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Dette publique : Nouvelle dégradation de la note française

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L’agence de notation Moody’s a dégradé d’un cran, vendredi 18 septembre, la note de la dette publique française, qui passe de Aa1 à Aa2, soit le troisième échelon dans son système de notation. Certes, on est encore loin du niveau grec (Caa3), mais nous voici désormais au niveau du Qatar et deux crans en dessous de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Finlande, des Pays-Bas ou du Luxembourg, qui sont à la note maximale (Aaa), et un cran en dessous du Royaume-Uni (Aa1). Ce qui est intéressant dans cette affaire, ce sont d’une part les réactions, d’autre part les explications de l’agence de notation.

CASSER LE THERMOMETRE ?

Parmi les réactions, on laissera de côté celles qui consistent à attaquer les agences de notation, comme si s’en prendre au thermomètre allait guérir le malade. Certes, on peut discuter de tel ou tel critère, mais le fait qu’il y ait une pluralité d’agences, une concurrence, les pousse à une certaine rigueur. Ceux qui ont proposé de créer une agence européenne préféreraient-ils un monopole, qui délivre l’information officielle ? (Arnaud Montebourg avait même proposé que les Etats notent les agences de notation !). Plus intéressante est la relative indifférence qui a accueilli cette information, dans la classe politique, comme si la crise des dettes souveraines était derrière nous, maintenant qu’on pense avoir « sauvé » la Grèce et évité la contagion. Se taire sur une maladie n’aide pas plus à soigner le malade que casser le thermomètre.
Mais c’est surtout la réaction du ministre des finances, Michel Sapin, qui laisse rêveur. On comprend son embarras, à quelques jours de la présentation du projet de loi de finances ! Après avoir « pris acte » de la dégradation, il précise : « Avec cette évolution, la France est désormais évaluée de manière similaire par les trois principales agences de notation ». C’est vrai, nous sommes effectivement aussi au troisième échelon avec Standard & Poor’s (avec une perspective négative depuis le 10/10/2014) comme avec Fitch Ratings depuis le 12/12/2014, AA- dans les deux cas, ce qui revient au Aa2 de Moody’s. De quoi le ministre se réjouit-il ? De ce que toutes les agences de notation soient d’accord pour donner à la France une note médiocre ?

LA CROISSANCE AU PLUS BAS

La satisfaction du ministre laisse encore plus perplexe : « La reprise se diffuse à l’économie et les politiques mises en place portent leurs fruits ». Mais alors pourquoi notre note a-t-elle été dégradée ? Le déficit public pour 2015 devrait être « conforté » à 3,8% du PIB : donc la dette publique va encore augmenter et, en dépit des délais accordés à la France, nous sommes encore loin des règles des traités européens et plus encore du retour à l’équilibre. Conclusion du ministre : « Le gouvernement demeure fermement engagé à poursuivre et amplifier sa politique de réformes visant à soutenir le potentiel de croissance et d‘emploi de l’économie française ». Mais la croissance ne devrait pas dépasser 1% en 2015 et le chômage progresse toujours ! Pourquoi ? Parce que les réformes sont insignifiantes et que personne n’imagine qu’à l’approche des présidentielles François Hollande se lancera dans des réformes radicales. Mais le ministre sait pratiquer la langue de bois pour nous endormir.

L’analyse de l’agence Moody’s va-t-elle nous réveiller ? « La principale raison de la décision d’abaisser la note est l’évidence accrue que la croissance économique tricolore va rester faible sur le moyen terme » et même « jusqu’à la fin de la décennie ». Et Moody’s s’inquiète aussi du niveau du chômage et des « faibles marges de rentabilité des entreprises ». Le bout du tunnel est encore loin ! Enfin, Moody’s est lucide en indiquant que les « contraintes institutionnelles et politiques » ne vont pas favoriser les réformes.

POURSUIVRE L’ENDETTEMENT OU REFORMER ?

Certes, le niveau de solvabilité de la France reste élevé. Mais que penser quand le ministre affirme que « la dette française est parmi les plus sûres et les plus liquides au monde, avec une charge de la dette contenue » ? Le dernier chiffre officiel, publié le 30 juin (et analysé par l’IREF le 12/7), fait état d’une dette publique, au sens de Maastricht, à la fin du 1er trimestre 2015, de 2089,4 milliards, soit 97,5% du PIB. Et la dette continue à progresser. Elle était de 663,5 milliards en 1995 et de 1211,6 fin 2007. Et demain ? Le montant actuel représente 33 000 euros par habitant, soit 132 000 pour une famille de 4 personnes ! La comparaison est pertinente, puisque ce sont nos impôts de demain qui rembourseront la dette, alors que pour l’instant on emprunte non seulement pour les déficits de l’année, mais aussi pour rembourser les emprunts antérieurs arrivant à échéance : c’est de la « cavalerie » ! Quant au service de la dette (les intérêts) il représente avec 44,3 milliards le premier poste du budget et encore ce chiffre n’est-il contenu qu’en raison des taux actuels très faibles. Qu’en sera-t-il demain, si l’inflation revient et avec elle la hausse des taux ? Il faut parfois peu de temps pour que la confiance disparaisse. Et l’absence de vraies réformes ne peut favoriser la confiance à long terme.

