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« En France on nie les réalités »

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Entretien de Nicolas Lecaussin (IREF) avec Sophie Pedder, auteur de l’ouvrage Le déni français (Lattès, 2012). Cette journaliste dirige le bureau parisien de la célèbre revue The Economist. Elle ne comprend pas pourquoi la France ne veut pas voir les mesures qui s’imposent et qu’ont prises des pays aussi divers que la Suède, l’Allemagne, voire même l’Italie et l’Espagne.

Sophie Pedder est depuis 2003 à la tête du bureau parisien de la célèbre revue The Economist (50 000 exemplaires vendus chaque semaine en France et 1.5 millions dans le monde). Pendant toutes ces années, elle a pu observer la déchéance économique française.

Le 31 mars dernier, The Economist consacrait sa Une à la France en titrant : « An inconvenient Truth » (La vérité qui fâche). Le thème de l’article « La France dans le déni » était illustré par le tableau Déjeuner sur l’herbe de Manet comme image de fond. Visiblement les hommes politiques français caricaturés (Sarkozy et Hollande) n’avaient cure de ce qui se passait autour d’eux. Tout baigne, on peut se reposer.

Tout de suite, les protestations se sont multipliées et les bonnes âmes françaises se sont acharnées sur la revue et sur l’auteur de l’article. « Je n’ai jamais imaginé que ce numéro allait déclencher autant de protestations de la part de nombreux journalistes mais aussi des hommes politiques. Le Nouvel Observateur a nommé la revue britannique « la Pravda du capital » dont les rédacteurs sont des « talibans du libéralisme ». Quelle cohérence dans les propos… » nous dit Sophie Pedder.

Pourtant, dans l’article et aussi dans le livre qui vient de paraître (« Le déni français », Lattès 2012), on ne lit que des choses de bon sens. Oui, les dépenses publiques en France représentent 56 % du PIB contre 52 % en Suède. C’est énorme et on se demande à quoi cela sert. Oui, le Français est pris en charge dès sa naissance. Il est soigné et assisté. Même s’il ne travaille pas, il est payé. Il attend tout de l’Etat et il part à la retraite bien avant les autres. Tout cela est financé à crédit depuis plus de 30 ans. « Je suis étonnée par l’inconscience des politiques français, de droite et de gauche. Ils ne veulent pas entendre la vérité. Pire, ils continuent sur la même voie. », ajoute Sophie. En effet, les difficultés de la France ne sont pas de la faute des marchés financiers, ni de la spéculation, ni des Américains ou de la mondialisation. Non, la France va mal parce que ses dirigeants politiques ont continué à creuser les déficits et la dette sans se soucier du lendemain.

« Pourtant, d’autres pays ont réformé leur économie et leur marché du travail. Dans mon livre, je n’ai pas voulu parler des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne. On connaît trop bien la méfiance des Français. J’ai donc choisi délibérément l’Allemagne et la Suède, deux pays qui ont eu un Etat-providence dispendieux. » « En France, on ne s’intéresse pas à la notion de « value for money » (en avoir pour son argent). Est-il normal de payer autant d’impôts pour un Etat qui fait mal son travail ? ». Ailleurs, on a compris que le recul de l’Etat était nécessaire. En Irlande, un traitement de choc a permis au gouvernement d’économiser environ 30 Milliards d’euros en 4 ans. Le nombre de fonctionnaires a baissé de 9 % et leurs salaires de 10 %. En Italie, Mario Monti a présenté un programme d’austérité de 35 Milliards d’euros accompagné d’une réforme des retraites et du marché du travail. « D’après le FMI, entre 2011 et 2012, l’Italie aura réduit son déficit de 40 %, l’Espagne de 29 % et l’Allemagne de 23 %. Dans le meilleur scénario, la France ne l’aura réduit que de 15 %. »

Quelques signes sont néanmoins encourageants. « Un des grands syndicats, la CFDT, semble un peu plus ouvert à la réforme que les autres. Par ailleurs, nous dit Sophie Pedder avec une petite lumière dans les yeux, j’ai rencontré beaucoup de Français pendant la campagne électorale. Et je les ai trouvés beaucoup plus lucides que leurs politiques ». Trois réformes à faire tout de suite en France ? Sophie Pedder n’hésite pas une seconde : baisser les charges sur les salaires, libérer le marché du travail, baisser les dépenses publiques… C’est clair, argumenté, pédagogique et précis

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6 commentaires

Anonyme 21 septembre 2012 - 7:33

Réformes à faire
Celle que cite Mme Pedder, bien sûr! Et aussi simplifier notre système fiscal (imposition identique pour tous), et notre système de retraite (un seul régime pour tous). Mais quel gouvernement osera? SY (Paris)

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Anonyme 21 septembre 2012 - 11:29

Récompenser ceux qui réussissent.
Il faut redonner leur récompense aux entrepreneurs : un revenu décent. Il faut récompenser le risque et pénaliser l’assistanat.

Ne pas travailler, pour quelqu’un qui possède deux bras et deux jambes, devrait devenir insupportable dans une société saine, au lieu qu’aujourd’hui tout est fait pour encourager l’oisiveté.

Et pendant ce temps, une poignée travaille jour et nuit pour financer cette gabegie et faire tourner le système,… sous les quolibets.

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Anonyme 22 septembre 2012 - 6:40

Complément de commentaire
Nous avons eu en son temps, un Ministère du temps libre. En France, le temps libre est un facteur de croissance, de liberté, de créativité, d’épanouissement personnel alors que l’entreprise ( pardon d’avoir employé un gros mot) est destructrice du capital humain, destructrice des ressources naturelles. Le gros mot c’est la fin de l’homme, la fin de la planète, la France ne doit pas participer à ce désastre: quand la démagauchie fêtera la fermeture de la dernière ent…: Quel BONHEUR! Un petit effort et l’âge d’or, selon Ovide, est à notre portée.

Si la rédaction d’Alternatives économiques est intéressée, j’ai du temps libre …:)

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Anonyme 22 septembre 2012 - 9:01

Bedel
Il faut nettoyer les écuries d’Augias. Vite ‘

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Anonyme 23 septembre 2012 - 8:26

« on France on nie les réalités »
malheureusement d’accord et les exemples sont nombreux:

– les aides à la personne passe par une mille-feuilles administratifs et personne sait qui reçoit combien, quand , de qui et sous quelle forme. Pourtant, dans un système où 50% d’un revenu brut ou plus (!!!) est redistribué, ces informations auraient dû être centralisées par le fisc avant qu’on ne puisse parler de « justice sociale ». Or il n’en est rien, et même RIEN, RIEN, RIEN du tout.

– la politique familiale: on subventionne cette politique directement et indirectement(incidence sur les retraites, cantine gratuite, crèches, quotien familial, APL etc. ).pou avoir un surplus de jeunes qui ne trouvent pas de travail à moins de partir à l’étranger. Quel énorme gâchis !

– les retraites. On en a tellement discuté que je vous épargne mes réflexions;

– OPHLM. Idem.

– politqiue d’immigration. id.

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Anonyme 27 septembre 2012 - 9:57

Réformer la France
Une formule:

Un règlement ça va

Deux règlements ça peut aller mais?

Trois règlements : bonjour les dégâts!

Réduire l’état et ses bureaucraties folliculaires : indispensable, et vite.

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