Pourquoi faut-il que nos retraites complémentaires (celles du privé) soient confiées à des syndicalistes et à des gens qui ont fait leur carrière dans le public et qui ne sont nullement concernés par la retraite complémentaire Agirc-Arrco ? Mettons nos retraites dans des fonds de pension pour le sauver. Comme dans beaucoup d’autres pays.
Retraites
Les actifs des fonds de pension : 22 Mds de dollars en France sur un total mondial de 32 000 Mds !
Pendant que le brouillard devient de plus en plus épais autour de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron (sera-t-elle faite ? sous quelle forme ?), la capitalisation et les fonds de pension continuent leur développement dans plusieurs pays. Mais pas en France. Selon le dernier rapport de l’OCDE, les actifs des fonds de pension ont atteint en 2019 environ 32 000 milliards de dollars dans le monde. Les États-Unis affichaient le plus grand montant fin 2019 (18 800 Mds dollars), suivis par le Royaume-Uni (3 600 Mds dollars), l’Australie (1 800 Mds), les Pays-Bas (1 700 Mds), le Canada (1 500 Mds), le Japon (1 400 Mds) et la Suisse (1 000 Mds).
Dans une chronique d’Alternatives Economiques du 14 aout 2020, Denis Clerc ironise sur la proposition que je faisais moi-même dans une chronique des Echos le 17 juin dernier de tirer un trait sur la réforme contestée des retraites pour adopter le système par capitalisation des Pays-Bas et du Danemark qui accordent aux salariés des pensions très supérieures aux retraites françaises avec des cotisations moindres. C’est trop beau pour être vrai, écrit le fondateur d’Alternatives Economiques : « Ces chiffres me paraissaient tellement surprenants – comment peut-on avoir beaucoup plus en payant nettement moins ? – que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait, au mieux, d’une erreur de calcul, au pire d’une arnaque classique pour attraper les gogos ». Ce n’est pas possible, dit-il, car dans les systèmes de capitalisation, les capitalistes et gestionnaires des fonds se gavent au détriment des retraités. D’ailleurs ajoute-t-il, au premier semestre 2020, l’indice des cours de Bourse à Paris a plongé de 17 %, ce qui montre le danger de la capitalisation.
Bien sûr les gauchistes de tout poil refusent l’idée que la capitalisation – ce mot vulgaire ! – puisse être bien meilleure que la répartition collectiviste. Et pourtant !
Nous avons récemment instruit nos lecteurs du peu de bien que nous pensions du pitoyable article de François de Closets paru dans le Monde du 30 mai dernier “La génération prédatrice du toujours plus”. Dans le Figaro du 31 juillet, cette fois, Monsieur Hakim El Karoui, spécialiste reconnu de l’Islam, reprend une nouvelle fois sa croisade contre les retraités, qu’il avait entamée voici quatre ans chez Flammarion sous le titre “La lutte des âges: comment les retraités ont pris le pouvoir”. Il pousse cette fois-ci une nouvelle diatribe contre les retraités, qui font décidément partie de ses cibles préférées. Son titre un rien racoleur “Les retraités doivent participer à l’effort de guerre sanitaire” ne laisse aucun doute quant à la pensée de l’auteur, qu’on dit proche du Président Macron. Comme, il n’est pas dans nos habitudes – même en plein mois d’août- de laisser passer sans réagir les avanies qu’on déverse régulièrement sur le dos des retraités, nous avons décidé de prendre la plume une nouvelle fois pour remettre les choses en ordre vis-à-vis d’un fringant quadragénaire qui n’a assurément pas été encore confronté à un certain nombre de réalités, ni aux dures contraintes de l’âge. Nous rappellerons d’abord et en première partie les propositions de Monsieur El Karoui (I) avant de livrer dans une seconde partie (II) les objections qu’elles nous inspirent.
