A l’issue d’une séance le 24 février 2021, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié son avis sur les enjeux et les déclinaisons du «financement des investissements nécessaires pour l’avenir ». Le texte voté par le CESE explique la nécessité d’un « Etat stratège et planificateur ». A la lecture du rapport, sa volonté est évidente : dépenser l’argent du contribuable à flot dans des projets que l’Etat aura définis comme des investissements d’avenir.
Or, personne ne peut prévoir avec certitude d’où viendra l’innovation, l’Etat moins que tout autre. Ses investissements se sont souvent révélés comme des gaspillages dantesques d’argent public et des échecs commerciaux autant que financiers.
Les investissements nécessaires pour le CESE sont uniquement écologistes
L’objectif que se fixe le CESE est simple : lutter contre le réchauffement climatique, forcément d’origine humaine…
Pour cela, estime-t-il dans sa note, il faut renforcer le rôle de l’Etat stratège, le rôle des collectivités locales, et les investissements publics en faveur d’une économie décarbonnée. Très clairement, c’est la puissance publique qui est à la manœuvre et qui oriente les projets des entreprises, reléguées au rang de subordonnées et d’exécutantes de la volonté gouvernementale. Cette volonté dirigiste et écologiste souhaite aussi orienter l’épargne des ménages vers les entreprises de son choix, et non celui de l’épargnant.
Le CESE veut également que l’Etat soutienne le développement de l’hydrogène vert, nouvelle marotte de notre gouvernement. Il veut même que l’Etat garantisse les achats et les prix de cette énergie… Chronique d’un désastre annoncé. Rappelons que les lubies et les projets gouvernementaux se sont souvent soldés par des échecs et un gaspillage d’argent public monstrueux. La souveraineté numérique en est un bon exemple. Nous reviendrons sur ce sujet plus loin.
Le CESE souhaite insister sur la rénovation des logements énergivores en finançant, par l’argent public, les travaux des ménages propriétaires les plus précaires. Ceux qui ne figurent pas dans la liste gouvernementale arbitraire de ces « précaires » devront sans doute, encore une fois, tout payer de leur poche. Le risque est élevé de voir le nombre de logements louables diminuer dramatiquement, et donc d’affecter les précaires qui ne sont que locataires. La chasse aux passoires thermiques lancée par le gouvernement pourrait faire disparaitre près de 30 % du parc locatif privé !
Enfin, selon la note, l’Etat et les collectivités locales devraient réhabiliter davantage de friches industrielles, ferroviaires, minières, militaires, etc. en se fixant des objectifs qui dépasseraient ceux du plan de relance. En somme, le contribuable national et local sera encore mis à contribution.
Le CESE sélectionne les entreprises dont il faut faciliter la vie…
Entre propositions étatistes et engagement en faveur de l’écriture inclusive, le CESE suggère de simplifier la vie des entreprises. Il demande que l’Etat construise des écosystèmes favorables à l’innovation et à la recherche. Mais par cela, il faut en réalité comprendre aide publique, subventions et niches fiscales. Il le dit lui-même : « Les incitations fiscales destinées à encourager les investissements doivent être subordonnées à la prise en compte de l’intérêt général à travers la justice sociale ». Il y a donc les bonnes et les mauvaises entreprises. Un entrepreneur développant un concept innovant ne bénéficiera pas des mêmes facilités, s’il n’entre pas dans le cadre fixé par l’Etat. Voilà une définition du favoritisme et du capitalisme de connivence.
Notons tout de même un bon point : le CESE recommande de simplifier les démarches et les normes pour les entreprises car elles sont trop nombreuses, trop complexes, et ralentissent l’innovation. Dommage que les autres mesures qu’il préconise risquent de produire l’effet inverse…
Et bien évidemment, il n’est nulle part fait mention d’une quelconque baisse massive de charges, d’impôts et de taxes.
