Les revoilà : les vieilles lunes des technologies qui remplaceraient les humains, alors jetés à la poubelle comme des mouchoirs usagés, ressortent un peu partout. En cause ? L’intelligence artificielle, que certains voient déjà remplacer jusqu’à 300 millions d’emplois, selon une étude de Stanford.
Pourtant, les avancées technologiques des 100 dernières années contredisent ces craintes. Il n’y a pas que les youtubeurs ou les “community managers” qui sont de nouveaux métiers : 63,5% de ceux exercés aujourd’hui n’existaient pas en 1940 (Artificial intelligence Index Report). Il n’y a plus de poinçonneurs, d’allumeurs de réverbères ni de placeurs de quilles mais en échange, il y a des analystes de données, des experts en cybersécurité ou encore des pilotes de drones. Et le chômage ? C’est le plein emploi aux États-Unis, en Allemagne, ou au Royaume-Uni, pays qui investissent le plus dans l’intelligence artificielle et les robots. CQFD. Pourtant l’IA inquiète : cette fois, c’est la bonne, des millions de gens vont perdre leur emploi, vous disent-ils. Non, toujours pas. Prenons les avocats par exemple, l’IA la plus avancée n’est pas capable de raisonner mieux qu’un avocat pour définir une stratégie de défense ou encore négocier avec la partie adverse. Elle n’aura jamais cette capacité d’écoute et de conseil qui marque la relation avocat-client (idem pour les médecins). Elle peut en revanche résumer à peu près correctement des dizaines de pages de documents, et leur fera donc gagner du temps. Et si ce gain de temps améliore leur productivité et donc le nombre de dossiers qu’ils traitent, de nouveaux métiers du droit apparaitront en parallèle, liés aux questions éthiques, à l’usage des données personnelles (RGPD par exemple) ou tout simplement à l’utilisation et la vérification du travail accompli par ces intelligences artificielles. Ce phénomène de destruction créatrice existe depuis la nuit des temps et a toujours entraîné une amélioration générale des conditions de vie : de nouveaux emplois moins physiques apparaissent et permettent de faire mieux avec moins de ressources et de temps.
Pour Ingrid Vergara du Figaro, l’IA nous amène (au fond comme toutes les autres avancées technologiques) vers l’“employé augmenté” beaucoup plus que vers l’employé remplacé. Attention donc à ne pas rater le coche de l’IA : il faut à tout prix améliorer la formation et les investissements sur ce point (les États-Unis investissent déjà 5 fois plus dans l’IA par habitant que nous) et ne surtout ne pas réagir comme on l’a fait pour l’industrie c’est-à-dire penser qu’on pourrait s’en passer et l’abandonner aux Chinois et aux Américains, à qui on achèterait les logiciels. On a vu ce que cela a donné.
2 commentaires
L’intelligence artificielle existe depuis longtemps dans l’industrie et à permis aux entreprises qui s’en sont servie (automatisation, informatisation des procédures ,vision, robotisation intelligente etc.) de résister aux délocalisations et de créer des emplois (expérience personnelle!).
… mais maintenant cela touche les métiers qu’on pourrait qualifier de « littéraires », alors c’est « touche pas à mon baratineur », il va falloir qu’ils se reconvertissent dans des métiers nécessitant de l’intelligence et là c’est pas gagné !
L’intelligence artificielle a un gros défaut : elle est artificielle.