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Macron : pyromane pompier ?

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Après les annonces électorales de grands projets, sont venues les désillusions. Depuis l’automne 2018, le gouvernement passe son temps à colmater les brèches qui s’ouvrent sur tous les fronts. Il s’y consacre d’autant plus que les groupes de pression ont tous compris que la revendication était un moyen efficace d’obtenir satisfaction.

Après la hausse de la CSG de 1,7%, les petits retraités élèvent la voix et ils sont presqu’aussitôt bénéficiaires d’une mesure d’exonération sur les retraites en dessous de 2 000€ pour un coût de 1,6 Md€. Les Gilets jaunes secouent la France et il est décidé de baisser encore l’impôt sur le revenu de 5Md€, d’augmenter par divers artifices la rémunération de 100€ par mois au niveau du SMIC, de supprimer les hausses de taxes carbone et de mettre en œuvre sans délai la défiscalisation des heures supplémentaires. Les policiers grognent et une prime de 40€ par mois leur a été accordée depuis janvier dernier. Les élus locaux protestent contre la non-revalorisation des bases de calcul de leur compensation à la taxe d’habitation et le Parlement rétablit sans tarder l’indexation requise. Les avocats descendent dans la rue pour garder la maîtrise de leurs retraites et le dispositif législatif envisagé est aussitôt retiré. Les personnels hospitaliers se mettent en grève larvée et un plan jugé impossible peu avant est proposé pour sauver l’hôpital… Ces diverses protestations n’étaient d’ailleurs pas toutes injustifiées, loin de là. Mais les réponses n’ont pas été appropriées et le mécontentement s’amplifie, pour durer peut-être à partir du 5 décembre.

Monsieur Macron est décidément très loin du terrain malgré ses gesticulations régulières dans de grands débats mis en scène sans vergogne. C’est sa politique qui allume les feux qu’il cherche ensuite à éteindre à grands frais. Le bouquet final de cette incompréhension est la réforme des retraites qui réunit contre elle toutes les colères parce que, pour traiter un vrai problème de justice, elle apporte des solutions boiteuses et défaillantes au mieux, plus injustes encore au pire. Plutôt que d’insuffler de la capitalisation dans le système pour le pérenniser, cette réforme universalise les régimes par répartition, dont on sait qu’ils iront vers un déséquilibre croissant inéluctable, en pillant les réserves des régimes complémentaires et indépendants pour faire face aux besoins immédiats sans répondre aux exigences du long terme. Plus gravement, elle ne règle pas la difficulté du financement des régimes publics auxquels l’Etat verse chaque année une contribution considérable, soit près de 50 Md€ pour le régime de retraite des fonctionnaires et 6,2 Md€ pour les régimes spéciaux. Dans son dernier rapport du 21 novembre 2019, le COR précise qu’en 2019, le taux de contribution des employeurs de fonctionnaires de l’État pour leurs pensions de retraite est de 74,28 % pour les civils et 126,07 % pour les militaires ; il est de 30,65 % à la CNRACL (collectivités locales) contre 16,46 % à la CNAV et l’AGIRC-ARRCO pour un salarié du secteur privé sous le plafond de la Sécurité sociale. Les salariés du secteur privé cotisent donc pour leur retraites à un taux global de l’ordre de 28%, déjà très élevé par rapport aux cotisations versées dans les autres pays, mais en sus ils payent par leurs impôts et autres taxes une très large partie de la retraite des fonctionnaires. Or le projet de réforme Delevoye ne modifie en rien cet état d’injustice chronique. Pire, tout en soutenant que désormais tous les retraités seront traités de la même manière, il envisage que le nouveau système dit « universel » bénéficie à l’avenir d’un concours de l’Etat égal à celui d’aujourd’hui, ce qui signifie qu’il prévoit de maintenir aux fonctionnaires des retraites privilégiées financées grâce à cet abondement exceptionnellement élevé. Et en plus, néanmoins, le COR prévoit que malgré ce sur-financement étatique, le système des retraites supporterait un déficit de 2 à 8% selon des scénarios variés mais optimistes, ce qui sera insoutenable. D’autant qu’il faudra en sus continuer vraisemblablement à financer des régimes spéciaux qui ne sont pas près de disparaître. La réforme apparait donc aussi injuste qu’irréaliste et a sans doute peu de chance d’aboutir.

