. Ses adversaires le critiquent pour son « ultralibéralisme » et une partie de sa majorité considère qu’il n’est pas suffisamment à gauche. Comme la droite craint comme la peste les idées originales, Macron a un véritable boulevard devant lui. Ce boulevard s’appelle l’étatisation rampante de la France. Bien sûr, on aurait pu apercevoir quelques signes encourageants comme une prétendue réforme de l’éducation (finalement, rien d’encourageant) ou, plus récemment, la fin du numerus clausus (plus de cacophonie que de mesures concrètes), mais les mesures étatistes l’emportent largement sur les celles, plutôt rares, qu’on pourrait appeler non pas libérales mais un peu… audacieuses.
Malgré toutes ses imperfections, le Grand Débat a eu le mérite de libérer la parole. Selon Opinion Way qui a opéré le dépouillement, plus d’un tiers des participants estime que l’impôt sur le revenu devrait être payé par tous et 28,2% qu’il faut simplifier et réformer la fiscalité, 24,8% qu’il faut baisser les impôts. Une large majorité (58%) refuse les impôts comportementaux comme la fiscalité écologique et 75% souhaitent que les dépenses publiques soient réduites, notamment pour baisser le déficit public.
Dans son allocution après le débat national, le président Macron n’est pas franchement sorti du logiciel politique habituel en France, celui de l’étatisme. La révolution Macron attendra… Il a pu noter cependant que la France « travaille beaucoup moins que ses voisins » et que c’est un problème. Certains ont pu être surpris, d’autant que, en dépit des 35 heures pour une bonne partie de la population, le Français se trouve dans la moyenne haute européenne par le nombre d’heures travaillées, hebdomadaires ou annuelles. Pourtant, si l’on rapporte le nombre d’heures travaillées au nombre total d’habitants, comme l’a fait l’OCDE à la fin de l’année dernière, la France arrive dernière du classement des pays de l’OCDE, avec 630 heures par habitant. Différence saisissante, ce chiffre est de 1083 heures au Luxembourg ou 952 heures en Suisse. On ne travaille pas assez chez les Gaulois, et le président voudrait y remédier… Le peut-il ?
À de multiples reprises, des retraités ont reproché au Président Macron d’avoir amputé leur pouvoir d’achat avec la dernière hausse (1,70% du salaire brut, 1,85% du salaire net!) de la CSG. Rien de plus aisé pour le Président que de leur répondre que cette hausse faisait bien partie de son programme et qu’en conséquence elle se situait -sans surprise- dans le droit fil de son élection. Il est vrai que tous s’acharnent là sur un grief qui n’offre politiquement plus guère de prise à la contestation, compte tenu de la passivité accommodante du juge constitutionnel sur cette rupture flagrante de l’égalité entre contribuables. D’ailleurs, l’argumentation présidentielle est à ce point rôdée que l’on peut se demander si cette hausse de la CSG n’a pas été conçue comme une sorte de leurre destiné à protéger la Présidence de questions bien plus embarrassantes.
Dans la presse, comme sur les plateaux de télévision et bien d’autres médias encore, il n’est pratiquement jamais question à propos des sacrifices imposés aux retraités que de la dernière majoration de CSG de 1,70% (en réalité, 1,85% sur le montant net !) imposée par le pouvoir à compter du 1er janvier dernier.
Cerné par le ressentiment de près de 80% des Français qui ne croient pas un mot de l’argument de la transition écologique, le Président et ses principaux porte-mensonges viennent brusquement de changer leur fusil d’épaule. Ils expliquent ainsi à qui veut les entendre que, si le pouvoir pousse le curseur de l’impôt sur les carburants, c’est qu’il entend privilégier le travail dont il refuse d’augmenter les charges.
On sait que, rompant avec l’ancien monde du mensonge, notre actuel Président s’est fait fort de dire d’abord tout ce qu’il va faire, avant de faire ensuite tout ce qu’il a dit. Cela a pu être le cas dans d’autres domaines, mais certainement pas avec les retraités. En effet et sans doute par manque d’audace, le candidat n’a manifestement pas fait campagne sur le slogan peu porteur: « Je vais casser définitivement vos pensions, en mettant fin d’un coup tout à la fois à la garantie de leur pouvoir d’achat et à la solidarité intergénérationnelle ». S’il avait été franc et sincère, c’est pourtant bien ce thème-là que le candidat Macron aurait dû courageusement emboucher, mais au risque majeur il est vrai de ne jamais être élu. Or, comme tant d’autres avant lui qui pourtant ne se prétendaient pas « en marche », avec succès il a cyniquement préféré l’élection grâce au mensonge.
La tourmente actuelle de l’Elysée mérite pleinement ce titre que Jean-Marc Daniel avait dès avant choisi pour décrire plus généralement l’agitation présidentielle qui a cru pouvoir incarner le mouvement En marche sans réussir à tracer sa voie. Jean Marc Daniel a pourtant été un partisan de la première heure de ce qu’il croyait devoir être une synthèse prometteuse. Il n’en a que plus de courage à sonner l’alarme en dénonçant, et avec une telle virulence, les erreurs et les insuffisances d’une politique qui se mesure à son incurie, même s’il admet volontiers, à juste titre, que « des choses positives ont été faites » (p.11). Il le fait bien sûr en adepte déçu de ce qu’il espérait comme, selon ses mots, une nouvelle politique « Feuillant », du nom de ce club révolutionnaire libéral et monarchiste constitutionnel qui fut bientôt balayé par les Montagnards.