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La fiscalité, un choix de société

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Etats-Unis, Grande Bretagne : la nouvelle bataille contre l’Etat Providence, ses dépenses et ses impôts, est engagée. La France devra attendre : les programmes électoraux annoncent une fiscalité renforcée. L’enjeu, c’est pourtant la liberté et la responsabilité des hommes, rappelle Maître Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF.

L’enjeu de la campagne électorale s’inscrit dans une bataille beaucoup plus importante à l’échelle du monde. Il s’agit de savoir si l’Etat prévoyance est l’avenir de l’humanité ou son linceul. C’est le combat qui fait rage aux Etats-Unis et le débat qui s’enlise en France. Tout espoir n’est pourtant pas perdu en Europe, avec la Big Society de David Cameron.

Les Américains réagissent contre l’Etat fédéral

La réforme de M. Obama rendant l’assurance santé des américains obligatoires a été portée devant la Cour Suprême par la moitié (26) des Etats américains. Ils contestent que l’Etat fédéral puisse s’immiscer dans les compétences des citoyens et des Etats, mais ils refusent aussi que le pouvoir fédéral puisse s’immiscer dans les choix individuels. 67% des Américains pensent d’ailleurs que cette loi est anticonstitutionnelle et 47% sont contre alors que seulement 36% y sont favorables. Le gouvernement Obama fait valoir qu’en cas de maladie, les 32 millions d’Américains non assurés sont pris en charge par l’Etat fédéral, et donc à la charge des contribuables. Mais les Américains semblent encore préférer leur liberté à l’intrusion du Léviathan, cela dût-il leur coûter quelque argent. Ils ne veulent pas d’un Etat tentaculaire, et s’acharnent à préserver la vitalité de leurs Etats. Ils ont d’ailleurs compris que si l’Etat commençait à s’occuper de la sécurité sociale, ça leur couterait à terme beaucoup plus cher. La Cour Suprême rendra son verdict en juin.

A la France le record des dépenses publiques

Une telle controverse est presque inimaginable en France où la Sécurité Sociale fait partie des meubles de famille que personne n’ose déplacer sans même penser à les mettre au rebut. La France est le pays où les dépenses de santé à la charge des ménages sont parmi les plus faibles du monde (moins de 8%), où on a lancé un grand emprunt en même temps qu’on disait l’urgence de se désendetter, où l’Etat a payé 46 à 47% de ses dépenses à crédit en 2009 et 2010 et encore 32% en 2011. Certes, quelques candidats expriment clairement leur volonté de réduire la dette, comme François Bayrou, ou les dépenses publiques, comme Nicolas. Sarkozy qui ambitionne de les diminuer de 4 points en 5 ans et qui peut se prévaloir d’une baisse des effectifs de la fonction publique d’Etat et des réformes déjà réussies par lui comme celles des cartes judiciaire et militaire. Mais outre qu’il ne s’agit que de promesses, le niveau des prélèvements publics reste exorbitant dans tous les programmes. Pas un qui ne rachète l’autre. Les socialistes annoncent que les charges sociales et fiscales représenteront 46,8% en 2016 et les hausses d’impôts annoncées par eux représentent, bien qu’ils s’en défendent, 50 Milliards d’euros. Mais l’UMP ne fait guère mieux avec un taux de prélèvement obligatoire envisagé à 45,8% en 2016 malgré des hausses d’impôts moindre chiffrées à 13,5 Milliards.

En France, depuis longtemps les dépenses publiques s’établissent au-dessus de 50% du PIB, c’est-à-dire que la sphère publique l’emporte sur la sphère privée, que l’autonomie des individus est amputée, que leur liberté est limitée au-delà du raisonnable.

La Grande Société de David Cameron

En Europe, la révolution anglaise de David Cameron, celle de la Grande Société, pourrait pourtant servir de modèle pour revenir à une société ouverte et libre. Il a annoncé dès son entrée en fonction des mesures d’économie sans précédent : la suppression de 500 000 emplois publics en 4 ans, la réduction du budget des Finances d’un tiers, de ceux des Affaires Etrangères, de l’Intérieur et de la Justice de 25%. Mais en même temps il a engagé les réformes pour rendre les services publics plus compétitifs et autonomes. Dans le domaine de la santé il veut donner plus de choix aux patients et plus de liberté aux professionnels. D’une manière générale, le Premier Ministre veut remettre le Royaume Uni au travail et décourager l’assistanat en limitant les allocations aux familles et surtout aux chômeurs qui n’acceptent pas les emplois qui leur sont proposés (Voir la très bonne analyse de cette nouvelle révolution anglaise par Sophie Loussouarn dans Commentaire no 137, Printemps 2012).

