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Privé de son adversaire préféré, Donald Trump fait campagne dans le vide

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Gage Skidmore from Surprise, AZ, United States of America, CC BY-SA 2.0 , via Wikimedia Commons
C’est plus fort que lui, Donald Trump continue de faire campagne contre Joe Biden. Près d’un mois après l’abandon du président sortant, le candidat populiste ne trouve pas les bons arguments pour combattre sa nouvelle adversaire, Kamala Harris.

Dans son entretien du 12 août avec Elon Musk, retransmis sur X (ex Twitter), Donald Trump a ainsi mentionné Biden à 24 reprises, mais n’a cité que 11 fois celle qui lui a pourtant ravi la place de leader dans la course à la Maison-Blanche, si l’on en croit les sondages.

Lorsqu’il affirme que Kamala Harris est nulle et responsable de l’inflation qui appauvrit les Américains, c’est peut-être vrai, mais ce n’est pas suffisant pour convaincre les électeurs hésitants.  Au lieu de rappeler aux électeurs que Kamala Harris est l’incarnation du wokisme et de la gauche caviar californienne, il perd des heures à critiquer le gouverneur républicain de Géorgie, qui a refusé de le suivre dans la contestation des résultats de l’élection de 2020.

Au lieu de s’étendre sur les enjeux politiques du moment, il gaspille de gigantesques meetings électoraux à improviser de longs développements peu cohérents où il vante ses succès passés et invente des anecdotes sans portée.

Trump s’entête et rejoue la campagne de 2020

Au lieu de se moquer du rire – il est vrai grotesque – de Kamala Harris, de ses discours confus et vides des quatre dernières années, il ferait mieux de prendre de la hauteur et de l’attaquer sur ses positions, si vagues et changeantes. Donald Trump a besoin de redresser son image auprès des femmes. Or il fait tout pour qu’au contraire, on puisse le qualifier de misogyne grossier.

Plutôt que de proposer une vision positive de l’avenir, il s’entête à rejouer la campagne de 2020. « Refaire de l’Amérique un grand pays » (Make America Great Again) est aujourd’hui un slogan aux allures de fantasme de vieux blanc riche, nostalgique et grincheux. Le MAGA réchauffé revient à abonder dans le sens de la caricature que souhaitent imposer ses adversaires.

Dans le même temps, la californienne progressiste jouit, depuis qu’elle a été adoubée, d’un traitement incroyablement favorable de la part des médias. Il est vrai que ces derniers ont été littéralement pris de panique, jusqu’au 21 juillet, à l’idée que non seulement Joe Biden allait perdre le 5 novembre, mais que les deux chambres du Congrès verraient l’avènement de majorités républicaines.

Depuis le 21 juillet, le soulagement est tel, pour le New York Times, CNN et MSNBC, que l’euphorie règne : Joe Biden a été évincé par son propre parti, en dépit de sa victoire dans les primaires, et en outre une remplaçante toute trouvée est présentée sur un plateau à l’opinion par la machine démocrate. Cette candidate peut immédiatement accaparer son trésor de guerre, et de surcroît coche toutes les cases woke. Pas besoin de nouvelles primaires durant lesquelles les diverses factions du parti démocrate se déchireraient.

Kamala Harris est noire. Kamala est asiatique. Kamala est une femme. Kamala est jeune. Kamala a donc tout bon, par définition. Personne dans l’électorat ne se souvient des positions très à gauche qu’elle défendait en 2020 durant les primaires lorsqu’elle s’opposait à Joe Biden.

Kamala Harris pourrait être facilement attaquée sur ses positions gauchistes et wokistes

Kamala Harris ne répond à aucune question de la presse. Son programme est inconnu. Elle est le parfait antidote, politiquement correct, à un Donald Trump de 78 ans, incarnation du mal. Les jeunes, insensibles à la voix cassée et inaudible de Joe Biden, sont déclarés comblés. Les minorités sont proclamées rassurées. Les femmes sont dites aux anges car la liberté d’avortement sera préservée. Les immigrés illégaux sont calmés : ils ne seront pas expulsés. La démocratie américaine sera sauvée par la cavalière non-blanche. N’oublions pas que dans la typologie démocrate tant prisée par la presse, l’Amérique est saucissonnée. Les tranches riches, hétérosexuelles et blanches sont suspectes, car contaminées par le trumpisme, colonialiste et raciste. Toutes les autres en revanche sont mûres pour le catéchisme progressiste.

La « lune de miel » ridicule, pour ne pas dire la complicité, entre Kamala Harris et la presse, largement et viscéralement anti-Trump, va durer combien de temps ? Comment croire à ce miracle qui est vendu aux Américains par une corporation qui, depuis plus d’un an, lui a menti sur la réalité de l’état de santé et les capacités cognitives de leur président ? Peut-être pas aussi longtemps que la candidate le souhaite. On note par exemple que même le comité éditorial du quotidien wokissime de la capitale fédérale, The Washington Post, s’alarme du refus de Kamala Harris d’expliquer pourquoi elle semble revenir sur ses promesses passées.

Lorsqu’elle était sénatrice, puis durant les primaires démocrates de 2020, Kamala Harris se battait pour la nationalisation de l’assurance maladie, contre la fracturation hydraulique qui permet de produire du pétrole et du gaz de schiste, pour la couverture publique de l’éducation et de la santé des immigrés illégaux, pour l’élimination de la police fédérale aux frontières, pour la décriminalisation des délits de consommation de drogue, pour la réduction des moyens accordés à la police… Ses politiques et ses amis sont responsables de la catastrophe sécuritaire et sanitaire qu’est devenu San Francisco. Sa défiance à l’égard d’Israël, sa méconnaissance des affaires internationales… autant de sujets sur lesquels Donald Trump pourrait l’attaquer. Trop indiscipliné, trop égocentrique, il s’en montre pour le moment incapable.

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