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Armée : la réformer, oui, mais pas la sacrifier

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Fidèles à leur code de l’honneur et à la discipline, les militaires sont les cibles préférées des gouvernements peu courageux, qui veulent montrer de la bonne volonté à faire des économies, sans se risquer dans des réformes de structure ambitieuses.
Non seulement les militaires permettent à François Hollande de redorer son blason de chef de guerre aux yeux de la communauté internationale, mais en plus, n’ayant pas le droit de grève, ils obéissent aux ordres sans jamais descendre dans la rue. Cible docile, défouloir facile, pour opérer d’obscures coupes budgétaires.

Outre les enjeux géopolitiques, de souveraineté et d’indépendance de la Nation, s’en prendre aux armées révèle un indéniable manque de courage politique. Pire encore, le gouvernement met en danger les hommes et les femmes qui s’engagent sous les drapeaux, en réduisant moyens et effectifs, tout en les mobilisant sur plus de théâtres d’opérations…

La liberté, garantie par les fonctions régaliennes de l’Etat

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Être libéral, ce n’est pas s’acharner à anéantir l’Etat. Être libéral, c’est prôner un Etat minimal, c’est-à-dire un Etat capable d’assurer les missions régaliennes de sécurité intérieure et extérieure, de justice et de diplomatie.

Être libéral, ce n’est pas s’entêter à faire des coupes budgétaires drastiques et aveugles. Être libéral, c’est rationnaliser les dépenses publiques, c’est favoriser le désengagement de l’Etat sur la plupart des aspects de la vie en société, pour mieux le renforcer dans ses missions fondamentales, qu’Adam Smith, dans son ouvrage Recherches sur les causes et la nature de la richesse des nations (1776), limite à l’élaboration des lois, ainsi qu’à la police, la justice et l’armée.

Être libéral, c’est poser la liberté comme principe suprême. Mais parce que la liberté reste fragile, la raison d’être de l’Etat est de la protéger, par l’exercice de ces fonctions régaliennes.

Dans une démocratie moderne, l’armée garantit la protection et l’intégrité du territoire ainsi que l’indépendance de la Nation, nécessités absolues dont découle notre liberté.

Dans Recherches sur les causes et la nature de la richesse des nations, livre V, Des dépenses à la charge du Souverain et de la République, Smith affirme que « Le premier des devoirs du Souverain, celui de protéger la société contre la vio¬lence et l’invasion d’autres sociétés indépendantes, ne peut se remplir qu’à l’aide d’une force militaire. (…) Une armée de troupes réglées bien tenue est supérieure à toute espèce de milice ».

Le plan de restructuration des armées pour 2015, s’inscrivant dans la lignée de la Loi de Programmation Militaire 2014-2019 va à l’encontre de la philosophie libérale.

Le plan de restructuration des armées pour 2015 : des coupes aveugles

La loi du 18 décembre 2013 relative à la Programmation Militaire prévoit la répartition des ressources allouées aux armées entre 2014 et 2019. Elle établit également un calendrier relatif aux réductions d’effectifs, s’élevant au total à 33.675 emplois.

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Pour respecter ces objectifs, le Ministre de la Défense a annoncé, le 15 octobre dernier, un plan de restructurations des armées (cf. carte ci-jointe).

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Ce plan de restructurations est une énième tartufferie. Ce gouvernement nous y a certes habitués. Mais les conséquences sont d’une toute autre ampleur, car affaiblir l’armée française, c’est affaiblir la capacité de riposte face aux menaces, le poids géopolitique et l’image de la France.

La manie socialiste de raboter les coûts partout sans réformer nulle part. L’échenillage, c’est-à-dire le fait de supprimer des effectifs partout, dans tous les corps, plutôt que de dissoudre ou fusionner, est contre-productif, relevant d’une incapacité chronique à faire des choix.

La réduction des effectifs doit être compensée par un recrutement plus sélectif et des troupes mieux formées : fusionner certains pôles et faire des économies ne sont pas incompatibles avec une armée efficace. Or, rien n’est évoqué dans le Plan de restructurations des armées au sujet du recrutement, de la formation ou de la gestion des réservistes.

La modernisation de l’armée française ne doit pas se faire au détriment de sa capacité à intervenir au sol. L’armée française est performante dans de nombreux domaines, par exemple, elle joue un rôle de premier plan dans la recherche et l’innovation, elle est également spécialisée dans la gestion de crise, notamment en cas de catastrophe naturelle. Elle ne doit pas pour autant perdre sa capacité d’intervention au sol. Par ailleurs, les opérations en Irak montrent que l’art de la guerre évolue et se modernise, mais ce serait une erreur de restreindre l’activité militaire à des frappes aériennes et des interventions en mer, car elles permettent d’endiguer les attaques mais pas de gagner du terrain sur l’ennemi.

L’armée française est incapable de se déployer en cas d’urgence immédiate : à force de réduire les effectifs tout en multipliant les scènes d’opérations extérieures, les menaces augmentent alors que la capacité de riposte immédiate s’étiole. En effet, si demain nous sommes attaqués demain, plus de la moitié de nos avions resteront cloués au sol, et le Charles de Gaulle ne sera opérationnel qu’après quelques semaines.

La France ne peut s’en remettre à ses alliés ou aux organismes internationaux (ONU, OTAN) pour préserver ses intérêts et défendre ses valeurs dans le monde. Une armée forte est la gardienne de la souveraineté et de l’indépendance de la France. L’idée de remettre en cause la dissuasion nucléaire est assez répandue chez les socialistes. C’est là encore une lourde erreur.

