Le monde politique et les acteurs agricoles français se sont mobilisés pour dire leur opposition, au nom de la défense des agriculteurs et de la nature, à la signature d’un accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur. L’Union européenne semble déterminée à signer d’ici la fin de l’année un accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie), mais Paris le refuse toujours « en l’état ».
Le Premier ministre Michel Barnier devait tenter de faire valoir la position de Paris lors d’un déplacement à Bruxelles mercredi, où il devait rencontrer notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Lors du Conseil des ministres qui a eu lieu avant son départ, « il a été rappelé l’opposition absolue du gouvernement vis-à-vis d’un traité qui mettrait en péril nos éleveurs », par une concurrence déloyale, a rapporté la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Dans la matinée, l’alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) a lancé un appel à une mobilisation nationale des agriculteurs « à partir de lundi » 18 novembre. Ces organisations expliquent notamment vouloir « faire entendre (…) la voix de la France » au « moment du G20 au Brésil », alors qu’elle est plutôt isolée sur la scène européenne dans son opposition à cet accord.
Les syndicats et élus français semblent oublier que la concurrence des pays du Mercosur n’a rien de déloyal, au fond, que les produits agricoles ne peuvent pas être importés en Europe s’ils n’en respectent pas les normes environnementales et sanitaires, que les volumes concernés par l’accord sont relativement modestes, que les prévisions apocalyptiques sont habituelles avant toute libéralisation des marchés agricoles sans se traduire dans les faits, cf l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans l’Union européenne en 1986, que le libre échange profite généralement aux consommateurs et que le protectionnisme n’est pas si bénéfique aux producteurs que ses partisans le prétendent car il fausse les signaux de prix et n’incite pas à l’initiative.