Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Fouilles archéologiques : en France, l’État centralise et interdit, ailleurs, on libéralise

Fouilles archéologiques : en France, l’État centralise et interdit, ailleurs, on libéralise

par
621 vues

Dans un récent article de la Gazette Drouot, le journaliste Vincent Noce oppose d’un côté certains pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, et de l’autre la France pour ce qui concerne la conduite de fouilles archéologiques. En effet, là où le système néerlandais ou britannique encourage la société à aider les professionnels de l’archéologie dans leur travail, le système français dissuade, voire empêche la participation des amateurs. Dans notre pays, poursuit-il, « seuls les archéologues ont le droit de fouille et le recours aux détecteurs de métaux est interdit aux chasseurs de trésors ». Une interdiction qui avait justement conduit le sénateur Yves Détraigne, en novembre 2022, à demander à la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, d’assouplir la législation qui pèse sur les utilisateurs de détecteurs de métaux (UDM), de manière qu’ils puissent collaborer avec les archéologues de métier. En France, l’utilisation de détecteurs de métaux à des fins de recherche en archéologie est en effet soumise à l’obtention d’une autorisation préfectorale. Selon le code du patrimoine, la demande d’autorisation doit préciser « l’identité, les compétences et l’expérience de son auteur ainsi que la localisation, l’objectif scientifique et la durée des prospections à entreprendre ».

On estime qu’il existe aujourd’hui en France quelque 100 000 UDM qu’Yves Détraigne décrits comme « de simples passionnés qui désirent mener des recherches superficielles dans des zones où aucun travail d’investigation ne serait mené s’il devait être rémunéré, notamment dans des champs labourés ». Et le sénateur de rappeler que les UDM sont perçus comme « de véritables collaborateurs des archéologues » chez certains de nos voisins européens comme le Danemark, la Finlande, la Norvège ou le Royaume-Uni. Les résultats parlent d’eux-mêmes : près de 46 000 découvertes archéologiques, dont un millier de trésors, ont été attribuées aux UDM pour l’année 2021 en Angleterre et au Pays de Galles. L’approche anglaise du problème des fouilles archéologiques s’avère être beaucoup plus pragmatique, beaucoup moins centralisée et bureaucratisée que l’approche française. Comme l’article de la Gazette Drouot le souligne, le British Museum encadre depuis 1997 la relation avec les archéologues amateurs. C’est justement l’un d’entre eux qui a découvert grâce à son détecteur de métal un pendentif en or lié à Henry VIII et Catherine d’Aragon, bijou que le British Museum a montré pour la première fois en février 2023. Pourquoi la France ne s’inspirerait-elle pas du système britannique, en assouplissant la législation sur l’utilisation des détecteurs de métaux à des fins de recherche archéologique et en confiant par exemple au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye la responsabilité d’encadrer les relations avec les amateurs ? On peut imaginer qu’une véritable chasse aux trésors adviendrait alors en France, comparable à celle qui existe déjà outre-Manche.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Laissez un commentaire

3 commentaires

pierre-georges thomas 15 avril 2023 - 6:19

idée intéressante mais impossible à mettre en place en France car chez nous ce qui compte c’est le diplôme! on peut être un parfait crétin diplômé donc être autorisé et décideur ou être un autodidacte donc un incapable, en tout chez nous règne le mépris de classe te de caste rappelons nous le petit ouvrier qu’était Beregovoy ou le mecanicien de Loudun qu’était Monory…
Bien entendu comme toute loi chez nous elle est fait pour ne s’appliquer que rarement de toutes façons il n’y aurait pas assez de contrôleurs, et donc on voit pour qui se promene sur certains sites (Argonne par exemple beaucoup de detecteurs souvent d’ailleurs etrangers en partie (et neerlandais…) et comme en France la detection est interdite on trouve nombre d’objets en vente sur le net (et parfois dans certaines bourses aux armes notamment) et comme c’est des « amateurs » qui vendent il n’y a que peu de risques…

Répondre
JR 16 avril 2023 - 8:54

Bonjour, l’ombre des escrologues agissant en bande organisée et des néo-religieux carbo-climatiques doit planer sur notre législation. Merci. Bien à vous

Répondre
GHUS 17 avril 2023 - 9:23

Danemark, Finlande, Norvège, Royaume-Uni, que des pays où les mentalités sont bien différentes de celles des français, prompts à tricher, frauder, resquiller, encouragés depuis si longtemps par une administration inquisitrice et une fiscalité dissuasive. Je ne suis pas convaincu que si c’était un français qui avait découvert le pendentif en or lié à Henri VIII et Catherine d’Aragon, il serait allé le présenter aux « autorités ».

Répondre