Moins de moyens, moins d’hommes, mais plus de théâtres d’opérations

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Les militaires n’ont décidément que des qualités ! Non seulement ils contribuent à redonner un peu de stature à François Hollande sur la scène internationale, mais en plus ils obéissent aux ordres.
Nul besoin d’être un génie de la politique : c’est donc là que se font systématiquement les coupes budgétaires les plus douloureuses.

Pourtant, les troupes françaises n’ont jamais été autant sollicitées. Les opérations extérieures mobilisent plus de 8.000 hommes, sur une dizaine de fronts, ce à quoi il faut ajouter les effectifs dédiés au plan Vigipirate. Après les Etats-Unis, la France est le pays présent sur le plus de théâtres d’interventions dans le monde. Alors que les Etats-Unis allouent près de 4% de leur PIB à la Défense, la France en consacre environ 2,2%.

La Loi de Programmation Militaire vise une stabilisation du budget de la Défense à 2% du PIB d’ici 2019, mais cette prévision se fonde sur des perspectives de croissance assez largement surestimées. Selon les hypothèses de Bercy, ce taux devrait plutôt s’établir entre 1% et 1,3% d’ici 2017.

Les militaires paient la part de réduction budgétaire que d’autres ministères n’ont pas le courage de faire

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Certes l’indépendance et la souveraineté de la France sont également liées à un impératif de rééquilibrage des finances publiques. Encore une fois, l’armée n’est pas exempte d’efforts d’économies. Mais, dans cette institutions, parce qu’elle est régalienne, il est indispensable de faire des économies de façon rationnelle. Or, l’armée représente 10 % de la fonction publique d’Etat mais endosse, à elle seule, près de 60 % des réductions d’effectifs.

Il est plus confortable et plus facile politiquement de s’en prendre à la « Grande Muette », plutôt qu’à l’Education Nationale, réserve électorale fidèle de la gauche, mais toujours prête à menacer d’une grève ou d’une manifestation. On se rappelle d’ailleurs de la promesse de campagne de François Hollande, 60.000 postes supplémentaires dans ce Ministère.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, certainement pays les plus libéraux, sont aussi des pays attachés à leur armée

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Le Royaume-Uni a réformé son armée, pour en réduire les dépenses, tout en garantissant son efficacité. D’une part, les effectifs actifs supprimés sont compensés par le recrutement de réservistes, ce qui permet de s’adapter aux besoins et d’assurer une capacité de riposte ou d’intervention. D’autre part, le gouvernement de Cameron a eu l’ambition de réduire le poids de l’administration au sein de la Défense, ainsi les coûts de fonctionnement de ces services devraient diminuer de 2 milliards£ par an.

Faire des économies, oui, mais pas en sacrifiant l’indépendance et la sécurité du pays

Rationnaliser les matériels et équipements. Très souvent, les coupes budgétaires concernent uniquement ou majoritairement les personnels, oubliant que la gestion du matériel militaire n’est pas optimisée. En effet, le matériel militaire ne trouve pas de « deuxième vie ». Par exemple, les stocks d’avions Alpha Jet et Mirage, arrivant à la fin de leur cycle de vie, seront soit mis à la casse, soit recyclés en bacs à pièces détachées. Or, les pays en développement représentent un véritable marché pour ce genre d’appareils. Chacun pourrait être négocié entre 50 et 100 millions d’euros. C’est là une manne complètement inexploitée par la Défense française.

Diminuer les effectifs civils et administratifs. Le coût de la masse salariale dans l’armée française représente environ un tiers du budget total de la Défense. Les dépenses de personnel sont réparties entre les fonctionnaires civils pour un tiers et les militaires pour deux tiers ; pourtant, les effectifs militaires représentent 75% des fonctionnaires du Ministère de la Défense. Plutôt que de supprimer des postes de militaires actifs et dissoudre des régiments prestigieux, peut-être serait-il plus rationnel d’ajuster le rapport entre militaires et civils, aujourd’hui à 75-25%, pour le faire évoluer à 80-20%.

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2 commentaires

Astérix 22 octobre 2014 - 2:11

L'incompétence et l'irresponsabilité !
Il faut évidemment réduire massivement les dépenses publiques en arrêtant de verser des milliards à des associations en tout genre, aux syndicats et j'en passe. Il y a là des milliards à trouver sans compter tous les doublons des services de l'état (communes, communauté de communes, conseils généraux, conseils régionaux, préfectures)…

Pour cela, il faut de la compétence et du courage.

Mais non bien sur, nos dirigeants irresponsables préfèrent s'attaquer à l'armée qui elle ne peut manifester….!

Cette décision est imbécile et criminelle. Qui nous défendra demain ? les fonctionnaires de l'état qui passent leur temps à paralyser le secteur privé par leurs normes et réglementations de nature à tuer littéralement ceux qui alimentent les caisses de l'état ?

Continuons, la France va crever. C'est bien ce que veulent les Français avachis qui ne voient pas ce que nous réserve l'avenir à court terme.

Continuons à rester les bras croisés.

A quand un soulèvement de l'armée ?

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minouscoco 24 octobre 2014 - 12:24

dommage
Il est dommage qu'en cette période troublée, l'on pourrait s'en mordre les doigts.
Le chef de l'Etat engage nos troupes dans plusieurs endroits de monde et ne pense pas qu'un évènement tragique pourrait intervenir en France et que nous aurions bien besoin de nos militaires sur nos terre.

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