Une société plus libre pour des citoyens plus responsables

La question est bien de savoir si nous souhaitons toujours plus d’un Etat Providence qui détruit la liberté et drogue les citoyens jusqu’à les rendre incapables de se prendre en charge eux-mêmes. Ou si nous avons l’ambition d’une société plus libre pour des citoyens plus responsables Si c’est le modèle français qui vient à dominer le monde occidental, il en sera peut-être fini de ces quelques millénaires d’un progrès fondé tout à la fois sur la responsabilité des hommes et le respect de la communauté où ils sont nés ou qui les a accueillis. Certes, d’autres cultures font preuve de vitalité, en Asie notamment, et démontrent leur capacité à produire de la croissance. Mais aucune autre jusque là n’a dans la durée bénéficié d’un tel élan dû à l’héritage noué d’Athènes, de Jérusalem et de Rome. Il y a dans l’état de droit plus que de la richesse économique ; il y a dans la défense de la propriété contre la spoliation publique la volonté de conserver à l’Homme l’outil et l’assise de sa liberté ; il y a dans la défense de l’individu contre l’Etat la volonté de préserver la nature humaine de chacun dans son équilibre fragile, tendue vers son accomplissement jamais atteint auquel elle est appelée toujours plus haut et toujours écartelée entre son berceau familial et communautaire, d’une part, et son être unique à parfaire toujours plus avant, solitaire et responsable, d’autre part, entre le fini et l’infini.

Ce sont les principes dont nous aimerions qu’il inspire l’action du prochain président de la République française. Mais nous ne les avons pas trouvés dans les programmes des candidats qui seront présents le 6 mai. Il faudra donc se résigner à voter pour le moindre mal plutôt que par enthousiasme.

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2 commentaires

Anonyme 20 avril 2012 - 11:04

Le génie français..!
Il faut vraiment être « bouché et crétin » pour ne pas comprendre que notre Pays ne peut s’en sortir lorsque l’état, parfaitement incompétent, prélève 80 € sur 100 € sur la création de richesses. Quand une majorité de nos compatriotes va t’elle comprendre que l’état n’inventera jamais rien, que c’est un boulet dirigé par des « neuneux ».

Les PME PMI TPE , écrasées sous les charges, les taxes et les contraintes imbéciles permanentes de type « soviétique » vont expirer les unes après les autres.

Point n’est besoin d’être grand clerc pour comprendre que le chômage va exploser. Si le secteur privé est laminé, comment croyez-vous que les fonctionnaires seront payés ??.

Mais Bon Dieu, si la FRANCE se portait bien pendant les 30 glorieuses, c’est bien parce l’état ne s’occupait que de ses fonctions régaliennes en ne prélevant que 30 francs sur 100 francs.

Il faut se souvenir qu’il y avait à l’époque 500 000 fonctionnaires, aujourd’hui, ils sont près de 8 millions avec les collectivités….!.

Cherchez l’erreur..!? et ouvrez les yeux ?!

Il faudrait quand même arrêter de se demander toute la journée pourquoi LA FRANCE est en train de CREVER.

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Anonyme 25 avril 2012 - 7:49

Mais oui, et évidemment,
Mais oui, et évidemment, c’est Sarkozy le moindre mal… La droite qui a fait exploser la dette sous Raffarin (on franchit la barre des 60 % avec lui), Sarkozy qui l’a fait exploser encore plus, Sarkozy qui a fait voter pas loin de 40 impôts/taxes. La réalité rattrapera le programme de Hollande, mais en ce qui concerne Sarkozy et la droite, leurs actes les ont déjà rattrapés. Et je rappelle à toutes fins utiles car il y a apparemment de nombreux partisans de Bastiat ici que Bastiat siégeait à gauche.

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