France
Les principaux partis politiques français se mettaient lundi en ordre de bataille dans l’urgence, puisque les candidatures aux législatives du 30 juin-7 juillet organisées après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, doivent être déposées avant dimanche 16 juin. LR a annoncé qu’il ne se lancerait dans aucune alliance, ni avec le RN ni avec la Macronie, tout comme les socialistes et les verts, malgré les appels du parti de l’exécutif. Se pose la question au parti gaulliste, crédité de seulement 7.5 % des voix, à peine un quart de son plus haut d’il y à 15 ans, de savoir qui mènera la campagne du parti, puisque Laurent Wauquiez, le candidat à la présidentielle présenté comme « naturel » par Eric Ciotti, brille par sa discrétion sur tous sujets, de l’Ukraine aux émeutes de l’été dernier, en passant par la réforme des retraites, depuis deux ans. Le président du parti, Eric Ciotti, celui du Sénat, Gérard Larcher, et ceux des groupes de sénateurs, Bruno Retailleau et des députés LR, Olivier Marleix devaient se réunir au Palais du Luxembourg pour « trancher la stratégie » de LR. D’autres semblent préparer l’avenir à l’image du président de l’Association des maires de France, David Lisnard, autre possible candidat de la droite à l’Elysée et un des très rares hommes politiques français aux convictions libérales.
De son côté, le RN de Marine Le Pen devait finaliser les contours d’une réconciliation avec Reconquête co-dirigé par sa nièce, Marion Maréchal. Les deux formations ont obtenu un total de 37 % des voix aux européennes et, sauf revirement d’ampleur de leurs électeurs d’ici fin juin, semblent pouvoir obtenir la majorité des députés, ce qui serait un séisme sans précédent. Ce scénario ferait plonger le pays dans un inconnu d’autant plus dramatique que les deux formations sont indulgentes envers le Kremlin et que le RN plaide pour des dépenses publiques sans retenue. Pour le contrarier, il faudrait que les candidats issus des rangs de Renaissance, du PS, ou de LR soient en tête dans la moitié des 577 circonscriptions. Sachant que leurs partis ont obtenus respectivement 14.6, 13.8 et 7.5 %, cela impliquerait un report de voix à 100 % entre eux et il faudrait encore le ralliement d’électeurs des Verts ou de LFI… Difficile. Cette perspective a fait reculer la Bourse de Paris et augmenté le « spread » des taux d’intérêt sur les emprunts de l’Etat français par rapport à la référence allemande, en clair la prime de risque exigée par les investisseurs.
Européennes
Les élections européennes conclues dimanche dans les Vingt-Sept nations européennes se sont traduits par une victoire de la droite traditionnelle dans la majorité des pays, sur fond de poussée nationaliste finalement contenue, sauf en France. Ainsi, la CD/CSU a remporté une large victoire en Allemagne, avec 30.5 % de voix, très loin devant le SPD du chancelier Olaf Scholz, 15 %. Le Parti populaire espagnol est aussi en tête, avec 34 % des voix, quatre points devant les socialistes au pouvoir, tandis que leurs homologues relativement libéraux sur le plan économique, vigilants sur l’immigration et conservateurs sur le plan sociétal sont arrivées en tête dans la quasi-totalité des pays de l’ex-bloc soviétique, ou d’Europe du Nord. En Italie, le parti Fratelli d’Italia de la chef du gouvernement, Georgia Meloni, avec 28.8 % des suffrages, a capitalisé sur une gestion économique relativement libérale et une politique bien moins clivante que ce que la presse progressiste pronostiquait, à grand renfort d’évocation du fascisme, lors de son arrivée au pouvoir en septembre 2022 (cinquième plus grande longévité depuis l’après-guerre). Un pragmatisme qui amène à se demander s’il est encore justifié de classer ce parti à l’extrême droite, ou parmi les populistes…
Les partis nationalistes, ou d’extrême droite sont arrivés en tête, en revanche, en Autriche, pour la première fois, avec le FPö, en Belgique, avec le Vlaams Belang, 14.5 %, ce qui a poussé le Premier ministre, Alexander De Croo, à la démission, en Hongrie (44% pour le Fidesz au pouvoir), tandis que le PVV, qui avait pourtant remporté largement les législatives de l’automne dernier, terminait finalement second aux Pays-Bas derrière une coalition surprise sociaux-démocrates/Verts. Le courant écologique enregistre au demeurant un recul presque partout en Europe confinant parfois à la déroute, victime des politiques punitives qu’il promeut souvent.
Autre point important, les partis au pouvoir en Allemagne et en France, les deux pays moteurs de la construction européenne depuis le début ont subi une déroute qui illustre le rejet du pouvoir dans ces deux poids lourds politiques et économiques de l’Union, de nature à réduire les marges de manÅ“uvres de Paris et Berlin dans les prochains mois. Ainsi, la liste Renaissance en France sauve de justesse sa deuxième place, avec 14.6 % des voix, 0.8 point devant le PS/Place publique et surtout moins de la moitié du score du RN, tandis qu’en Allemagne le SPD termine troisième, avec 13.8 % des voix, un point derrière l’AfD. Cette dernière a, au passage, exclu sa tête de liste controversée pour ses positions ambiguës vis-à -vis du nazisme, Maximilian Krah, de son groupe d’eurodéputés.
2 commentaires
Une plongée vers « l’inconnu » du Rassemblement National vaudrait toujours mieux que le connu de la gauche, que ce soit celle qui nous gouverne actuellement ou celle qui prétend lui être opposée.
Mais je n’y crois pas. Je pense que les curseurs ne bougeront guère par rapport à 2022 mais que nous enregistrerons, hélas, une petite montée des partis de Mélenchon et de ses affidés, ce qui fait que la majorité dans l’hémicycle sera toujours, et largement, de gauche.
J’adore les « libéraux » favorables à la liberté d’expression mais qui bloque un commentaire qui n’est pas insultant mais contraire à certaines idées.
C’est normal de ne pas pouvoir s’unir politiquement au vue de la guéguerre de chapelle dans nos rangs. Nous pratiquons autant l’ostracisme que nos ennemis politiques.
Mes félicitations