Dans la loi de finances 2018, à la mission intitulée « Travail et emploi », 15,4 Mds euros de crédit de paiements sont ouverts pour favoriser « l’accès et le retour à l’emploi ». Cette mission nécessite plus de 621 millions d’euros en dépenses de personnel et plus de 1 659 millions d’euros en dépenses de fonctionnement.
Les indemnités versées par Pôle Emploi s’élèvent à 33,2 Mds euros en 2016. Ce sont autant de sommes prélevées sur les salaires pour couvrir cette assurance obligatoire et monopolistique. L’Unedic qui collecte les cotisations affiche un déficit de 4,3 Mds € en 2016 et une dette de 30 Mds €. Pour autant, le taux de chômage en France reste constamment supérieur à celui de ses voisins comparables.
Comment de tels montants peuvent-ils être si inefficacement dépensés, sans remise en question des politiques et structures existantes ? Certes l’Etat a lancé une réforme de la formation – minime – et il durcit les règles des utilisateurs de Pôle Emploi. Mais ces réglages paramétriques suffiront-ils à réduire le chômage à un taux frictionnel, incompressible, c’est-à-dire correspondant aux mouvements naturels entre deux emplois ?
Pôle Emploi
Principale arme de la « lutte » contre le chômage, Pôle Emploi est dans l’incapacité d’améliorer la situation si l’on en croit les chiffres. Issu du regroupement des Assedic et de l’ANPE voulu par Nicolas Sarkozy, il exerce deux fonctions :
• Facilitateur d’embauche, métier qu’il exerce en concurrence avec de très nombreux autres acteurs.
• Gestionnaire de la distribution des indemnités de chômage.
Pour ce faire, cette administration est dotée de 1040 agences et emploie 54 000 personnes. Le budget est assuré à 64% par l’Unedic, le reste étant à la charge de l’Etat au titre de « subvention pour charges de service public », soit 5,12 Mds euros en 2016. Alors que l’Etat entend durcir les règles d’attribution des indemnités chômage, il est opportun de s’interroger sur les coûts de ce service ; d’examiner les options envisageables pour réduire ces coûts, inutiles si l’on en croit le chômage important. Est-il utile de consacrer 5 Mds € pour distribuer 33 Mds € d’indemnités ? Les autres missions confiées à Pôle Emploi justifient-elles une telle allocation ?
1ère option, faire de Pôle Emploi un acteur comme un autre du marché du travail
Les missions assignées à Pôle Emploi sont les suivantes : propositions d’emploi, de formation, aide à l’embauche des entreprises, études de marché. Lesquelles de ces tâches pourraient-elles être effectuées par des acteurs privés, agences d’intérim ou cabinet de recrutement ? Pour lesquelles est-ce déjà le cas? Depuis 2005, les propositions d’emploi ne doivent plus être obligatoirement transmis à Pôle Emploi.
Selon une étude réalisée par l’Ifop pour Pôle Emploi, 88% des demandeurs d’emploi utilisaient internet pour leur recherche. Le site Pôle emploi était signalé comme le plus consulté, mais comme il est obligatoire de s’y connecter au moins une fois par mois, il jouit d’une position privilégiée. Dans le détail, l’étude précisait que moins de 10% des chercheurs d’emploi considéraient Pôle emploi comme le moyen le plus efficace ; il était classé 5ème derrière agences d’intérim et sites spécialisés. Enfin, concernant les moyens ayant effectivement permis de trouver un emploi, une enquête CSA-COE montrait que 13% des salariés avaient retrouvé un emploi via le site internet de Pôle emploi alors qu’ils auraient été 57% à l’utiliser ( à cause de la connexion mensuelleobligatoire pour toucher les indemnités).
Rapporté à sa place dominante imposée, Pôle Emploi est donc inefficace et horriblement couteux ! Il est urgent de le mettre en concurrence avec les sites de recrutement, les réseaux sociaux et les cabinets de recrutement, comme un acteur parmi d’autres de la recherche d’emploi. A ce titre, il doit être privatisé, du moins pour la partie « recherche d’emploi ».
2ème option, introduire de la concurrence dans le marché de l’assurance chômage
L’autre « aile » de Pôle emploi est la gestion des indemnités au sein du système monopolistique français (ancien Assedic). Hors la partie recherche d’emploi qui peut être totalement déléguée aux structures privées déjà existantes et prépondérantes, la privatisation de l’assurance chômage peut aisément être envisagée.
L’IREF propose une allocation de base forfaitaire obligatoire, idéalement gérée par une entité privée. De meilleures garanties pourraient ensuite être prises auprès d’assureurs privés au gré des salariés. Cette solution permettrait de redresser les comptes déficitaires du chômage en économisant 6,47 Mds euros par an.
10 milliards d’économie
Des telles mesures permettraient de réaliser plus de 10 Mds € d’économie par an : 5,12 Mds euros de charges d’exploitation et 6,47 Mds euros d’indemnités. Si toute la structure de Pôle Emploi a une quelconque valeur, sa privatisation permettrait de dégager en plus une certaine somme. Dans le pire des cas, c’est-à-dire aucun repreneur, la vente des 1 442 000 de m² de locaux pourrait apporter plus d’un milliard d’euros aux prix de marché en vigueur.