L’Etat stratège, une antinomie
L’ensemble des propositions du CESE sont très étatistes. Or le véritable problème, justement, c’est l’Etat. Il n’est pas capable de prédire l’avenir. Les investissements d’avenir et l’Etat, c’est une longue liste d’échecs et d’argent public gaspillé. Dans aucun des domaines où il a voulu intervenir, ou presque, l’Etat n’a réussi.
La souveraineté numérique évoquée plus haut incarne cela à merveille. Les milliards du contribuable n’ont en rien aidé à construire un outil viable. Quaero, Andromède, le cloud de confiance, ou encore Qwant, ce sont des gadgets étatiques inutiles pour le consommateur mais qui flattent l’égo de nos dirigeants. Le résultat, des milliards d’euros dilapidés.
Allons plus loin encore. Certes les initiatives étatiques n’ont pas toutes échoué à 100%, mais les « réussites françaises » passées et actuelles n’ont fonctionné que par la non-concurrence et l’apport financier gigantesque du contribuable. Par exemple, le TGV est un échec financier, et le choix du tout-TGV s’est révélé catastrophique pour l’ensemble du réseau ferré. Il en est de même pour le Concorde ou plus récemment pour l’A380, produits aériens non-rentables ayant entraîné des surcoûts énormes. Preuve en est, les compagnies aériennes se tournent vers les appareils Boeing américains plutôt que vers l’A380, dont la production s’est arrêtée, faute de commandes.
Le seul stratège pour les investissements d’avenir, c’est le marché
Les innovations d’avenir ne se décident pas dans les bureaux des ministères, mais dans la tête des créateurs et des entrepreneurs. Microsoft naquit dans un garage, à la surprise générale. Il n’a pas été élaboré par un plan des hauts-fonctionnaires de Bercy, qui lui ont même préféré le minitel…
Parfois déclarées comme farfelues par le grand public, les innovations issues du privé peuvent échouer, mais au moins ce n’est pas le contribuable qui paye l’addition. Cela pousse donc les entreprises à étudier correctement le marché dans lequel elles veulent s’investir. Car l’innovation ne doit pas répondre à une envie du gouvernement, mais à la demande du consommateur. On ne le répétera jamais assez, l’innovation vient des entrepreneurs, de la libre-entreprise. Mais cette dernière est menacée par l’Etat-providence qui vient, par son action, interférer dans le marché et fausser les prix.
La vocation de l’Etat n’est pas de s’ériger en stratège de terrain. Elle est de faciliter la vie entrepreneuriale dans son ensemble en simplifiant les démarches administratives, en supprimant les normes abusives, en supprimant les niches fiscales, tout en baissant massivement l’impôt sur les sociétés, les charges sur les salaires, et les taxes. Elle est de favoriser l’éclosion des talents, et non de fausser les marchés et de subventionner à tour de bras. La meilleure stratégie de l’Etat serait de desserrer son emprise. Alors, la concurrence et la liberté seront les meilleures alliées des financements d’avenir.
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Le CESE et les investissements d’avenir : laissez faire le marché !
Vous avez parfaitement raison , comme toujours d’ailleurs ,
. Il faut arrêter de parler de l’Etat , mais remplacer ce mot par des agents de l’Etat , il n’y a pas d’un cote la savoir ÉTAT mais plus modestement des agents de l’Etat et de l’autre le privé mais des simples agents économiques privés , dans les deux cas en définitive des êtres humains ni plus ni moins doués les uns que les autres , mais la différence c’est la sanction du marché : quand un agent du privé investit avec son argent , celui de son entreprise ou de son banquier , s’il se trompe il est sanctionné (sauf pendant longtemps M Arnaud Lagardère ) et donc il arrête de persévérer dans l’erreur ; si l’agent de l’état se trompe aucune importance s’il a satisfait soigneusement aux procédures prévues et respecté le sacro saint principe du « pas de vague mon vieux pas de vague » donc il persévère des années dans des voies sans issues , pas de problème le contribuable paiera et l’agent public jamais sanctionné , le plus souvent d’ailleurs les décisions publiques sont collectives et les responsabilités émiettées .