Pour sortir de la crise, faire des économies est une bonne chose, réformer le secteur public et diminuer ses dépenses est encore mieux. Mais faut-il aussi recourir à plus d’impôts ? Au vu de ce que font certains pays, Maître Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, plaide au contraire pour une réduction de la pression fiscale .
François Fillon veut économiser 45 milliards d’ici 2013. C’est encore modeste, puisque le déficit a atteint 145 milliards en 2009, mais c’est déjà courageux.
Dommage qu’en même temps sa réforme des retraites ne soit qu’un replâtrage supplémentaire, un aménagement des durées et des montants de cotisation sans évoquer seulement la possibilité d’un transfert progressif vers un régime de capitalisation.
Mais le gouvernement a également fait choix de son intention d’augmenter de nombreux impôts, et de créer une taxe sur les banques. Cette taxe est une forme de sacrifice incantatoire, qui pourrait être rémunérateur à court terme, mais qui ne pourra pas pour autant masquer l’impuissance et les erreurs des autorités publiques. A Toronto le G20 a rejeté la taxe. Qui va l’appliquer souverainement ? De nombreux pays, en tous cas, envisagent une sortie de crise sans augmentation des impôts.
Baisse des impôts en Europe Centrale et de l’Est
Il y a plus à apprendre des pays de la « Nouvelle Europe » que le Président Chirac ne le croyait lorsqu’il les rejetait, méprisant, sur les strapontins de l’Europe.
Les Européens de ces pays sont capables de comprendre où est leur salut, sans doute parce qu’ils ont vécu les affres du communisme, qui n’a jamais été que le paroxysme de l’Etat Providence dans tous ses méfaits.
Les Tchèques ont voté en faveur des libéraux en rejetant le modèle grec tendant à taxer toujours plus les riches pour tenter en vain une sortie de crise. Souhaitons que les Polonais qui ont donné une avance aux libéraux au premier tour de la présidentielle sauront la confirmer au second tour le 4 juillet prochain.
De son côté, la Hongrie a déjà fait le bon choix.
Après son retour au pouvoir, le premier ministre Viktor Orban n’a pas tardé à révéler son plan pour sortir la Hongrie de la grave crise économique où les socialistes l’avaient plongée avec une économie en récession de 6,3% en 2009. Il propose d’instituer une flat tax au taux de 16% pour les ménages, de réduire l’impôt sur les bénéfices des petites entreprises de 19 à 10%, d’autoriser la déduction des dons charitables des impôts et de baisser les salaires des fonctionnaires de 15%.
Sous la pression du FMI il va malheureusement aussi lever une taxe temporaire de 1,4% sur les banques. Les institutions internationales n’ont pas compris qu’une telle taxe ne servirait qu’à limiter le crédit offert aux entreprises qui en ont pourtant bien besoin. Les Hongrois ont heureusement compris, eux, que les réformes d’Orban étaient les meilleures possibles, comme l’histoire le rappelle.
La baisse des impôts augmente les recettes fiscales.
La leçon de l’histoire est précisément que paradoxalement la baisse de la pression fiscale entraîne la croissance car elle incite les agents économiques à travailler, épargner et entreprendre davantage. Avec la croissance, la matière imposable augmente et à taux comparables les recettes fiscales augmentent.
En 1920 le Président COOLIDGE a réduit le taux maximum de l’impôt de 73% du revenu en 1921 à 25% en 1926. L’économie a connu une croissance de 59% de 1924 à 1929. Durant la même période, les recettes fiscales de l’impôt sur le revenu ont augmenté de 61%.
Élu en 1980, le Président REAGAN a réduit le taux maximum d’imposition de 70% en 1980 à 28% en 1988 : la croissance économique a été de 4% par an pendant les sept années 81/88 et les produits de l’impôt ont augmenté de 99,4% durant la même période.
Rebond irlandais
L’Irlande, au bout du monde européen, avait réussi à compenser son éloignement en instituant dès les années 80 un taux de 12,5% sur les bénéfices des sociétés, attractif et compensateur. Elle était ainsi devenue le « Tigre celtique » en redonnant à son secteur privé une vigueur capable de tirer toute son économie en avant, suscitant la croissance économique la plus forte d’Europe (206% de 1990 à 2001).
Mais l’Irlande avait succombé bien vite aux facilités de la croissance débridée. Dans les dix années précédant le crash de 2008/2009, les dépenses publiques avaient augmenté de 138% tandis que dans le même temps la croissance économique était de 72%. La force de l’Irlande est d’avoir réagi avec énergie, réduisant ses dépenses publiques de 1,8 milliard d’euros dès avril 2009, adoptant des économies de 4 milliards d’euros dans son budget 2010 et en prévoyant 3 milliards supplémentaires pour 2011, avec des baisses de la rémunération des agents publics jusqu’à 20%. Cette frugalité a déjà payé : l’Irlande bénéficie de taux préférentiels sur ses obligations d’Etat par rapport à ceux des pays malades de l’Europe dont elle devrait éviter le sort.
A leur tour, le Japon et même les Etats Unis
Le tout dernier gouvernement japonais social démocrate semble l’avoir compris en proposant une nouvelle stratégie de croissance consistant notamment à renforcer la compétitivité des entreprises japonaises par une baisse drastique du taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés de 40% à 30, voire 25%.
