Pour apaiser l’angoisse généralisée de nos contemporains, F. Kleltz-Drapeau se réfère à deux penseurs que séparent vingt-quatre siècles, Aristote et Camus. Pandémies, séismes et guerres hantaient déjà les deux hommes. La métaphore aristotélicienne du pauvre marin pris dans la tempête ne résume-t-elle pas à merveille la fragilité humaine ? Sans autre secours que sa propre réflexion et sa décision la moins pire, le navigateur doit néanmoins tenir compte de l’avis de ses passagers.
Car « solitaire et solidaire » vont de pair. Nature et culture sont génératrices de crises et doivent y faire face. Traités par des rationalistes utopiques qui veulent une société parfaite, la pensée devient totalitaire. F. Kleltz-Drapeau, fidèle à sa vocation d’enseignante, y oppose « la pensée de Midi » de Camus qui fait elle-même écho à « la juste Mesure » du philosophe grec. Chacun de ces deux penseurs prend en considération les éléments de l’existence, la lumière et l’obscurité, le mal et le bien, la raison et le sacré. Chacun d’eux prône les talents du politique, du médecin, de l’éducateur ou de l’artiste au secours de la tragédie humaine. Et si la déesse Victoire enlève ses chaussures pour courir plus vite, la sagesse requiert l’audace. Livre intemporel, voire indispensable « pour temps de crise ».