Il y eut d’abord en janvier 2020 l’apparition officielle du virus en Chine, à laquelle et malgré la présence de notre consulat à Wuhan, personne ou presque ne daigna chez nous vraiment porter attention, moquant même ceux qui se risquaient à y voir autre chose qu’une grippe exotique, passagère et bénigne. Ensuite vint la menace, le virus se propageant de manière alarmante, et même avec tous les freins et les retards que la Chine mit à en convenir, on commença à la prendre au sérieux. Puis éclata enfin la pandémie tardivement déclarée par l’OMS, avant que ne se dessine peu à peu inégalement la propagation à tous les continents, alors que les recherches entreprises sur le patient zéro en détectent l’origine de plus en plus tôt, dès novembre 2019, voire bien avant.
Emmanuel Macron va amender le projet de réforme initial que l’IREF considère comme une “grande arnaque étatiste“. C’est le moment d’annoncer une vraie réforme des retraites basée sur l’épargne et la capitalisation. Pour donner la liberté aux Français, les responsabiliser et aussi pour dynamiser l’économie.
Après le Covid, réformons autrement les retraites
La crise du Covid-19 a rendu difficile la poursuite de la réforme des retraites telle qu’elle était conçue. Emmanuel Macron va amender le projet de réforme initial que l’IREF considère comme une “grande arnaque étatiste“. C’est le moment d’annoncer une vraie réforme des retraites, en ouvrant la voie à un système qui pérenniserait le redémarrage de l’économie. A savoir, la mise en place d’une véritable retraite par capitalisation. Lire dans Les Echos (17 juin)
On connaît la prédilection de M. François de Closets pour les réquisitoires et notamment pour dénoncer les abus du “toujours plus”, dont il a fait en quelque sorte sa marque de fabrique. Mais dans sa tribune sur “la génération prédatrice du toujours plus” (Le Monde du 30 mai 2020), il s’en prend véhémentement aux 150 signataires souvent éminents d’un “Manifeste pour la révolution de la longévité ” (ces personnalités avaient eu le tort insigne, en se penchant sur le sort des anciens, de prôner davantage d’attention et de sollicitude à leur égard), ainsi qu’à sa propre génération.
Les retraités ont vraiment de la chance : plus de 30 000 morts dus à la pandémie !
Il est actuellement de bon ton à gauche et même plus largement dans les rangs d’une partie du Parlement d’affirmer haut et fort que, face à la pandémie, les retraités s’en sortent bien, puisque à l’inverse de nombreux salariés qui ont perdu et qui vont continuer à perdre dans le chômage partiel une partie de leur salaire, ils ont, eux, réussi à conserver l’intégralité de leurs pensions. Certains vont même jusqu’à prétendre que les vieux seraient responsables des conséquences économiques désastreuses du confinement, qui n’aurait été décidé que pour les protéger. On voit bien entendu tout de suite où mène ce genre de réflexions, qui font par avance des retraités les cibles privilégiées des politiques d’austérité à venir.
En ces temps de pandémie, l’actualité médiatique est évidemment accaparée par la progression plus ou moins rapide du virus et par des discussions et des débats à perte de vue sur la pertinence des moyens mis en œuvre, alors que les scientifiques eux-mêmes étalent devant le peuple ébahi des divisions qui ne tiennent pas toutes à l’art médical. Or il s’agit, dans un premier temps, de maîtriser l’expansion de cette pandémie qui n’est plus la “grippette” annoncée, avant de parvenir à faire changer de camp le confinement en l’appliquant de plus en plus au virus et de moins en moins à la population. Pourtant la Terre continue à tourner et, même si trop de retraités tant en EHPAD qu’à l’hôpital ou en ville ont déjà payé et continuent à payer un tribut extrêmement lourd à la pandémie, ceux qui ont eu la chance d’échapper au mal ou d’en guérir auront peut-être porté attention à de récentes annonces officielles. Elles ont laissé dans un premier temps entrevoir une suspension de la réforme des retraites en cours, avant dans un second temps de ne plus exclure sous condition son abandon pur et simple.