Du 8 au 10 juillet, au sein de l’université d’Aix-en-Provence, s’est tenu un séminaire libéral sur le thème de l’éthique économique. Organisé par le cercle des professeurs libéraux de cette université, l’événement a réuni des étudiants, des chercheurs, des journalistes, et bien d’autres. Tous se sont retrouvés autour de Cathleen Johnson et David Schmidtz, professeurs à l’université d’Arizona, qui ont parlé de la façon dont ils enseignent à leurs étudiants l’économie de marché et la liberté économique. Ils exercent aussi auprès d’autres professeurs pour leur donner les clefs de la transmission de la pensée économique.
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Covid, vaccination obligatoire, pass sanitaire et la liberté, la responsabilité et la vigilance
Nos derniers articles après l’intervention d’Emmanuel Macron ont provoqué beaucoup de réactions de la part des lecteurs et sur les réseaux sociaux. L’article de Nicolas Lecaussin, comme l’indique le titre, s’oppose aux mesures coercitives annoncées par le président tout en rappelant les responsabilités que devraient assumer tous les Français en ces temps de pandémie, ainsi que les retards pris par la France dans la vaccination. Pour Jean-Philippe Delsol, la liberté de chacun dépend des libertés et des responsabilités de tous et, à l’heure actuelle, seule la vaccination nous assurerait ces libertés. Il vaut toujours mieux éviter un nouveau confinement. D’ailleurs, dès le mois de mars 2020, l’IREF a critiqué ces mesures restrictives, comme il a été l’un des premiers à pointer du doigt la bureaucratisation et la faillite du système hospitalier française malgré ses coûts faramineux.
Les querelles facebookiennes, fréquentes dans un monde virtuel soumis à la règle du buzz, du trolling et de l’exclusion, se sont déchaînées à la perspective d’une version élargie et sévère du pass sanitaire. En désespoir de cause face à un Etat qui impose ses lois, les thuriféraires de la liberté bafouée recourent inévitablement à l’alpha et l’oméga de la nemesis historique, celle qui puise dans le vieux fonds antigermanique français, le symbole suprême de la privation de liberté débouchant sur la persécution et la mort, celle de la shoah. C’est ce qu’on appelle le Point Godwin. Au bout du compte, c’est bien connu, tout est la faute des Allemands.
Le conseil d’orientation des retraites complètement déboussolé dans ses prévisions 2020
Au milieu du mois de juin 2020, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) avait anticipé un déficit de € 30 milliards pour les retraites de l’année même (2020). Un an plus tard en ce début juin 2021, l’estimation du même COR pour la même année 2020 chute à 18 milliards d’euro quant au déficit brut, opportunément ramené à 13 milliards de déficit net par la mobilisation d’un prélèvement exceptionnel de € 5 milliards sur le Fonds de réserve des retraites (lequel à cette allure « fond » bien plus vite qu’il ne « réserve »!). Soit quand même et si on a la charité de retenir le déficit brut une réduction de quelque 40% d’un chiffre, qui ne jouait déjà pas sur l’épaisseur du trait. Entretemps et dès octobre 2020, le COR avait, c’est vrai, amorcé timidement sa correction en ramenant sa prévision à € 25 milliards courant octobre, puis à € 23,5 milliards fin novembre 2020.
Le rassemblement des patriotes européens est lancé, titre le communiqué de presse du Rassemblement National. Seize formations politiques européennes, dont la Ligue de Matteo Salvini, le PiS du président polonais Andrzej Duda, le Fidesz de Viktor Orban, le RN et d’autres comme Vox en Espagne ou le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), ont signé une déclaration commune sur l’avenir de l’Union européenne. Ils critiquent notamment « la voie fédéraliste [que prend l’Union européenne] qui l’éloigne inexorablement des peuples qui sont le cœur battant de notre civilisation. » Les signataires de la déclaration, issus (hors Fidesz) des groupes Identité et Démocratie (ID) et Conservateurs et Réformistes européens (ECR) au Parlement européen, plaident « pour une Europe respectueuse des peuples et des nations libres », et n’acceptent pas « que les peuples soient soumis à l’idéologie bureaucratique et technocratique de Bruxelles qui impose ses normes dans tous les pans de la vie quotidienne. »
Emmanuel Macron a fait preuve de beaucoup d’autorité. On eût aimé qu’il montre autant de détermination dans d’autres circonstances, notamment à l’égard de l’insécurité qui règne en France, dans les banlieues hors contrôle mais aussi un peu partout où les « jeunes » font la loi. Mais bon, ce n’était pas le sujet du jour. Le virus revient, il faut agir, il faut montrer que l’on agit.
