La source budgétaire se tarissant, il va falloir au gouvernement trouver de nouveaux moyens de financer l’investissement public, estimé si nécessaire à la croissance (à voir !). Une bonne adresse : la finance privée. Lucas Léger, chercheur à l’IREF, explique quelques-unes des innovations proposées par les vilains financiers.
L’état des finances publiques ne permettra pas au gouvernement Ayraut de financer à travers le budget de l’Etat des investissements publics capables de faire redémarrer la croissance. Il va falloir trouver d’autres sources de financement, et pour cela passer par les fourches caudines de ces « ennemis du peuple » que sont les financiers.
Il existe en effet des formules de plus en plus nombreuses, des montages de plus en plus savants qui permettent aux autorités publiques de continuer à investir. On pourra cependant remarquer au passage que les déficits budgétaires accumulés à ce jour n’ont pas pour origine l’investissement public, mais les dépenses de fonctionnement, et que l’Etat devrait regarder de ce côté s’il veut relancer la croissance. On rappellera aussi que l’investissement public c’est bien mais l’investissement privé c’est mieux ; or le gaspillage des fonds publics depuis des années aspire une épargne qui aurait certainement été plus utile entre les mains d’entrepreneurs. C’est ce que les économistes appellent « l’effet d’éviction ».
Mais supposons que le gouvernement se veuille à nouveau investisseur. Il va devoir accepter les nouvelles formes de financement que les banques et les fonds ont inventées.
Pour mémoire, on rappellera l’existence des PPP (partenariat public-privé), qui suppose cependant qu’il y ait quelque argent public disponible, ce qui n’est pas le cas.
En fait, de nouveaux instruments voient le jour et certains pays font preuve de beaucoup de pragmatisme lorsqu’il s’agit de trouver de nouvelles sources de financements. Puisque le président Hollande veut mettre la finance au service de « l’intérêt général », peut-être devrait-il se pencher sur ces quelques innovations. Nous lui proposons un tour d’horizon.
Au Royaume Uni d’abord. Sir Ronald Cohen est président de la Big Society Capital, une banque sociale britannique. Son idée est de financer des investissements publics par le capital-risque. Pour cela de nouveaux titres sont mis en place, les obligations à impact social (OIS). L’idée est relativement simple : « fournir à des programmes sociaux structurels, gérés par des acteurs locaux, des lignes de crédit de long terme levées auprès d’investisseurs privés », nous explique le magazine Enjeux Les Echos. Le rendement, lui, est plafonné et est déterminé en fonction des résultats financiers et sociaux. À la fois la banque et l’acteur public (sur la base des économies réalisées) rémunèrent les investisseurs dans une fourchette de taux prédéterminée. Et à la différence des « project bonds », il n’y a pas de garantie implicite de l’Etat ou de Bruxelles. Les OIS ont donc toutes les chances de financer des projets de manière plus efficace et viable à long terme, car moins soumises aux comportements opportunistes.
Aux Etats Unis également. Une toute nouvelle initiative vient de voir le jour à Chicago, le CIT (pour Chicago Infrastructure Fund). Cette fiducie n’est pas tant une banque publique devant financer des projets d’infrastructure qu’une tentative efficace de faire correspondre une demande d’infrastructures publiques et l’offre de capitaux privés. La ville va gérer les coûts fixes induits par la fiducie, tandis que les investisseurs privés viendront alimenter le fonds de liquidités. Ce montage permet à la ville d’éviter d’augmenter les taxes ou ses lignes de crédit. Les économies réalisées permettront en partie de rémunérer les investisseurs (en plus des abattements fiscaux proposés), la ville restant propriétaire de l’infrastructure une fois terminée.
La Suède enfin. Rafael Bermejo est le créateur d’une Holding, Yump, d’un nouveau genre. En partenariat avec des acteurs locaux, elle repère, finance et forme des entrepreneurs en herbe des quartiers déshérités. En contrepartie, Yump devient actionnaire minoritaire des sociétés nouvellement créées. Désormais associée à quelques acteurs français œuvrant pour les déshérités, un programme de formation débutera dès la rentrée de septembre en Seine-Saint-Denis.
La finance au service de la société, voilà qui devrait faire plaisir à notre nouveau président.
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Stop aux délires !
Nous avons tous la preuve, depuis plus de 30 ans de l’incompétence de ceux qui gèrent nos finances publiques…!
Il faut arrêter d’inventer encore et encore des « usines à gaz » parfaitement incompréhensibles et dangereuses et ne confier à l’état que ses fonctions régaliennes.
Pour y arriver enfin, le seul moyen efficace serait de mettre la FRANCE sous administration judiciaire.