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Le déclin d’un monde, par Jean-Baptiste Noé, L’Artilleur, 2022

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L’Europe a cru que ses valeurs étaient universelles, mais elle affronte désormais la révolte de ceux auxquels elle a voulu faire partager sa civilisation et la démocratie. Le monde se fragmente et si l’Europe a échappé à la guerre sur son territoire, elle n’a pas cessé d’y être mêlée en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Lybie… et à présent en Ukraine. Les peuples cherchent toujours à défendre leur culture et leurs intérêts. L’universalisme était sans doute un rêve, nous rappelle Jean-Baptiste Noé dans cet ouvrage qui nous fait cheminer dans les arcanes de la géopolitique, sa spécialité.

Il s’agit d’essayer de comprendre les problématiques et la complexité du monde à partir de ses territoires, ses reliefs, ses climats, sa démographie, ses ressources… Ce qui permet d’approcher les rapports de forces et d’ambitions. « La géopolitique est au service d’une vision de la puissance » observe l’auteur ». Il trouve ses clés d’explication dans l’histoire depuis les guerres du Péloponnèse jusqu’aux conflits du siècle dernier. Il découpe les espaces géographiques en fonction de leur rôle possible dans le jeu d’affrontement des forces hégémoniques. Les frontières physiques y ont leur part autant que les frontières culturelles ou juridiques. « Le monde d’aujourd’hui ressemble souvent à un retour au XIXème siècle, dans son émiettement et sa pluralité, la technique et l’immédiateté en plus » (p. 31) observe-t-il, avec un mouvement de mondialisation qui se heurte au déploiement de l’indigénisme, au rejet de l’Occident, au retour des cultures locales et à la renaissance des empires d’Asie. La guerre revient aussi chez nous par nos banlieues en feu, par les risques de l’immigration encouragée par les mafias, par les pénuries d’énergie qui se dessinent.

Jean-Baptiste Noé dresse les cartes de ces inquiétudes, des réseaux, des nids d’espions et des enjeux. Il décrit les armes nouvelles qui transforment déjà les guerres dont il croit que l’ethnie ou le peuple sont toujours la cause, plus que la religion. Il balaye ainsi tous les continents pour y déceler les risques, les forces et les faiblesses. Il rappelle comment des éleveurs de chèvres ont pu mettre en défaite les Russes et les Américains en Afghanistan. Il s’attarde sur la Chine communiste formatée par le Parti et dont les ressources se tarissent. En 1985, Hayek, reçu à la mairie de Paris, avait annoncé la disparition de l’URSS à Jacques Chirac, qui n’en croyait mot. Il avait pourtant raison pour avoir analysé une situation qui pourrait aujourd’hui être celle de la Chine.

L’auteur s’inquiète aussi des nouvelles idéologies qui menacent. Alors que la religion, chrétienne en particulier, est décriée dans le monde occidental, le panthéisme réapparaît et envahit les représentations collectives, comme si les peuples ne pouvaient quitter une religion que pour s’adonner à d’autres, aussi simplistes qu’elles soient, plutôt que d’accepter l’athéisme qui les mettrait face à eux-mêmes dans une solitude sans dieu. Tocqueville l’avait d’ailleurs prophétisé. Ce paganisme primaire récuse la raison et instrumentalise la science plus qu’il ne la respecte. Il adore la Terre-Mère, sacralise les fleuves et les montagnes, reconnaît aux animaux de mêmes droits qu’aux hommes, ravive les indigénismes, manifestés inconsciemment par tant de tatouages et piercings, pour mieux rejeter le modernisme. L’idéologie écologiste renouvelle ainsi les marxismes dépassés dans « l’abdication de la raison au profit de l’émotivité et du sentimentalisme » pour recycler l’anticapitalisme et promouvoir l’égalité dans la pauvreté par la décroissance. « La haine du progrès, de la technologie, des communications humaines et des échanges reprend l’antique voie de la servitude » (p. 126) en agitant la peur déguisée en « urgence climatique ». Dans ce désordre religieux se glisse et prospère le djihad pour le malheur de si nombreux pays que l’ouvrage visite tour à tour, constatant la dissolution de l’Afrique.

Enfin, l’auteur souligne combien l’Europe s’est affaiblie en succombant sous le poids des normes et plus généralement de l’Etat providence. Le monde de demain est plein de menaces, du terrorisme international au wokisme, et d’espoirs que suscitent le numérique et la singularité humaine. En conclusion, il nous appelle à suivre Xénophon, ce fabuleux historien grec capable de penser et d’agir toujours à la fois. Il insiste enfin sur l’idée que l’universel humain se construit aussi, sans paradoxe, au travers des frontières qui tracent « la ligne de l’être et de l’existence. » Ce voyage autour du monde est passionnant dans une langue claire et agréable. Il apprend beaucoup et fait réfléchir.

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JR 25 novembre 2022 - 8:38

Bonjour, saluons les éditions « l’Artilleur » qui n’hésite pas à publier des ouvrages qui dérangent le cours de la pensée unique. Et ce, notamment sur la supercherie climatique ayant générée une gigantesque escroquerie en bande organisée, parfois avec la complicité des gouvernements corrompus et idéologues, d’ONG véreuses ou même et surtout d’un organisme qui dispose d’une officine religieuse et propagandiste (Groupement International d’Escroc sur le Climat ). Cette escroquerie va coûter la bagatelle de 100 Mds $, soit 50 % des taxes & impôts. https://climatetverite.net/2022/10/27/il-ny-a-pas-durgence-climatique-message-aux-peuples/ . Merci. Bien à vous

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