Après avoir accompagné ou conduit la politique socialiste et calamiteuse du président Hollande depuis quatre ans, le ministre de l’Economie déploie ses charmes pour attester de son libéralisme. Il ne convainc pas pour autant.
Certes il a affirmé dans l’Express dès le 8 mars son « choix clair en faveur d’un libéralisme économique et politique », mais, poursuit-il en marquant ses réticences « avec un socle de solidarité collective, de régulation… ».
Comme pourrait le dire un vrai libéral, il affirme qu’il a la « conviction que le principe de liberté rend plus fort » et il soutient : « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’ils savent ce qui est bon pour les autres ». Mais il a manœuvré de façon éhontée pour verrouiller les votes de Renault en acquérant aux frais du contribuable des actions surnuméraires de façon à obtenir l’application de la loi Florange contre l’avis du conseil de la société. Et aussitôt qu’il a favorisé l’attribution d’actions gratuites dans sa loi de l’été 2015, il part en guerre contre Carlos Ghosn dont la rémunération contestée est constituée à 60% d’actions gratuites. Pire, méconnaissant le droit qu’il a lui-même créé, il menace de légiférer pour contourner la décision du conseil d’administration de Renault si ce dernier maintient la rémunération de son président !
A juste titre, il veut « offrir une place à ceux qui sont écartés du salariat, ceux pour qui il est plus facile de trouver un client qu’un employeur ». Mais il considère à tort que « le problème de notre pays, c’est que 80% des personnes travaillent en CDI, mais 90% des recrutements se font en CDD ou par l’intérim », alors que la vraie question n’est pas celle de la nature du contrat mais de la liberté qu’il faut rendre aux parties de contractualiser leurs relations de travail. C’est dans des pays comme la Suisse, les Etats Unis ou l’Angleterre, où les contrats sont susceptibles d’être rompus aisément de part et d’autre, que le chômage est le moindre.
Dans la revue spécialisée Risques le ministre de l’Économie s’en est pris également à l’exit tax «qui conduit maintenant les jeunes à créer leur entreprise à l’étranger dès l’origine». «Un drame», lâche-t-il alors que cette exit tax a été durcie en 2014, quand il était secrétaire général adjoint du Président de la République.
Il a également déclaré dans cette revue «qu’il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF». Mais l’insincérité de ses propos apparaît dès qu’il rentre dans le détail. Il critique à juste titre la rente et en appelle à « plus de prises de risque ». Il regrette qu’ « On n’aime pas l’enrichissement par le travail et le mérite individuel ». Pourtant, quand il s’agit de favoriser les investisseurs, c’est « d’abord, l’Etat, dit-il, qui doit rester un actionnaire plein et entier ». Et ensuite, pour aider fiscalement celui qui prend des risques, il envisage des aménagements qui ressemblent aux dangereux bricolages auxquels se sont livrés tous les gouvernements depuis que Mitterrand a attaqué le capital en haussant les impôts sur les plus-values et en instituant l’IGF devenu ISF. Il ne veut pas supprimer ce dernier, mais en exonérer ceux qui réinvestissent dans des PME de moins de dix ans au travers d’un « compte entrepreneur » qui permettrait également de reporter l’imposition des plus-values. C’est d’ailleurs un système qui existe déjà plus ou moins et qui a fait la preuve de son inefficacité.
Il veut renforcer l’Union européenne par l’institution d’un « gouvernement pleinement démocratique » commun, une discipline budgétaire plus forte, des solidarités financières entre pays de la zone euro et une plus grande intégration alors que l’Europe souffre de son excès d’immixtion et d’intervention dans les politiques nationales. Il fait croire qu’il adhère à la politique de l’offre mais reste profondément keynésien en souhaitant en Europe « un puissant investissement collectif ».
Emmanuel Macron a sans doute de bons élans, par exemple lorsqu’il expose au Monde, le 27 septembre 2015, sa conception de la lutte contre les inégalités, qui n’est pas, selon lui, « la correction ex post de [ces] inégalités » mais « l’égalité des chances » et la « valorisation de la réussite ». Il reste pourtant dans le moule dans lequel il a été élevé. Enarque, inspecteur général des finances, son libéralisme est celui qui est concédé par l’Etat, qui reste sous son contrôle. Or un libéralisme sous tutelle, un libéralisme dirigé n’est plus un libéralisme. Nous ne savons pour qui roule le ministre de l’économie qui cautionne la politique de son président à défaut de démissionner, peut-être pour lui ou peut-être pour d’autres. Mais ce qui est sûr c’est que ce serait une erreur croire à sa conversion du socialisme qui l’a nourri et continue de l’entretenir. Il n’a pas compris que le libéralisme consiste à permettre la liberté pour que la liberté fasse le reste.
6 commentaires
L'enfumeur !
E. MACRON aurait quitté le gouvernement depuis longtemps et il n'y serait jamais rentré s'il avait été un authentique libéral. Ce type essaie d'enfumer les Français; c'est en réalité un dangereux socialiste incapable de prendre des mesures libérales et immédiates, seules en mesure de sauver la France.
Ras le bol de tous ces bolchéviques !
On ne prête qu'aux riches?
La phrase "Normalien, etc" comporte une double erreur. D'une part Macron n'est pas normalien, il n'a jamais été élève d'aucune "école normale", même si cette erreur se transmet d'article en article, les plumitifs de notre beau pays préférant leur fantasmes à l'exactitude des faits.
D'autre part, faire découler les idées exprimées par Macron de ses statuts de "normalien, énarque, inspecteur des Finances, etc" est étonnant de votre part; je ne savais pas que l'Iref était à ce point marxiste!
Bien à vous,
Jean-Pierre Robin
Bonsoir, Merci pour votre commentaire. Au temps pour moi si l'information sur sa formation de Normalien est inexacte. Mais ça ne me paraît pas être marxiste de considérer que l'ENA et l'Inspection des Finances déforment la plupart de ceux qui passent par leur moulinette notamment en leur inculquant que tout bien ne peut venir que de l'Etat.
Cordialement
Il existe même un Livre noir de l'ENA (et des inspecteurs des finances) à la rédaction duquel j'ai participé et qui démontre avec des dizaines d'exemples à l'appui les résultats catastrophiques des énarques à la tête des entreprises et surtout des banques dans les années 1980-1990. Concernant M. Macron, ce qui inquiète ce sont ses propositions qui relèvent de "chicorée" libérale rappelées par l'auteur de l'article.Du "déjà vécu" par la France..
Nicolas Lecaussin
"Mettez un technocrate dans le désert et six mois après, il faut importer du sable" (Coluche).
Les technocratos-énarques (l'École Nationale des Abrutis) sont, en grande partie, responsables de la faillite de la France.
Les Français, toujours à l'avant garde dans le domaine de la réflexion, ont la mémoire courte…. Ils sont prêts à élire A. JUPPÉ…..!!!??? disciple de J. CHIRAC, le socialiste, alors qu'ils nous ont, tous les deux, conduits dans le mur…!?
Et après, les Français vont se plaindre et gémir…..!!??
Ce Pays est cuit, écrasé par la bêtise…
Macron libéral?…
Il ne suffit pas de ne pas être un collectiviste endurci pour être libéral.
Quand M. Macron vante l'État stratège, j'ai quelques doutes sur M. Macron. Sur l'Etat stratège, je n'en ai plus depuis longtemps!