Le 2 février 2025, Libération publiait un article intitulé « Ce n’est pas bien, mais ça permet de mieux manger : face à la précarité, des étudiants tentés par l’illégalité ». À travers les témoignages d’étudiants qui avouent voler dans les supermarchés, frauder les transports ou sous-louer sans l’accord de leur propriétaire, l’article dresse un tableau inquiétant de la vie étudiante en France. Il se contente d’un alignement paresseux de témoignages de jeunes qui justifient leurs vols comme une nécessité. Aucune remise en question ; seulement une suite de confessions anonymes qui banalisent le vol. Le journal Libération ne prend même pas la peine d’interroger ceux qui travaillent pour financer leurs études sans voler ni frauder. Il ne donne pas non plus la parole aux commerçants qui subissent ces actes.
On découvre ainsi Claire, 22 ans, qui « oublie » régulièrement de passer des produits en caisse pour économiser 10 à 15 euros par semaine. Elle explique également que son « privilège blanc » la protège des contrôles dans les transports. Ariane, doctorante en sciences sociales, justifie quant à elle le vol de bonnes bouteilles d’huile d’olive, de steaks de soja, de déodorants et de serviettes hygiéniques par le fait que cela lui permette d’accéder à des produits de meilleure qualité. Non boursière, Sarah, 23 ans, en master de sciences sociales, préfère voler jusqu’à 50 € de courses au supermarché plutôt que de travailler davantage à côté de ses études ou de faire l’impasse sur les sorties au cinéma.
Ces témoignages sont peut-être marginaux, mais ils illustrent le fait que, dans une société où l’État-nounou est omniprésent, la culture de la victimisation prime sur la responsabilité. Au lieu d’encourager les individus à prendre leur vie en main, on justifie des comportements délictueux au nom de la « précarité étudiante » et autres pléonasmes. Normaliser le vol ou la fraude ne revient pas seulement à mépriser ceux qui respectent les autres et travaillent dur pour s’en sortir. Cela revient également à sacrifier des principes de base – honnêteté, respect d’autrui – sur l’autel des difficultés personnelles. Il est urgent de remettre au cœur du discours collectif les valeurs comme la responsabilité individuelle, le goût de l’effort et du mérite, sans quoi nous finirons par sombrer dans un relativisme moral où tout se vaut, y compris le vol et la fraude.