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« L’État français se finance désormais autant par l’endettement que par l’impôt »

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Cette phrase est tirée du tome 1 du rapport général de la commission des finances du Sénat sur l’analyse des principaux équilibres (ou plutôt déséquilibres…) du projet de loi de finances pour 2021. Elle résume à elle seule l’étendue de la menace que fait peser sur nos têtes d’épargnants et de contribuables la dégradation fulgurante de nos finances publiques. Sur la seule année 2020, la dette de l’État devrait ainsi croître de 11,4 % après avoir dépassé au mois d’août, pour la première fois de son histoire, le seuil des 2 000 milliards d’euros. À titre de comparaison, l’encours de la dette de l’État était à peine supérieur à 1 000 milliards d’euros à la fin de l’année 2008, à la veille de la crise des subprimes.

Pour l’heure, la hausse immodérée de la dette ne se fait pas ressentir sur la charge qu’elle entraîne pour le budget de l’État. Sous l’effet du maintien de taux bas permis par la politique de création monétaire (quantitative easing) de la Banque centrale européenne (BCE), la charge des intérêts de la dette a même poursuivi en 2020 son mouvement de reflux : 35,8 milliards d’euros, contre 38,1 milliards en loi de finances initiale pour 2020, et 40,3 milliards d’euros en 2019. Reste que l’intervention de la BCE, insoutenable sur le temps long, ne saurait être une solution sans coût. Le quantitative easing n’aura à terme que des effets néfastes très concrets, dont nous ne semblons pas encore prendre la pleine mesure.

La politique monétaire très accommodante de la BCE s’achèvera tôt ou tard par une crise financière de l’État s’il y est mis fin trop brutalement. Un relèvement de 1 % des taux représenterait, par exemple, un surcroît pour le budget de l’État de 2,5 milliards d’euros la première année et de 15 milliards d’euros la cinquième année. À l’inverse, si le quantitative easing venait à être prolongé trop longtemps, un regain significatif de l’inflation signerait la ruine des épargnants (option d’autant plus séduisante pour l’État qu’elle lui permettrait de financer sa dette). Une question demeure donc : combien de temps l’illusionnisme monétaire pourra-t-il encore couvrir nos turpitudes budgétaires ?

L’augmentation du stock de dette a d’ores et déjà des conséquences sur le refinancement des obligations assimilables du Trésor (OAT) parvenant à terme, qui tous les ans vient s’ajouter au besoin de financement du déficit de l’année en cours. Chaque année, l’Agence France Trésor doit en effet émettre un montant de dette toujours plus élevé. L’emprunt de l’État s’élèvera en 2021, comme en 2020, à 260 milliards d’euros, montant désormais équivalent à celui des recettes fiscales nettes de l’État. Toujours à titre de comparaison, avant la crise de 2009-2010, le montant des émissions d’OAT était deux fois inférieur au montant des recettes fiscales. Nécessaire afin de parer à la survenance d’une nouvelle crise dans les années à venir, la diminution du stock de dette apparaît aussi et surtout comme un devoir à l’égard des jeunes générations déjà sacrifiées par les politiques de confinement puis de reconfinement.

Les générations futures paieront pour des dépenses qu’elles n’auront pas choisies, et acquitteront par conséquent des impôts auxquels elles n’auront pas consenti. Le financement de la dépense publique par l’endettement ou l’inflation est ainsi à l’origine d’une vaste tromperie (que l’on appelle « illusion fiscale »). Ce cercle vicieux rend d’autant plus insupportable l’augmentation à hauteur de 10,3 milliards d’euros des dépenses de l’État dans le budget 2021, à champ pourtant constant par rapport au budget 2020 – c’est-à-dire en dehors du plan de relance !

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3 commentaires

Daniel Duquesne 18 novembre 2020 - 9:16

Financement par la dette ou par l'impôt
Je ne sais pas si vous savez mais il y a un virus qui traine……
Et, sauf à activer la misère il faut aider à passer le cap jusqu'à ce que les vaccins nous viennent en aide……

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Laurent46 18 novembre 2020 - 10:20

Quel Pays démocratique !
Il y a là une irresponsabilité sans précédent.
Par ailleurs il serait bien de faire une enquête sur les méthodes des agglomérations et grandes régions qui ferment tous leurs terrains avec interdiction d'y pénétrer en stipulant "Propriété Privée" alors que ce sont les contribuables qui financent l'entretien de ces terrains et propriétés et cela jusqu'en rase campagne.

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Gerard 18 novembre 2020 - 5:01

Politique de fous irresponsables
L'argent "gratuit" rend les politiques, qui étaient déjà incapables d'une bonne gestion économique de la France, ivres de dépenses sans limites. Ils massacrent allègrement l'avenir des jeunes avec cette fois ci un enferment sous couvert de COVID-19 qui ne les affecte pas (seulement 35 morts de moins de 30 ans au 5/11/2020 depuis le mois de mars). Le Ministère de la Santé est piloté par un Guignol incompétent dont les erreurs macabres s'accumulent et enfoncent tout le pays.

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