C’est aussi, différemment, le choix des parlementaires américains qui ont convenu d’exonérer les entreprises d’une valeur inférieure à 75 millions de dollars des dispositions de la loi Sarbanes-Oxley qui leur imposait des audits inutiles et coûteux.
Dans un récent article (Wall Street du 8 juin) Arthur Laffer, l’économiste qui a inspiré la réforme Reagan, rappelait que « les neuf Etats sans impôt sur le revenu ont une croissance plus forte et sont plus attractifs que les neufs pays avec le plus haut niveau d’impôt sur le revenu ». C’est aussi la leçon pratique des pays de l’Est.
Pour éviter la crise de la dette publique qui se profile dans de nombreux pays développés, il faut favoriser la croissance, ce qui se fera par moins d’impôt plutôt que par plus d’impôt.
8 commentaires
Moins d’impôts pour les classes moyennes…
OUI ! pour les revenus inférieurs à 10.000€ par mois, pour les gens qui gagnent plus, il ne faut pas hésiter…
je suis sur qu’en proportion un salarié donne plus qu’ un footballeur.
il faut supprimer aussi les exonérations des entreprises et revenir à 19,6% dans la restauration
Taxer… qui ?
Il faut taxer… les autres, toujours les autres, rien que les autres !
Les limites de la méthode sont évidentes : si chacun pense la même chose, alors l’unanimité se fait pour taxer… moins !
impôts
Monsieur,
Je suis chef d’entreprise, petite entreprise, je travaille du lundi au samedi de 8 h à 20 heures. Je suis fatiguée de ce discours en France, par la morale que nous font des gens comme vous qui pensent qu’à 4000 euros nous sommes riches et qui en percoivent 17 000, avec une fiscalisation à 5000 euros. je pense sérieusement à quitter ce pays où nous sommes moins considérés que des polygames qui profitent de notre système social.
Ne m’appelez plus jamais France
C’est de très loin le commentaire le plus intéressant que j’ai pu lire de tous ces échanges! C’est concret et plein de lucidité.
Et ça me ferait de la peine qu’une personne telle que vous quitte la France car je considère que ce sont des gens comme vous qui l’enrichissent!
(de plus, si tous partent, comment la France va-t-elle s’élever contre les polygames en question?)
sans un Etat fort c’est » l’anarchie… »
diminuer l’impot c’est accepter un libéralisme sans controle qui fait n’importe quoi malgré tout ce que vous en pensez… il n’y a jamais eu d’autocontrole et il n’y en aura jamais… la recherche de l’argent est plus forte que tout !
l’Etat a besoin d’argent pas seulement pour son armée mais aussi pour augmenter les controles des activités du secteur financier (voir cause de la crise…), agroalimentaire (controle des produits fabriqués pleins de produits chimiqes interdits à la consommation de hyper dangereux…), industriel (fabrication de produits de qualité infame…etc… il faut mieux utiliser l’impot voir en demander plus ! libéralisme, liberté OUI mais pas sans un controle sérieux !
il ne s’agit pas de faire de l’argent et de produire n’importe comment ce que vous semblez proner mais donner de l’argent à l’Etat pour faire ce que les contribuables à 90 % attendent de lui !
bien sur le principal problème est de gérer ces organismes sans pressions quelconques et là il faut trouver un nouveau modèle car celui que nous connaissons géré par les politiques et la haute administration est en faillite depuis longtemps…
Kev Freemind
« diminuer l’impot c’est accepter un libéralisme sans controle qui fait n’importe quoi »
Raccourci classique entre capitalisme et libéralisme. D’ailleurs ce n’est pas le libéralisme qui fait n’importe quoi, ce sont les êtres humains.
« l’État a besoin d’argent pas seulement pour son armée »
Le libéralisme, que vous citez mais dont vous ignorez la définition, est justement la réduction de la présence de l’État. Moins d’État, moins de prélèvements nécessaires. Élémentaire mon cher Watson.
Sinon je vous invite à vous rendre à Cuba ou en Corée du Nord, vous finirez par vite regretter le méchant capitalisme immoral et destructeur.
Baisse des impôts
Vous passez sous silence que l’impôt sur les sociétés à largement baissé en france et que Sarkozy vient de supprimer la taxe professionnelle sans se préoccuper de savoir ce qui compenserait ce manque de recettes dans les collectivités locales.
taxe pro
La belle affaire la taxe pro est remplacée par trois « contributions » qui vont grever les budgets des sociétés de services qui employent des salariés.
Pour faire plaisir à l’industrie qui quitte la france et ses 52 % de charges sociales sur les salaires, ces contributions vont peser sur les entreprise qui peuvent encore employer en france, sans compter que celles « qui ne peuvent pas faire autrement » que de rester sont sous le harcellement continu de l’adminsitration fiscale( il faut bien se payer sur la bete avant de faire des routes) et sociales (il faut bien se payer sur la bete et financer les 35 heures). Arrêtez d’emmerder les Francais disait Pompidou et je rajoute arrêtez de vous prendre pour des « Lacombe Lucien » et de penser que le chef d’entreprise n’est qu’un bandit de grand chemin sinon il decide de prendre sa valise et d’aller creer ailleurs.