Le deuxième tome de cette saga italienne est aussi passionnant que le premier. L’auteure sait allier la véritable  biographie de la Maison Florio avec les courants politiques et économiques qui traversent la Sicile à la fin  du XIXème tout en y ajoutant des détails romancés qui permettent au lecteur de dévorer le livre. Ignazio Florio reste fidèle à la devise familiale en ne cessant de développer les diverses entreprises de ses ancêtres acquises au prix de maints sacrifices. Sa fonderie d’Oretea, sur l’île de Favigna qu’il a achetée, assure avec la fabrication de sa flotte d’une centaine de bateaux à vapeur non seulement un avenir prospère   à ses ouvriers et ses marins mais aussi au port de Palerme et à toute la Sicile.Â
S’il est un sénateur reconnu, la tête d’un grand empire économique et l’initiateur  de la grande Exposition nationale, il ne reste pas moins homme, dont Stefania Auci dépeint les  tourments avec beaucoup de sensibilité. Tourments justifiés car à l’insouciance d’un fils trop futile et volage vont  s’ajouter la maladie, le phylloxéra sur l’exploitation vinicole de Marsala, le mécontentement fomenté par les Faisceaux des travailleurs et la grande faillite de la Banca Romana et du Credito Mobiliare où Ignazio junior a investi de grosses sommes. Seule consolation : la noblesse des femmes toujours en retrait mais consciente et lucide sur la fragilité des hommes ! Le lecteur ne peut qu’admirer l’adresse avec laquelle Stefania Auci relie la peinture sociale à une esthétique réaliste où  l’amour conjugal et le salut économique de la Sicile se disputent  la première place… Â