Dans une interview donnée au Figaro, Serge Michaïlof, ancien directeur des opérations à la Banque mondiale à Washington puis de l’Agence française de développement (AFD), juge que nous avons fait fausse route à propos de la mondialisation. Nos élites seraient encore prisonnières, dit-il, « du dogme de la supériorité du libre-échange, prônée par l’économie néoclassique ». (Libre-échange qui devrait selon lui être restreint à des espaces ayant des « niveaux de vie et (des) valeurs (…) en gros comparables ».) Pourtant, cette supériorité est une réalité dûment attestée dans l’histoire : c’est la mondialisation qui a permis à un pays comme les Pays-Bas de devenir au XVIIe siècle un des plus riches de la planète, grâce au dynamisme de ses compagnies marchandes, dont la VOC (la Compagnie néerlandaise des Indes orientales) est la plus célèbre. Plus récemment, on estime que le volume des échanges mondiaux a augmenté de 50% entre 1980 et 2008 (données KOF Index of Globalization), tandis que le PNB mondial a progressé de 161% (Mathieu Laine, Dictionnaire amoureux de la liberté, p. 529). La mondialisation s’est révélée être un extraordinaire vecteur de richesse et de développement dans le monde. Qui plus est, il faut reconnaître le rôle éminemment salutaire qu’elle a joué sur la réduction de la pauvreté dans le monde : selon la Banque mondiale (pour laquelle Serge Michaïlof a pourtant travaillé), la part de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 dollar par jour (en tenant compte de l’inflation) est passée de 44,3% en 1981 à 9,6% en 2015.
Quant à l’idée que l’Occident pâtirait du libre-échange, elle est tout simplement fausse : l’essayiste Johan Norberg estimait en 2017 que 40 à 50% de la richesse en Occident venaient du libre-échange et de la mondialisation. Reprenant une idée communément répandue, Serge Michaïlof impute la responsabilité de la « désindustrialisation de notre pays depuis trente ans » à la mondialisation, que les Américains auraient déjà « passé(e) par pertes et profits ». Or c’est inexact : comme le souligne l’économiste Donald Boudreaux, les usines américaines ont vu en 2020 leur production augmenter de 11% par rapport 2001 et de 45% par rapport à 1994 – soit respectivement l’année où la Chine est entrée à l’OMC et celle où l’ALENA, la zone de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique a été créée. (Cité dans Johan Norberg, Open, The Story of Human Progress, Londres, Atlantic Books, p. 62-63.) Il faut donc sortir des éternels fantasmes autour des supposés effets nocifs de la mondialisation, et redécouvrir ses nombreuses vertus dont profitent largement l’ensemble des pays qui y prennent part.
2 commentaires
Le problème n’est pas le « libre échange », mais la capacité qu’ont les Etats à se libérer du carcan des oligarques qui se retrouvent « au dessus » des États et qui deviennent par leur pouvoir financier les véritables maîtres d’un secteur ou d’une économie sur lesquels l’Etat lui-même n’a plus aucun pouvoir, si ce n’est d’avaliser les politiques et décisions de ces oligarques.
Il se crée au moyen de cette économie libérale, une économie « illibérale » car pyramidale et de connivence. Cette économie là ne profite qu’à une caste qui démultiplie ses profits au motif d’un ruissellement ridicule. La macronie en est une parfaite illustration.
Pas besoin d’études sophistiquées pour savoir que la mondialisation est une voie inévitable et bénéfique pour l’humanité. Un peu de bon sens suffit… pas plus que pour juger de la façon imbécile dont nos « zélites » la gèrent !
Constat pour la France: formation de littéraires et de commerciaux plutôt que de technico-scientifiques. C’est tellement plus facile d’acheter pas cher dans les pays pauvres, en bradant nos savoir-faire, et de se faire une belle marge que de créer des entreprises industrielles qui subiront une concurrence déloyale et finiront rachetées ou fermées!
Le baratin et le commerce ne créent pas de richesse au sens primaire. Pour maintenir un niveau de vie correct au peuple français la dette n’a pas fini de grimper… combien de temps avant la faillite?