L’IREF avait déjà plusieurs fois tiré le signal d’alarme, et encore en juillet dernier, en indiquant les fausses solutions (comme l’inflation) et les vraies solutions : réduire drastiquement les dépenses publiques, pour réduire les déficits et donc la source de la dette ; et libéraliser l’économie par de vraies réformes de structure. La décision de l’agence Moody’s ne fait que conforter l’analyse de l’IREF : sans libéraliser le marché du travail et la protection sociale, sans réduire le secteur public et les prélèvements, la France ne réglera ni son chômage, ni la stagnation de son économie, et sa dette publique sera de plus en plus hors contrôle.

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5 commentaires

Laurent46 29 septembre 2015 - 7:22

Surprise ?
Nos Politiques ont toujours une guerre de retard !
Mais, faire la charité avec l'argent qui ne leur appartiens pas,
faire la guerre, manifester pour avoir d'avantage d'argent,
augmenter sans arrêt taxes et charges, mentir, manipuler,
punir le peuple, provoquer et s'amuser dans la luxure reste leurs privilèges.
L'apocalypse est au bout du tunnel.

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pinhas 29 septembre 2015 - 10:04

dette publique
aucun discours politique ne promet un budget équilibré Le recours a la l'emprunt
est la règle depuis 40 ans! Les medias ignorent les prélèvements obligatoires
comme les électeurs La facilité est constante. Tant va la cruche….

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Astérix 29 septembre 2015 - 11:36

Classement !
Savez-vous pourquoi la France n'est pas encore classée C ou D c'est à dire en faillite ?

Simplement parce que les agences de notation savent que les contribuables Français finiront par rembourser la dette de 2100 milliards + 3000 milliards d'engagement hors bilan + les multiples trous (sécurité sociale, caisses de retraites des fonctionnaires etc….! etc…) le moment venu avec leurs propres avoirs financiers voire immobiliers que l'état nous réclamera !

Savez-vous que l'Europe a voté en toute discrétion la possibilité de prélever sur nos comptes bancaires tous montants !?

Continuons donc à voter pour les crétins irresponsables et escrocs qui nous gouvernent depuis plus de 35 ans et nous serons tous plumés en beauté.

L'autre solution honnête et logique consisterait à baisser massivement les dépenses publiques afin de consacrer 300 milliards ad vitam au remboursement de la dette (capital et intérêts) et gérer enfin convenablement notre Pays en interdisant, dans la constitution, tous déficits.

L'état ne rembourse que les intérêts des emprunts ce qui génère une dette chaque jour toujours plus importante en capital… Mais Bon dieu, quand va t'on comprendre qu'il est impératif de rembourser le capital par un amortissement permanent ???

Nous avons la preuve de l'incompétence et de l'irresponsabilité de nos dirigeants politiques depuis des lustres composés principalement de fonctionnaires ne sachant pas compter.

Seule une équipe de spécialistes apolitique et compétente pourrait nous éviter la ruine en reprenant le Pays en mains.

Encore faudrait-il que les Français ouvrent les yeux !?!

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Richard C. 2 octobre 2015 - 6:06

Une solution YAKA.
Un dirigeant français qui aurait des tripes constaterait la faillite de l'état français, conséquente aux incuries des gouvernements successifs notamment depuis Pompidou.
Pompidou a externalisé le franc, monnaie nationale pour le privatiser, vol concernant chaque citoyen, préfigurant le passage à l'Euro.
Ce n'est donc pas la France qui doit plus de 3000 milliards E à l'Europe mais l'inverse. car nous avons dû emprunter ce qui nous appartenait déjà.
En conséquence, il faut revenir au Franc, ne payer aucun cent et sortir de l'Europe vite.
Cerise sur le gâteau, déchoir de la nationalité française les députés européens grassements payés et qui pratiquent l'absentéisme au Parlement européen et autres instances. 600 000 élus parasites demandent à être assaisonnés aux mêmes aromates et leurs biens saisis.
Solution simple? Certainement! facile à appliquer? Non, tant que nous n'aurons pas un Poutine aux manettes!

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Christian 5 octobre 2015 - 11:51

Langue française "dégradée"
Comment peut-on concevoir qu'une note puisse être dégradée ? Une note peut-être diminuée, abaissée, mais certainement pas dégradée. Evidemment, l'expression anglaise "downgraded" est traduite n'importe comment.
Inversement, s'il s'avérait que la note soit augmentée, comment traduiriez-vous "upgraded" ? Upgradée ? imprononçable, à moins de dire, comme pour un exeuprésident, vingteudeux, "upeugradée".

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