La crise du Covid-19 a rendu difficile la poursuite de la réforme des retraites telle qu’elle était conçue. Emmanuel Macron va amender le projet de réforme initial que l’IREF considère comme une « grande arnaque étatiste« . C’est le moment d’annoncer une vraie réforme des retraites, en ouvrant la voie à un système qui pérenniserait le redémarrage de l’économie. A savoir, la mise en place d’une véritable retraite par capitalisation. Lire dans Les Echos (17 juin)
Retraites
On connaît la prédilection de M. François de Closets pour les réquisitoires et notamment pour dénoncer les abus du « toujours plus », dont il a fait en quelque sorte sa marque de fabrique. Mais dans sa tribune sur « la génération prédatrice du toujours plus » (Le Monde du 30 mai 2020), il s’en prend véhémentement aux 150 signataires souvent éminents d’un « Manifeste pour la révolution de la longévité » (ces personnalités avaient eu le tort insigne, en se penchant sur le sort des anciens, de prôner davantage d’attention et de sollicitude à leur égard), ainsi qu’à sa propre génération.
Les retraités ont vraiment de la chance : plus de 30 000 morts dus à la pandémie !
Il est actuellement de bon ton à gauche et même plus largement dans les rangs d’une partie du Parlement d’affirmer haut et fort que, face à la pandémie, les retraités s’en sortent bien, puisque à l’inverse de nombreux salariés qui ont perdu et qui vont continuer à perdre dans le chômage partiel une partie de leur salaire, ils ont, eux, réussi à conserver l’intégralité de leurs pensions. Certains vont même jusqu’à prétendre que les vieux seraient responsables des conséquences économiques désastreuses du confinement, qui n’aurait été décidé que pour les protéger. On voit bien entendu tout de suite où mène ce genre de réflexions, qui font par avance des retraités les cibles privilégiées des politiques d’austérité à venir.
En ces temps de pandémie, l’actualité médiatique est évidemment accaparée par la progression plus ou moins rapide du virus et par des discussions et des débats à perte de vue sur la pertinence des moyens mis en œuvre, alors que les scientifiques eux-mêmes étalent devant le peuple ébahi des divisions qui ne tiennent pas toutes à l’art médical. Or il s’agit, dans un premier temps, de maîtriser l’expansion de cette pandémie qui n’est plus la « grippette » annoncée, avant de parvenir à faire changer de camp le confinement en l’appliquant de plus en plus au virus et de moins en moins à la population. Pourtant la Terre continue à tourner et, même si trop de retraités tant en EHPAD qu’à l’hôpital ou en ville ont déjà payé et continuent à payer un tribut extrêmement lourd à la pandémie, ceux qui ont eu la chance d’échapper au mal ou d’en guérir auront peut-être porté attention à de récentes annonces officielles. Elles ont laissé dans un premier temps entrevoir une suspension de la réforme des retraites en cours, avant dans un second temps de ne plus exclure sous condition son abandon pur et simple.
Le 49.3 ? Oui, pour une vraie réforme, pas pour étatiser les retraites et faire payer le privé !
Jean-Paul Delevoye et Agnès Buzyn avaient quitté le navire. Le premier, contraint et forcé après les révélations sur ses différentes fonctions et missions qu’il avait tenues cachées ; la seconde après avoir été désignée en catastrophe candidate à la mairie de Paris. Les 40 000 amendements déposés à l’Assemblée ont contribué à la cacophonie ambiante, empêchant un vrai débat sur cette réforme. Finalement, le Premier ministre va utiliser l’article 49.3 pour faire passer le texte. Ce n’est pas une surprise (il y a eu 88 précédents sous la Ve République) mais on aurait préféré qu’il serve pour une vraie réforme, qui aurait changé radicalement le système français tout en le sauvant de la faillite. Or, ce que fait le gouvernement n’améliorera nullement la situation. Les derniers changements et autres promesses ajoutent encore à l’opacité d’un texte qui était déjà bâclé.
Les rapports entre les actifs et les retraités sont actuellement à la fois tendus et malsains. En gros, les actifs reprochent aux retraités d’accaparer une part trop grande du PIB, notamment par rapport à des nations qui ont le plus souvent choisi à la fois des taux et des montants très inférieurs pour leurs cotisations-vieillesse et leurs pensions (ce qui chez nous, ne conviendrait probablement pas à tout le monde !). Inversement, il semble qu’un nombre important d’actifs n’aient pas encore réalisé qu’un jour ou l’autre, ils deviendront retraités et qu’ils risquent alors de payer fort cher tous les coups de canif sociaux et fiscaux qui sont aujourd’hui portés à la solidarité intergénérationnelle. Or il y a un autre fait qui échappe manifestement à la plupart des actifs : eux-mêmes n’ont jamais que l’expérience de leur carrière, alors que les retraités ajoutent à leur longue expérience d’actifs, celle irremplaçable de la retraite et le moins qu’on puisse dire est qu’avec cet « effet de parallaxe », les perspectives des uns et des autres sont radicalement différentes.
Alors que le Gouvernement est strictement incapable à ce jour de poser l’équilibre financier général de la réforme, qu’il en a d’ailleurs repoussé plusieurs éléments à l’issue d’une conférence incertaine et qu’il n’a guère daigné fournir les autres, comment peut-il donc déjà publier une volée de simulations individuelles qui, bien entendu, soulignent largement les avantages de la réforme, alors que les valeurs définitives et significatives du point de retraite ne sont toujours pas connues ? En effet on n’a pas besoin de s’acharner, à grands renforts de calcul :
Cette grève aurait pu être l’occasion idéale. Non pas pour la réforme des retraites, qui n’en est pas une, mais pour celle de la réforme des syndicats français. Emmanuel Macron aurait pu profiter du blocage des transports, de la lassitude des Français et de l’urgence du changement pour casser le système syndical à la française.
Pour dissimuler le fait que leurs revendications en matière de retraite visaient essentiellement à préserver les privilèges des fonctionnaires et autres régimes spéciaux, les syndicats grévistes ont battu le pavé en conspuant les fonds de pension et les cadres qui allaient profiter de la réforme. Leur raisonnement est que le plafond de cotisation étant abaissé d’environ 320 000€ (8 fois le plafond de SS) à environ 120 000€, les cadres supérieurs seraient dispensés de cotisation sur la partie supérieure de leur salaire et pourraient cotiser auprès de fonds de pension pour s’enrichir aux dépens des autres salariés.
Entretien avec Eric Lemaire, patron, entrepreneur, business angel et membre de La Société Civile. Ses sociétés sont basées en banlieue parisienne et sont particulièrement touchées par les grèves. Voici un patron inquiet pour ses entreprises et les emplois qu’il a créés mais aussi pour la France qu’il trouve bien partie pour la faillite économique, à moins de vraies réformes.