L’erreur majeure de M Macron et son gouvernement a été de penser que la centralisation des politiques résoudrait les problèmes comme une potion magique. C’est l’inverse qui est vrai. Il faut rendre leur liberté aux citoyens pour gérer leurs affaires, leurs assurances sociales, leur emploi, l’école de leurs enfants… Les retraites françaises coûtent cher aux assurés pour leur donner une pension plus faible que dans beaucoup d’autre pays qui ont déjà opté pour la capitalisation. En France, l’école et l’université privées sont moins coûteuses que les mêmes établissements du public… Il y a donc de grandes marges de gain de pouvoir d’achat pour les foyers qui opteraient, s’ils le pouvaient, pour des dépenses autres que celles que l’Etat leur impose et en obtiendraient en sus un meilleur service. Plutôt que de recentraliser la France, il faut la libérer de son carcan jacobin et permettre à tous ceux qui le souhaitent de retrouver la maîtrise de leur vie en même temps que plus d’aisance.

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6 commentaires

Claude Courty 26 novembre 2019 - 10:34

Le prix de la candeur
Le candidat puis le Président Macron ainsi que tous ceux qui l'écoutent, ont surtout fait preuve d'une candeur aussi naïve que coupable, en pensant que l'idée de démocratie supposait encore qu'une fois prononcé le verdict des urnes, chacun laisserait le pouvoir agir en attendant la prochaine consultation pour le congédier ou le reconduire.
C'était compter sans la frustration de tous ceux qu'atteignent les réformes dans leurs petits privilèges et une opposition dont la démocratie n'est pas le premier souci.

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Christ... 26 novembre 2019 - 11:47

Ce que beaucoup n'ont encore pas compris….Macron….et toute sa clique ont tout perdu d'avance ….
Leur arrogance, leur mépris , leur morgue, leur suffisance ….On n'arrive plus à le leur pardonner….
MACRON aurait pu être un bon Président…..Sa réforme des retraites, pourquoi pas ?…Mais Non on n'arrive plus à effacer cette suffisance et ce "m'as- tu vu "…..IMPOSSIBLE

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Michèle Pasquier 26 novembre 2019 - 4:02

GSG sur les retraites
Dire que les retraités touchant moins de 2000 euros sont dispensés de CSG est faux. Avant 2019 je touchais 821 euros de retraite. Depuis janvier 2019 je touche 788 euros car une GSG m'est décomptée ce qui n'était pas le cas avant. Je vous fournis une copie de la lettre de la CNAV quand vous voulez.

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Patrice Teisserenc 26 novembre 2019 - 4:05

Macron pyromane : catastrophe en vue !
90% de ma retraite payée par des caisses privées (agirc-arrco, + deux autres) 10% par la CNAV.
Métier : ingénieur dans l’exploration pétrolière, 26 ans en expatriation.
Qu’aurais-je après la réforme ? Inquiétude.
Et le tout géré par l’Etat, panique !

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Jidé 28 novembre 2019 - 1:10

augmentation CSG
Dommage de faire une erreur aussi classique en confondant points et % . En effet la CSG a augmenté de 1.27 point et pas de 1.27% !En pourcentage (de mémoire) la CSG étant passée de 6.6 à 8.3 % elle a augmenté de 25.7 %. Dommage car cette erreur affaibli l'argument et induit le lecteur en erreur.

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Astérix 2 décembre 2019 - 9:41

L'entreprise de démolition de la France !
Nos génies sont en séminaire (haut comité à la réflexion intensive (H.C.R.I pour les technocrates..!) car ils tentent d'analyser la grève du 5 décembre… !
Ces crétins, y compris les députés "en marche", n'ont toujours pas compris que nous ne pouvions plus les supporter.
Leur incommensurable incompétence, leur degré de bêtise crasse est hallucinante.
Et en plus, Ils considèrent les Français comme des gueux.
Alors les Français, on réagit ou on se laisse piétiner ??!

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