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De l’Ukraine au Caucase : « l’européanisation » de la politique étrangère de la France et ses conséquences

Nicolas Lecaussin dans Causeur

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Du Caucase à l’Ukraine, la France semble se satisfaire du partage des tâches : à elle la politique, à Bruxelles la diplomatie – et le costume de leader pour tout le continent. Ce qui n’est pas sans conséquences.

Lorsqu’Emmanuel Macron a été interrogé sur une  potentielle intervention russe en Ukraine la semaine dernière, sa réponse a été sans équivoque : il s’agit de la défense de l’Europe, par conséquent c’est l’UE qui doit être l’interlocuteur de Poutine.

Le mois dernier, le président de l’Azerbaïdjan et le Premier ministre arménien se sont rencontrés pour la première fois depuis la guerre de 2020 ailleurs qu’à  Washington D.C. ou Moscou. Cela n’a pas pas eu lieu à Paris, bien que la France soit coprésidente, avec les États-Unis et la Russie, de l’assemblée baptisée “Groupe de Minsk” engagée dans la recherche de solutions ; cela s’est passé à Bruxelles, ce qui montre clairement que c’est l’UE, et non la France, qui est désormais le troisième pilier de ce processus de paix.

 

Et la bombe atomique ? Et le siège au Conseil de sécurité à l’ONU ?

Pourtant, c’est bien la France, et non la Commission de Bruxelles, qui reste l’unique sérieuse puissance militaire et diplomatique en Europe continentale, avec des armes nucléaires et un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.  Ce sont les Français qui siègent aux côtés des Américains et des Russes à la direction tripartite de l’organisation chargée de régler pacifiquement le conflit du Haut-Karabagh, ces terres de l’Azerbaïdjan reconnues comme telles par la communauté internationale, mais revendiquées et occupées par les Arméniens, conflit qui dure depuis plusieurs décennies.

Le plaidoyer sincère d’Emmanuel Macron pour “plus d’Europe” bénéficie dans notre pays d’un large soutien : à propos du Brexit, de l’Ukraine, du Caucase, nombreux sont ceux qui pensent comme lui que la France est plus forte en s’en remettant aux institutions européennes et en partageant son pouvoir avec elles.

 

Une diaspora arménienne très convoitée

Cependant, cette “européanisation” de notre politique étrangère, même délibérée, est perçue dans certaines sphères comme une forme de capitulation devant l’UE. Et de fait, c’est un choix qui n’est pas sans conséquences. L’une d’elles, majeure, est que la politique étrangère n’est plus aussi présente qu’autrefois dans le discours des dirigeants. On peut considérer cela comme une grosse perte : un pays qui n’existe plus vraiment sur ce terrain en son nom propre abandonne des atouts diplomatiques d’une importance potentiellement cruciale. La diplomatie, c’est comme le sport : il faut s’entraîner et entretenir ses muscles pour rester dans la compétition, sinon c’est la faute. Lorsque les décisions de politique étrangère ne passent plus par l’Assemblée nationale, tout simplement parce qu’elles ne sont plus prises au Quai d’Orsay, l’intérêt retombe et l’on n’examine plus que les affaires de la paroisse.

Pourtant, tout compte. Un vote est un vote. Dans un Etat multiculturel comme le nôtre, les groupes d’intérêt particuliers fondés sur la race et la religion jouent un rôle que personne ne peut négliger. La diaspora arménienne, forte d’un demi-million de personnes, fait partie du bloc le plus influent et le mieux défini. Dans une élection serrée – comme devrait l’être la présidentielle  en avril de cette année – ces voix, si elles sont obtenues en masse, pourraient faire la différence entre la victoire et la défaite.

Il n’est donc pas surprenant que la course soit lancée pour les obtenir. Macron l’a fort bien menée en 2017, lorsque tous les membres de l’Assemblée nationale d’origine arménienne ont été élus par le groupe En Marche ! C’est une marge de succès électoral très convoitée par la droite.  D’où la récente visite de “solidarité” de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse sur le dernier territoire azerbaïdjanais, encore contrôlé par l’Arménie après la guerre de 2020.  Il est clair que pour Pécresse, l’inconvénient, sur le plan diplomatique, de se ranger avec l’une des parties dans un conflit où Paris est un négociateur neutre, n’a pas pesé lourd face à l’enjeu électoral national et au gain potentiel. L’administration de Macron a sans doute fait le même calcul depuis longtemps.

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3 commentaires

Verdun 7 février 2022 - 2:56

La France ne gère même plus rien et surtout pas l’insécurité sur son sol et envisage d’envoyer 1000 bleus en Roumanie.

Bien à vous

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Nicolas Lecaussin 7 février 2022 - 3:33

Elle devrait régler aussi l’insécurité sur son sol, en effet !
NL

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Obeguyx 7 février 2022 - 5:08

Les français n’ont absolument pas conscience que le pays est à la dérive complète. Si nous ne sommes pas la première puissance d’Europe, nous devrions l’être (les socialistes ont sapé les fondations construites par De Gaulle). Si aux prochaines élections le réveil n’est pas brutal, il en est définitivement fini de notre beau pays et de son Histoire. Le danger est tellement réel que même les Suisses nous surveillent militairement car ils ont peur d’une guerre civile. Chut, il ne faut pas en parler. A propos 4 nouvelles nominations au Ministère de l’agriculture : que des français de souche maghrébine. Il faudrait relire Saint Thomas d’Aquin qui disait que la nationalité ne pouvait s’acquérir qu’à la deuxième génération et que pour toute fonction élective après la troisième génération.

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