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Chèque fruits et légumes : un pas supplémentaire vers le collectivisme

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Familles Rurales, une association reconnue d’utilité publique, vient de suggérer au Gouvernement d’aider les familles nécessiteuses en leur allouant un chèque mensuel de 37,50 € par personne, dit « chèque fruits et légumes ».

Selon son Observatoire annuel des prix des biens de consommation courante, les prix des fruits et légumes ont cru de 9 % entre septembre 2019 et septembre 2021. L’enjeu de santé publique apparaît fort puisque le Plan national nutrition santé se trouve menacé. La solution s’évince d’elle-même : « le Gouvernement doit investir dans un plan audacieux autour du « manger mieux » ». En effet, ajoute l’association avec un style tout flaubertien, « le temps est venu de prévenir au-delà de soigner les conséquences d’une alimentation inadaptée ».

La question d’un chèque fruits et légumes, consécutive à la récente mise en place d’un chèque énergie, n’est pas nouvelle. Dans son programme national nutrition santé 2006-2010, le ministère de la Santé avait envisagé des opérations de bons d’achat. Quant à l’Association interprofessionnelle des métiers du fruit et du légume (Interfel), elle a d’autant plus soutenu l’initiative de Familles Rurales qu’elle avait appelé les pouvoirs publics lors du dernier Salon de l’agriculture en 2020 à créer des chèques fruits et légumes.

Il faudra bien financer ces chèques !

La proposition semble impeccable. Comment s’opposer au fait que les familles pauvres ou peu aisées puissent se nourrir quotidiennement avec suffisamment de produits bons pour la santé ? Dès lors, n’est-il pas logique que l’Etat intervienne par le truchement d’une politique de santé publique ambitieuse ?

Et pourtant une légère, une très légère objection nous vient à l’esprit ; qui va payer ? Car enfin, il faudra bien financer ces chèques. Les donateurs seront-ils les seuls dirigeants, voire les membres de Familles Rurales dont la générosité doit être sans limites ? Il appert malheureusement que cela ne suffirait point. Si l’on se fonde sur le nombre des titulaires de chèques énergie, 5,8 millions de ménages en seraient bénéficiaires. A 37,50 € l’unité, cela ferait 217,5 millions € par mois, soit 2,6 milliards sur l’année. Des chiffres à multiplier en fonction du nombre des membres de chaque ménage et auxquels il convient d’ajouter les incontournables frais de fonctionnement. Manifestement, cela ne dérange pas le moindrement notre association, il est vrai experte en argent public, puisque, selon ses comptes annuels 2019, elle a perçu plus d’un demi-million d’euros en subventions de la part d’institutions publiques…

Nous pensons cependant que ces bienfaiteurs de l’humanité ne vont pas assez loin

Certes, il existe déjà une mise à disposition « gratuite » de protections hygiéniques pour les étudiantes, mais il y aurait tant de chèques que notre Etat providence pourrait émettre ! Songez, lecteurs ébahis, au chèque papier toilette. Car enfin, s’il présente une autre utilité, celui-ci nous est quotidiennement indispensable lui aussi, notamment pour les personnes atteintes de calvitie (nos lecteurs éclairés auront ici reconnu une référence subliminale à une blague coluchienne d’une grande finesse). Que dire du chèque culotte et slip, du chèque dentifrice, du chèque lessive, du chèque liquide vaisselle ou encore, plus à la mode, du chèque masque ?

La déclinaison à l’infini de ces chèques si nécessaires permettrait sans doute de les requalifier en assignats, un terme plus en adéquation avec des finances publiques en capilotade.

Quant aux empêcheurs de tourner en rond qui oseraient soutenir que notre Etat dispendieux a atteint un point de non-retour, que lorsqu’il a décidé de « donner » un chèque énergie il a ouvert la boîte de Pandore, que la politique de prendre de plus en plus aux uns pour donner de plus en plus aux autres en retenant de plus en plus d’argent au passage est rien moins qu’absurde et, puisqu’il faut parler de santé, qu’une sévère cure d’amaigrissement étatique serait opportune, ils pourront toujours recevoir un chèque en blanc afin de quitter définitivement le pays.

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10 commentaires

LAURENT46 26 janvier 2022 - 6:01

Vers le collectivisme ou vers le communisme avec toute la dictature et les contraintes qui vont avec ? Ne sommes nous pas déjà sur cette piste glissante ? Assister la population au point de décourager le travail est déjà le début de la fin.