Nous pensons, à l’IREF, qu’en effet, exiger un pass sanitaire dans les transports (ça existe déjà dans les transports aériens) et obliger le personnel soignant à se faire vacciner, est une évidence ; qu’un contrôle lors de grands rassemblements, dans les parcs d’attraction et autres lieux très fréquentés où l’on sait que les gestes barrière ne peuvent, et ne seront pas, respectés, est relativement facile à mettre en place. Il n’y a pas pas de quoi crier au scandale. Pour d’autres professionnels en revanche, cette décision pose de très gros problèmes : quel patron de restaurant, de brasserie, aura le temps de contrôler le pass sanitaire de tous ceux qui franchissent la porte de son établissement ? Surtout si le concurrent d’en face, moins sourcilleux, laisse tout le monde entrer librement. Toutefois, cette mesure devrait réjouir les admirateurs de Poutine car à Moscou il faut bien un pass sanitaire (ou il faut être vacciné) pour aller dans les bars et les restaurants.
Encore une fois, nous sommes confrontés à des injonctions à la hache. La situation entraîne des gênes plus ou moins importantes pour tout le monde. Il n’est pas normal qu’elles mettent certains en réel danger, sans nécessité impérieuse.
L’attractivité de la France en 2021 : un clair obscur qui appelle à la libération des énergies
Au début du mois de juin, est paru le baromètre sur l’attractivité de la France qui a permis au Gouvernement de se féliciter de la solidité des bases de l’économie française et de la compétitivité de ses entreprises, dues naturellement aux réformes engagées sous le présent quinquennat. Si l’observation des projets d’investissement des entreprises étrangères semblent bon au premier abord, un certain nombre de faiblesses structurelles ne peuvent être passées sous silence.
L’accord international pour une répartition des recettes fiscales tirées des 100 plus gros groupes mondiaux entre les pays de résidence des consommateurs vient à peine de faire l’objet d’un accord de principe de 130 pays, que l’Europe a fait savoir qu’elle ne renonçait pas à mettre en place, en sus, une taxe commune sur les services numériques. Ce projet de nouvelle taxe européenne aurait notamment vocation à obtenir des ressources pour rembourser l’emprunt contracté par l’Union européenne pour son plan de relance à plus de 800 milliards d’euros. Sous prétexte de justice, l’UE cherche de l’argent. Plus encore, c’est un enjeu de pouvoir. Car en levant une taxe européenne, elle ferait sauter le verrou qui réserve aujourd’hui la fiscalité à la compétence des nations et mettrait un coin dans la règle qui l’oblige jusqu’à présent à recueillir l’unanimité des Etats membres sur toute question fiscale.
En France, les hommes politiques et les représentants d’intérêts préfèrent parler de droits plutôt que de libertés. Les opposants d’Emmanuel Macron, peu de temps après son élection, l’ont qualifié d’ultra-libéral, un adjectif bien saugrenu tant nombre de Français auraient préféré qu’il le soit en pratique. Le président a de nombreuses fois critiqué les dérives autoritaires d’Orban et de Kaczyński… Pourtant, certaines des lois discutées au Parlement au cours de son mandat pourraient être qualifiées d’illibérales.
Pire, si sa promesse de sortir de l’Etat d’urgence sécuritaire a été tenue, la contrepartie a été l’inclusion dans le droit commun d’une partie des règles dérogatoires aux libertés adoptées après les attentats de 2015. Son mandat a été aussi marqué par une plus grande emprise de l’administration sur l’exercice des libertés. Le juge judiciaire ne s’occupe presque plus des libertés, c’est désormais le juge administratif qui en est le garant.
On pourrait penser que « Vers une société à risque zéro » est le manifeste d’un politicien malhonnête qui tente de gagner le soutien des électeurs en promettant de les libérer de tout risque possible. Un manifeste trompeur, cependant : bien qu’il puisse attirer beaucoup de monde et recueillir un large consensus, la promesse serait absurde.
La question est apparue lors du débat public concernant l’utilisation des vaccins Covid-19, en particulier celui d’Astra-Zeneca. Un vaccin peut-il être sans risque ?, qui est actuellement le premier en termes de portée mondiale. Ce débat a fait les gros titres dans les pays développés. Il a probablement été alimenté par la façon dont les individus perçoivent (mal) les risques et par un désir (vrai) d’éviter ces risques.