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Pierre Bouchet 26 janvier 2022 - 8:33

Excellent article, avec en plus la dose d’humour qui fait sourire. Mais hélas, le sourire part vite, car l’essentiel, qu’il convient d’ajouter, c’est que ce serait un pas de plus vers l’assistanat, et donc l’asservissement. Et enfin, pourquoi travailler, si l’on peut être assisté pour tout ? On a vu ce que ça a donné en URSS, et encore l’assistanat était relativement limité…

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en fait 26 janvier 2022 - 8:41

Désolé, mais sauf erreur la France est :
– depuis quelques décades un pays « Communiste Ultra Libéral », ainsi pour 2021
— dépenses publiques 58.50 %
— dettes publiques « officielles » 2798 milliards €
— besoins de financements 282.3 milliards d’ €
– une juteuse province qui travaille pour la Chine ? données 2020
— déficit vs la Chine 50.5 milliards € dans une stricte logique « technocratique » prix
— mais dans une toute simple logique Valeur ajoutée  » classique » cela donne de 180 à 220 milliards # soit de 7.80 % à 9.60 % du PIB de la France. ( n’évoquons pas les valeurs ajoutées produite et vendue, . .. …., )
— notons que 200 milliards € représentent 1.47 % du PIB Chinois
— juste une information « officielle » le budget APL Armée Populaire de Libération est de 1.20 % du PIB
avec l’argent « Turing » nous finançons le bras armé d’ une très grande démocratie.
tout va très bien.

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Jacques GAUTRON 26 janvier 2022 - 8:50

Excellent Cher Jean-Philippe, si on veut continuer, gardons Macron ou votons Pécresse !

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HANLET 26 janvier 2022 - 10:39

Article d’une grande pertinence, auquel il manque néanmoins le mot qui explique tout : socialisme…

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montesquieu 26 janvier 2022 - 11:32

Que ce soit un chèque fruits et légumes, ou pour tout autre achat nécessaire à l’hygiène ou à la santé, son existence est infantilisante et privatrice de liberté pour leur bénéficiaire. A ce rythme, il serait plus simple de soumettre à référendum, la question suivante: Voulez vous naitre fonctionnaire? Et suivant le résultat majoritaire: Si non, on arrête immédiatement ce genre de mesure et chacun est responsabilisé. Si oui, on laisse un délai raisonnable à ceux qui préfèrent la liberté pour réaliser leurs avoirs immobiliers et émigrer vers les pays de leur choix qui voudront bien les accueillir comme le firent les pays protestants pour leur plus grand profit à la suite de la révocation de l’Edit de Nantes.
Les résidents qui resteront en France seront alors très probablement pauvres mais heureux!

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Lamarque 26 janvier 2022 - 1:09

Bravo pour votre réflexion et sa dose d’humour. L’absence de chèque fruits et légumes, c’est un peu un chèque sans les provisions 😉
Finalement là où l’Etat refuse le chèque, c’est pour le libre choix des établissements scolaires .. mais le secteur public aurait sans doute beaucoup à y perdre …

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JR 26 janvier 2022 - 8:16

Bonjour, c’est vers le communisme, ou plutôt vers l’éscrolo-communisme que nous filons. Ce gouvernement infantilisant n’a cesse de s’inviter dans nos vies, c’est insupportable et il faut que cela prenne rapidement fin. En attend, il y a encore 3 mois à attendre. Merci. Bien à vous

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AlainD 27 janvier 2022 - 2:40

Familles rurales, un nom à retenir, une association qui perçoit un demi million de subventions publiques a les moyens de suggérer au gouvernement de faire plus ! Le chèque énergie est déjà une hérésie et comme disent les marseillais un « trompe-couillon » puisque l’Etat récupère une partie de ce qu’il a donné par le jeu des taxes sur le carburant. Il eût été plus intelligent de baisser – au moins provisoirement – la fameuse et fumeuse TICPE mais en refusant de le faire j’en déduis que le ministre de l’économie n’est pas très intelligent. D’ailleurs quand je l’entends dire à propos de la rémunération du livret A qu’il ne veut pas que les épargnants soient lésés je crois qu’il prend lesdits épargnants pour de parfaits imbéciles quand on sait que le taux a été limité à 0.5% pendant des années sur le conseil du gouverneur de la BDF, encore un haut fonctionnaire qui vit bien sur le compte de l’Etat et dont je me demande par ailleurs à quoi il sert effectivement.
Pour en revenir à Familles rurales, cela ressemble à un de ces machins vivant peu ou prou de l’argent public et dont l’utilité de me saute pas aux yeux j’apprécie très moyennement ces organismes à tendance de gauche. A noter que le site http://www.famillesrurales.org est inaccessible…

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ORILOU 31 janvier 2022 - 9:57

Non seulement il faudra bien que quelqu’un paye ces chèques (NOUS EN l’OCCURRENCE) mais il faudra également continuer à payer les fonctionnaires toujours plus nombreux chargés de gérer cet assistanat généralisé…

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